Vous êtes sans doute nombreux à vous énerver, au stade ou derrière votre TV, quand vous voyez un attroupement de footballeurs autour de l'arbitre pour contester – avec souvent pas mal d'agressivité – sa décision. Cette nouvelle vous fera plaisir: l'UEFA compte durcir la vis sur ce comportement, et ce dès l'Euro cet été.
Concrètement, seuls les capitaines pourront venir discuter avec les directeurs de jeu de leurs décisions. L'instance du foot européen l'a fait savoir ce mardi, via un communiqué de son sous-directeur Arbitrage, Roberto Rosetti. «Tout joueur qui ignorera le rôle de son capitaine et/ou qui s’approchera de l’arbitre en manifestant un manque de respect ou une contestation sera averti», prévient-il. L'objectif derrière cette mesure? Garantir la sécurité de l'arbitre, bien sûr, mais surtout permettre une discussion posée et constructive entre les acteurs.
Ludovic Gremaud, ex-arbitre fribourgeois de Super League, applaudit l'initiative de l'UEFA.
Cette directive peut-elle vraiment être appliquée?
LUDOVIC GREMAUD: En fait, la règle est déjà inscrite dans le règlement, il n'y a rien de nouveau. Il s'agit juste d'une piqûre de rappel, histoire de resserrer la vis. Ce n'est pas un hasard si ce communiqué arrive maintenant: les dirigeants de l'UEFA ont dû arriver à la conclusion qu'il y avait eu trop d'abus récemment. Les instances profitent régulièrement des grandes compétitions pour marquer le coup: cela avait été le cas avec les buteurs qui enlèvent leur maillot ou les joueurs potentiellement victimes d'une faute qui prennent le ballon avec les mains alors que l'arbitre n'a pas encore sifflé.
Dans ce dernier cas, ça n'a pas vraiment marché.
On ne peut pas vraiment dire ça. Sur six mois ou un an après le rappel, oui, ça fonctionne. Mais ensuite, d'autres directives arrivent, qui peuvent à nouveau assouplir les règles.
Vous pensez donc que cette piqûre de rappel sur les contestations peut marcher?
Oui, c'est un feeling personnel. Je pense que cette directive sera bel et bien appliquée.
En face-à-face, seul avec le capitaine, la discussion sera davantage posée et constructive.
En sanctionnant si facilement, n'y a-t-il pas le risque pour l'arbitre de perdre le fil de son match?
C'est sûr que les arbitres n'aiment pas finir un match avec 20 cartons jaunes. Mais si la directive est appliquée à la lettre lors des premiers matchs de l'Euro, les joueurs la respecteront. La phase de préparation du tournoi, qui englobe la communication entre les arbitres et les équipes, sera déterminante. Et même durant le tournoi, il y aura beaucoup d'opportunités, lors de moments informels par exemple, pour rappeler la règle.
Certains craignent que le football perde en saveur sans ces contestations, qui ont longtemps fait partie du spectacle.
Non, je ne suis pas de cet avis. En football, le spectacle, c'est le beau jeu. Les incessantes discussions entre joueurs et arbitres le ternissent plutôt. Plus vite la discussion sera réglée, et plus il y aura de jeu.
Cette directive est avant tout faite pour sensibiliser sur la manière de communiquer, en évitant l'agressivité et la surenchère. C'est une manière de dire: «Oui, on peut discuter, mais calmement».