Les applications de rencontres présentent des côtés fantastiques, notamment la possibilité de rencontrer des personnes que l'on n'aurait sans doute jamais connues autrement. Mais elles ont aussi leurs failles. Aux Jeux olympiques de Paris, c'est justement ce revers de la médaille qui a poussé Grindr à empêcher de localiser ses utilisateurs dans le village olympique.
not they blocked Grindr in the Olympic Village 😭😭😭😭😭😭 pic.twitter.com/sZsC996Kaa
— Louis Pisano (@LouisPisano) July 22, 2024
Cette application, fonctionnant grâce à la géolocalisation et principalement utilisée par des hommes homosexuels et bisexuels, a communiqué ce mercredi:
La cause? Des dérives lors des deux précédentes éditions des Jeux d'été.
A Rio en 2016, le journaliste américain (hétérosexuel) Nico Hines s'était infiltré sur Grindr en se créant un faux profil, histoire de rentrer en contact avec les athlètes. L'objectif? Connaître leurs préférences et habitudes sexuelles. Il en avait ensuite fait un article publié dans le Daily Best.
Problème: même s'il ne citait aucun nom, les informations qu'il donnait permettaient d'identifier les sportifs en question. Avec des conséquences dévastatrices, comme le rappelle Konbini: certains de ces athlètes n'avaient jamais fait leur coming out ou étaient originaires de pays punissant l'homosexualité (certains Etats appliquent même la peine de mort). Irresponsable, vous avez dit?
Suite à un tollé (notamment de sportifs appartenant à la communauté LGBTQ+), cet article a été retiré et Nico Hines a présenté publiquement ses excuses sept mois plus tard.
If athletes are not out or come from a country where being LGBTQ+ is dangerous or illegal, using Grindr can put them at risk.
— Grindr (@Grindr) July 24, 2024
That’s why we disable location-based features within the Olympic Village. Read more here: https://t.co/XYiLMFi7pn https://t.co/mIJjJmd5A1
Mais le cas n'a pas servi de leçon pour tout le monde. En 2021, à Tokyo, ce sont des créateurs de contenu sur TikTok et Twitter qui balançaient des captures d'écran des profils d'athlètes (avec photos de leurs visages) croisés sur Grindr. En plus de mettre en danger – ou, en tout cas, dans une situation très inconfortable – les sportifs, ces internautes n'ont pas respecté la charte de Grindr sur la confidentialité des données.
C'est donc suite à ces abus que l'application de rencontres a décidé de mettre en place des mesures pour protéger les athlètes du village olympique à Paris. C'était d'ailleurs déjà le cas aux JO d'hiver 2022 à Pékin.
En plus de masquer les profils des résidents du village – environ 10'000 athlètes hommes et femmes confondus, qui pourront, eux, continuer à se voir réciproquement sur la plateforme – aux personnes extérieures, Grindr a notamment décidé d'empêcher les captures d'écran de leurs comptes. L'application leur enverra également quelques messages de prévention.
Toutefois, rien n'empêche les athlètes de partir en quête de leur alter ego hors du village olympique. Mais pour ça, il faudra utiliser – à leurs risques et périls – une autre application ou, comme à l'ère pré-smartphones, aller séduire (ou se faire séduire) dans des lieux publics.