LeBron James est l'un des plus grands joueurs de l'histoire de la NBA. Ceux qui oublient un peu trop vite Michael Jordan diront de lui qu'il est le GOAT. Il marche sur sa ligue depuis 20 ans et a battu de nombreux records. «King James» est une superstar internationale et représente à merveille la culture américaine. Il est également engagé en faveur de l'égalité, de la diversité et contre le racisme. Il est en ce sens un excellent porte-drapeau.
Or LeBron James ne sera pas à sa place vendredi lorsqu'il sera le premier Américain à parader sur la Seine au moment de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Sa médaille de bronze à Athènes en 2004 et ses deux breloques en or à Pékin en 2008 et Londres en 2012 n'y changent rien. Aussi fantastique que puisse être sa carrière, James n'est pas, à proprement parler, un athlète olympique.
«The Chosen One» a renoncé aux deux dernières éditions des Jeux olympiques. Il venait en 2016 d'être sacré champion NBA et tenait à faire un break suite à sa très longue saison. Il souhaitait cinq ans plus tard écouter son corps, car il avait subi à 36 ans plusieurs blessures durant l'année écoulée. Ces raisons sont concevables.
Il n'en reste pas moins que James n'a jamais véritablement été motivé par les campagnes internationales et a souvent privilégié sa carrière personnelle. Il n'a ainsi jamais remporté la Coupe du monde de basket, une compétition étroitement liée à l'olympisme puisqu'elle qualifie les meilleurs équipes pour les Jeux. Son meilleur résultat est une médaille de bronze en 2006 pour sa seule et unique participation. LeBron James a également fui à de trop nombreuses reprises le «Tournoi des Amériques», qu'il n'a gagné qu'une fois en 2007.
Impossible pour autant de lui en tenir rigueur. Il n'est pas le seul à éviter de cette manière sa sélection. La NBA importe plus que tout et le basket international compte peu aux Etats-Unis. Les Américains ne s'enflamment que lorsqu'une «Dream Team» débarque aux Jeux. Ils se disent aussi «Champions du monde» lorsque leur franchise remporte la NBA, tant pis si l'Espagne et l'Allemagne ont été les deux derniers vainqueurs de la Coupe du monde.
La nomination de LeBron ce lundi pourrait être perçue comme un coup marketing s'il n'avait pas été élu par les athlètes du Team USA. Ces derniers ont tranché, mais nous sommes en droit de regretter cette décision. Il y avait certainement mieux qu'un joueur de NBA, habitué à renoncer aux échéances internationales, pour guider à Paris la délégation qui s'adjugera sans doute le plus de médailles. Surtout que les Américains regorgent de talents en athlétisme et natation, deux disciplines résolument olympiques.
LeBron James sera donc porte-drapeau, mais il ne le mérite pas autant que Giannis Antetokounmpo, bien plus investi en sélection. Le Grec lancera fort logiquement la parade des athlètes vendredi à Paris. Pau Gasol avec l'Espagne en 2012 était aussi plus pertinent. Ce qu'il a réalisé avec la Roja est de l'ordre de l'exceptionnel. Il est revenu tous les ans ou presque durant près de 20 saisons pour mener son pays au sommet. L'Espagnol était parfaitement légitime dans le rôle de porte-drapeau.