Vous avez subi dimanche une défaite amère en finale du Mondial contre la Tchéquie (0-2). Comment vous sentez-vous aujourd'hui? Avez-vous déjà pu faire le point sur la situation ou est-ce encore trop tôt?
Nino Niederreiter: C'est difficile de décrire ce qu'on ressent, car nous avons une nouvelle fois manqué l'or. Ca fait encore très mal.
Ce n'est pas la première fois que vous perdez en finale. Est-ce encore plus douloureux cette année?
C'est vrai. C'est la troisième fois que je participe à la finale et à chaque fois, nous avons perdu. En 2013, personne ne croyait en nous; en 2018, nous avons perdu aux tirs au but, alors que la Suède était meilleure que nous et méritait de gagner. Cette année, on savait que l'équipe qui marquerait le premier but allait probablement gagner, et c'est ce qui s'est passé. Les Tchèques le savaient, nous le savions. Et c'est pour cela que c'est si douloureux en ce moment.
Vous avez un point de suture à l'œil. C'est à cause du match de dimanche?
Oui, j'ai reçu une canne trop près de l'œil, ça arrive de temps en temps (rires).
Vous avez pu suivre de très près l'évolution de cette équipe ces dix dernières années. Qu'est-ce qui explique que les choses se passent si bien en ce moment?
Le hockey sur glace a connu un grand développement ces dernières années, mais nous ne devons surtout pas nous reposer sur nos lauriers. Nous sommes sur la bonne voie, mais il nous reste encore beaucoup de travail. Nous l'avons vu cette fois encore: les jeunes talents, ceux qui doivent pousser derrière nous, manquent.
On parle souvent d'une «génération dorée», mais les joueurs qui la composent, et dont vous faites partie, prennent de l'âge.
Oui, c'est vrai, la plupart d'entre nous sommes là depuis un certain temps (réd: Niederreiter a 31 ans). Comme je l'ai dit, la prochaine génération doit venir, elle doit pousser. C'est à cela que la Fédération doit veiller. Un jour, nous ne serons plus là et il faudra nous remplacer. Chez les Norvégiens, il y avait deux joueurs nés en 2005. Il en manque chez nous.
Vous jouez en NHL. Qu'est-ce que cela vous fait de parler le suisse allemand avec vos coéquipiers lorsque vous êtes en équipe nationale?
C'est un sentiment incroyable. J'aimerais évidemment que mes saisons de NHL se prolongent le plus tard possible, pour avoir une chance de remporter la Coupe Stanley, mais dès que nous sommes éliminés de la course au titre, je veux jouer le plus vite possible pour la Suisse. L'ambiance du vestiaire, le fait de parler allemand, de passer du temps avec l'équipe, tout cela est incroyablement génial.
Allez-vous rester encore un peu en Suisse ou retournerez-vous immédiatement aux États-Unis?
Non, je vais plus ou moins rester jusqu'en septembre en Suisse, à Coire. Je vais bien profiter de cette période, ça me fera du bien de rester un peu chez moi.
Combien de temps faut-il pour avoir le sentiment d'avoir gagné une médaille d'argent au lieu d'avoir perdu une médaille d'or?
Pour moi, après trois finales perdues, j'ai clairement l'impression d'avoir laissé échapper l'or! (rires) Mais quand on voit les enfants qui sont venus nous accueillir à l'aéroport, tout le public qui était présent à l'aéroport de Zurich, on peut être satisfait d'avoir généré autant d'enthousiasme dans le pays pendant le tournoi. J'espère vraiment que nous pourrons bientôt ramener la coupe à la maison.