Femmes et hommes ont affiché leurs intentions lors des deux géants d'ouverture de la saison de Coupe du monde de ski alpin, à Sölden. Une reprise qui n'a pas souri à la délégation helvétique, à la peine lorsque les leaders ne répondent pas présents.
Federica Brignone a brillé chez les femmes, devant Alice Robinson, en grande forme, et la surprise Julia Scheib. Chez les hommes, c'est un triplé norvégien: Alexander Steen Olsen a dominé le tenace Henrik Kristoffersen, alors que Atle Lie McGrath a pris place sur la troisième marche, juste devant un certain Lucas Pinheiro Braathen.
La délégation Swiss-Ski n'a quant à elle pas réussi à placer un athlète sur la boîte. Un faux départ pour les as du ski suisse.
A commencer par les femmes. Si le géant n'est de loin pas la discipline forte de l'équipe helvétique, le bilan reste très mitigé. Lara Gut-Behrami, la détentrice du grand globe n'était pas prête. Depuis trois semaines sur les plots, grippée et délestée d'une partie de sa masse musculaire, la Tessinoise avouait le moral dans les chaussettes. Le coup reçu sur son genou en stage de préparation évacué, selon ses dires, c'est surtout sa confiance qui avait pris un gros coup sur la cafetière. Elle n'était pas à 100%, comme en témoigne son forfait samedi matin, juste avant d'enfiler le dossard. Elle laissait même quelques larmes perler.
A présent, c'est du repos et des manches d'entraînement pour se refaire une santé, avant de revenir le couteau entre les dents à Killington, où un nouveau géant l'attend, le 30 novembre.
Et pendant ce temps, les Suissesses n'ont pas eu voix au chapitre. Sans la cheffe de file tessinoise, l'équipe de Suisse était décapitée, un refrain qui revient souvent dans la discipline.
Et cette fois-ci, le constat fait mal: il n'y a guère que Camille Rast qui ait montré de bonnes choses. La Valaisanne a empilé deux manches solides pour terminer 12e. De bonne augure, elle qui monte souvent en puissance plus la saison s'égrène. Surtout que le glacier du Rettenbach ne lui convient pas. C'est donc avec la banane qu'elle remballe ses housses de ski.
Michelle Gisin a elle aussi été à son avantage avant de craquer en deuxième manche. Mais le ski est là, dans une discipline qui ne lui sourit que timidement. Une grinta qui fait défaut du côté de Wendy Holdener. Après une année terriblement difficile l'an dernier (la perte de son frère et une grave blessure) son retour à la compétition a été difficile: il s'est soldé par un ski lourd et manquant cruellement de dynamisme. Il lui faudra un peu de temps pour retrouver ses sensations.
Chez les hommes, en l'absence de son dauphin de l'an dernier Loïc Meillard, qui s'est bloqué le dos à l'échauffement, Odermatt n'a pas réussi à rallier l'arrivée. Stupeur, climatisation générale dans les rangs de Swiss-Ski. Le Nidwaldien aligne une deuxième sortie de piste en géant, après celle de Saalbach lors des finales de l'an dernier.
Mais pas de crainte. Si vous prenez les intermédiaires, Odermatt était en train de danser sur le ventre de ses adversaires. Après 27 secondes de course, personne ne l'a approché à moins de 50 centièmes. Zubcic skiait en 27''68, alors que le Suisse coupait la cellule en 27''13. Steen Olsen passait à son tour en 27''84. A force d'analyser, juste avant son erreur fatale, Odi comptait...une seconde d'avance sur ses rivaux.
Concernant Gino Caviezel, annoncé très en forme après la préparation estivale et heureux d'avoir signer chez la marque Atomic, il s'est rendu coupable de plusieurs fautes pour chatouiller le trio norvégien. 9e à l'addition des deux manches, ce top 10 n'est qu'un petit lot de consolation pour un skieur qui a le niveau pour jouer les podiums sur chaque géant. Or, ses multiples imprécisions lui entravent sa marche en avant.
Même constat pour Thomas Tumler, excellent 4e de la première manche, qui a craqué en deuxième manche. Même s'il a souffert sur le second run, le skieur de Samnaun a fait montre d'un très bon ski (comme toujours) et semble armé pour briller cette année.
Le seul qui peut afficher un sourire, c'est Justin Murisier. Le Bagnard a démontré qu'il avait le niveau pour régater (encore) en géant, lui qui a mis l'accent sur la vitesse. Les réglages effectués cet été semblent aller dans le bon sens.
Mais si il n'y a de loin pas péril en la demeure helvétique, la sortie d'Odi, l'absence de Loïc Meillard ainsi que celle de Lara Gut-Behrami, sans ses cadres, l'équipe nationale a toussoté. Le résultat d'ensemble est décevant, surtout lorsque notre regard se tourne vers une relève qui peine à pointer le bout de son nez. Mais patience, ce n'est que la première épreuve de la saison.