L'été dernier, nous avions parlé avec Sandrine Mauron, milieu de terrain de l'équipe de Suisse et désormais de Servette. Elle nous avait expliqué que pour une footballeuse, avoir ses règles n'était pas du tout facile à gérer.
Ce n'est pas le cas de toutes les équipes, même des plus grandes. Candidates au titre de «leur» Euro, les Anglaises sont apparues dans une panoplie immaculée lors de leurs trois matchs de poule. Une tenue qui a fait réagir certaines d'entre elles.
La capitaine de l'équipe de France, Wendie Renard, a apporté son soutien aux Britanniques. Les Bleues portent elles aussi un short blanc. «Effectivement, ce n’est pas évident, mais on s’adapte», a déclaré la joueuse dans des propos rapportés par So foot. «On est des joueuses de haut niveau, et malheureusement, nous avons ça (réd: les règles), ça fait partie de notre vie. Je félicite les Anglaises. S’ils peuvent faire de même pour nous, ça serait cool.»
Les Suissesses aussi jouent parfois en blanc. Cela a été le cas lors de leur premier match de l'Euro face au Portugal. Mais aucune d'entre elles n'a exprimé publiquement son mécontentement.
Les Anglaises qui l'ont fait ont interpellé Nike et leur Fédération nationale. Sans succès pour le moment. The athletic rapporte que le short ne sera pas modifié pendant le tournoi. La Fédé anglaise a fait savoir que les demandes «seront prises en considération pour les futurs modèles».
«La seconde couleur de l'Angleterre étant le rouge, on peut très bien imaginer un haut blanc avec short et chaussettes rouges sans dénaturer totalement l'ensemble», songe La dépêche. «La prise de parole des Anglaises pourrait définitivement faire tomber ce tabou et faciliter la vie des athlètes.»
Le football, en effet, n'est pas la seule discipline qui inquiète les sportives évoluant en blanc. Certaines tenniswomen engagées à Wimbledon, où le «dress code» impose des tenues immaculées, n'hésitent plus à témoigner de leur appréhension.
Le débat s'est déplacé sur le terrain de la lutte pour l'égalité homme-femme lors de la dernière édition du tournoi sur gazon. «Si Wimbledon avait une politique vestimentaire qui affectait les hommes de la même manière que les femmes, je ne pense pas que cette tradition particulière perdurerait», a estimé la journaliste Catherine Whitaker dans le Telegraph.
Début juillet, la joueuse de tennis britannique Alicia Barnett a publiquement demandé à Wimbledon une adaptation du code vestimentaire, sans effet pour le moment. Les sportives, cette année encore, doivent se débrouiller seules pour limiter les risques en cas de flux important.
L'ancienne escrimeuse valaisanne Sophie Lamon prenait elle aussi quelques précautions supplémentaires avant d'enfiler son pantalon blanc de championne.
«Si tes règles débarquent au milieu d’une compétition, ça ne pardonne pas», disait-elle au Matin dimanche en 2018. «J’ai vu plusieurs des filles tirer avec leur pantalon taché. Pour éviter l’accident, j’ai parfois mis un tampon juste à titre préventif.» Une pratique utile sur le moment mais peu recommandée: l'utilisation d'un tampon en dehors des périodes de règles peut en effet provoquer des irritations.
En football, «certaines se changent très régulièrement», ajoute l'internationale française Julie Debever dans So foot. D'autres jouent avec un shorty en plus des sous-vêtements. «Pour elles c'est devenu une habitude, ça limite les dégâts du flux menstruel et sert également quand on doit tacler.»
L'Euro se poursuit jusqu'au 31 juillet. Les Anglaises sont de plus en plus favorites. Si elles s'imposent, elles auront remporté leurs deux combats: celui du terrain et celui du vestiaire. Nike aurait déjà accepté l'idée d'une tenue colorée pour les prochaines compétitions.