Sport
Ski Alpin

Le héros des JOJ de Lausanne a mal vécu la pandémie

Luc Roduit a vécu des JOJ brillants, en 2020. Il se bat à présent pour courir en Coupe du monde.
Luc Roduit a vécu des moments difficiles ces dernières années, mais le Valaisan lance cette nouvelle saison le couteau entre les dents.Image: watson/Florian Kunz

Le héros des JOJ de Lausanne a souffert, mais il a encore la flamme

Luc Roduit avait brillé aux Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) de Lausanne en glanant trois médailles. Quatre ans plus tard, le Valaisan travaille fort pour faire sa place dans l'antichambre de la Coupe du monde.
04.11.2024, 18:4905.11.2024, 10:04
Plus de «Sport»

Alors que les meilleurs skieurs mondiaux ont lancé leur saison à Sölden, sur les pentes du Rettenbach, les plus jeunes s'entraînent dans l'ombre pour préparer leur prochain rendez-vous.

C'est le cas de Luc Roduit. Le natif du Val de Bagnes enchaîne les semaines d'entraînement et prépare la nouvelle saison. Car rien n'est simple, le chemin est souvent tortueux pour atteindre le haut niveau. Il se remémorer les premières difficultés pour se frayer un chemin dans les cadres de Swiss-Ski. L'athlète, de nature discrète, avoue avoir eu des difficultés en intégrant les contingents: «J'étais le seul Romand et je ne comprenais absolument rien. Mais je me suis bien adapté au Röstigraben», se marre-t-il.

L'euphorie des JOJ et la pandémie pour frein

S'adapter, c'est un peu le maître mot du Valaisan qui a vu sa frimousse diffusée sur les chaînes de télévision et dans la presse du pays. «Il y a pas mal de choses qui ont changé depuis 4 ans», lance d'emblée le Valaisan. Après sa razzia des JOJ de Lausanne (2020), le garçon souligne la «belle expérience» vécue lors des épreuves vaudoises. Il se dit surtout content d'avoir «bien géré» l'attention médiatique.

Or, quand les JOJ ont pris fin, retombé dans les courses FIS a demandé une petite adaptation. Si bien qu'après l'euphorie, Roduit a ressenti «un peu le syndrome de l’imposteur» lorsque des journalistes lui tendaient le micro.

Mais l'imposteur va prendre la forme d'un virus: le Covid-19. Il ne le sait pas encore, mais la pandémie va le freiner dans sa progression. «Je faisais une super saison à ce moment-là», souffle-t-il.

Capitalisant sur sa forme olympique, il lorgnait sur la Coupe suisse U19, où il jouait le top 3: «J'étais en forme et la pandémie est arrivée, les courses ont été annulées. J’ai fini 4e», commente-t-il.

A première vue, ce 4e rang peut paraître anodin. Sauf qu'intégrer le top 3 était synonyme d'accession au cadre C de Swiss-Ski. La sentence lors des sélections 2019/2020 tombe: il n'enfilera pas la veste de la fédération suisse de ski.

«J’étais peut-être naïf, mais je pensais que mes résultats aux JOJ allaient suffire»
Luc Roduit.

Remonté, Luc Roduit s'est alors réfugié dans le travail pour gommer cette injustice, en transpirant à la salle de force: «Quand j’ai appris que je n’étais pas sélectionné par Swiss-Ski, j’ai doublé la charge d’entraînement physique».

«Je me mettais une énorme pression après les JOJ»

Mais le spectre du surentraînement rôde; la tête en veut trop et le corps ne suit pas. De petites douleurs apparaissent, les médecins lui demandent de mesurer sa charge d'entraînement. Sur les skis aussi, l'athlète en veut trop.

«Je me mettais une énorme pression et l’année post JOJ (réd: la saison 2020/2021), je n’étais plus moi-même. Je n’arrivais plus à skier comme je voulais»
Luc Roduit.

Devenu soudain hésitant, abandonné par la confiance, il passe la saison à trainer son spleen: il lui faut un nouveau départ. Il change de matériel pour se relancer dans la nouvelle saison 2021/2022. Transformant sa déception en hargne, il réussit à accéder au cadre C de Swiss-Ski.

Mais gravir les échelons dans le ski helvétique demande du temps et une bonne dose de chance pour éviter les pépins. La saison 2022/2023, le Valaisan fait face à des maux qui le freinent à nouveau. Un parcours du combattant et des douleurs ont commencé à lui courber le dos. «On ne sait toujours pas ce que j’ai eu, mais j’ai passé 10 jours à l’hôpital. Je ressentais des douleurs à la clavicule aussi. Pendant trois mois, j’étais sous antibiotique. Ça m’a bien entamé physiquement et psychologiquement et j’ai décidé d'écourter la saison (réd: mi-mars)».

Les problèmes de santé derrière et une motivation dopée

Ces accidents de parcours ont formé le skieur et lui ont dopé sa détermination. Aujourd'hui, Luc Roduit se bat désormais pour obtenir une place dans les contingents de Coupe d'Europe. Excellent technicien, capable de briller en slalom et en géant, il travaille pour accrocher une place au sein des titulaires en slalom.

Luc Roduit.
Luc Roduit sans le casque et les lunettes.Image: Andy Sillaber

Après son baptême du feu en Coupe d'Europe, à Gstaad, il se sait dans une zone grise: «Je n’ai pas encore de place fixe en Coupe d’Europe. Je me situe entre la 10e et 13e place (réd: Swiss-Ski peut aligner 10 skieurs)».

Il s'apprête à voyager dans le nord (les premières épreuves de Coupe d'Europe sont à Levi, en Finlande, fin novembre) pour prendre part à des qualifications internes.

«On est 6, voire plus, à se battre pour une place en Coupe d’Europe. C’est frustrant»
Luc Roduit est frustré, mais loin d'être abattu.

Le Bagnard sait que s'il veut faire sa place au plus haut niveau, il lui faut performer avec régularité: «Ce qui est difficile en Suisse, c'est qu'il faut prouver à tous les niveaux et être très régulier en Coupe d’Europe si on veut avoir une chance d'être aligné en Coupe du monde».

L'année ou jamais?

L'espoir valaisan entame l'exercice 2024/2025 gonflé à bloc, avec cette idée de jouer «all in» pour passer au niveau supérieur. Et à raison, puisqu'il restait sur une fin de saison très solide. Il s'est surtout montré régulier, la formule magique pour attirer l'oeil des coachs.

Car la nouvelle saison est importante pour Luc Roduit: «Si on regarde la feuille des critères de Swiss-Ski, je dois me glisser dans le top 30 en Coupe d’Europe dans une discipline, ou appartenir aux 250 mondiaux rationnés sur deux disciplines, ou intégrer le top 80 dans une discipline».

Le Bagnard a les capacités pour se sublimer et le ski nécessaire pour régater. Il charbonne et l'assure: «J’essaie de faire du mieux que je peux pour aller le plus loin possible».

Plus d'articles sur le sport

Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Cet ancien crack de Gottéron a transformé le HC Davos
Entraîneur du HCD depuis 2023, Josh Holden est la figure clé de la renaissance des Grisons, qualifiés pour les demi-finales des play-offs.

En balayant Zoug en quart de finale (4-0), Davos a réalisé son plus grand exploit en play-off depuis sept ans et la démission d'Arno Del Curto le 27 novembre 2018.

L’article