Il n'y a pas que la descente à Kitzbühel, le slalom mérite aussi sa légende dans la station autrichienne, sans conteste. Le rendez-vous des rois du virage court (prévu dimanche) est désormais incontournable dans le calendrier de la Coupe du monde masculine.
Pour avoir sa griffe sur la cabine promise au vainqueur, il faut charbonner et composer avec cette piste si particulière, qui fait souvent de gros dégâts dès les premières portes. Il faut avoir de l'expérience pour la dompter.
La légende veut qu'à chaque fois, la piste soit un tapis de glace, digne d'une piste de bobsleigh. «A Kitzbühel, c'est toujours de la vitre (réd: de la glace vive)», renseigne Marc Rochat, qui n'est pas un adepte de ce genre de condition (très) glacée. Malgré ça, le Vaudois a réussi à se glisser au 10e rang l'an dernier.
Daniel Yule, double vainqueur (2020 et 2023), nous disait avant de lancer la nouvelle saison:
Mais le matériel ne fait pas gagner n'importe qui, il y a également les aptitudes techniques et physiques pour avaler les changements de rythme, les combinaisons piégeuses.
Julien Vuignier, l'entraîneur des slalomeurs suisses, reprend l'exemple de Yule: «Daniel va vite là-bas, parce que la piste penche à gauche. C'est-à-dire que beaucoup de virages en dévers sont sur le pied gauche, son pied fort, et son pied droit, qui est plus faible, lui permet d'accélérer».
Pour tous les skieurs, toutes les courbes sur le pied gauche doivent être tirées un poil plus long, alors que le pied droit doit être court pour enchaîner et gagner sa bataille face au chronomètre.
Toujours selon l'entraîneur valaisan, d'autres éléments entrent en jeu, comme cette préparation minutieuse de la neige. Les organisateurs sont au point pour proposer d'excellentes conditions. «Lundi, on a reçu des photos et la piste était déjà prête», rapporte Vuignier.
Une information qui a son importance, puisque les organisateurs de courses Coupe du monde, généralement, commencent les préparatifs de la piste d'un slalom bien plus tard. «Normalement, la préparation commence le mercredi pour la course du dimanche», souffle Julien Vuignier.
Et ce timing, parfois, cause des problèmes: la base de la neige n'a pas le temps de geler correctement et de créer une couche de glace conséquente.
Le coach de Swiss-Ski explique:
L'année passée, le revêtement était très glacé, lisse, avec des passages qui manquaient de grip. Mais dès que l'athlète appuyait, le ski prenait. «Il fallait trouver un équilibre dans l'intensité de chaque virage», renseigne Julien Vuignier. Une difficile équation qui a envoyé de nombreux coureurs au tapis. Lors de la première manche l'an passé, 32 concurrents n'ont pas franchi la ligne.
C'est là qu'intervient la valse aux réglages. Le slalom de Kitzbühel est une question de carres. «Soit tu mets trop de carres et tu enlèves de la pression, soit tu en mets moins et tu charges plus. Daniel, par exemple, met beaucoup de carres, il met un appui très court et il relâche. Tandis que Loïc (réd: Meillard), lui, recherche plus la taille du ski. Parfois ça prend, parfois ça ne prend pas», précise Julien Vuignier.
De son côté, Luca Aerni n'a jamais trouvé la bonne mixture à Kitzbühel. «On ressent tous différemment cette piste», informe-t-il, qui décrit une glace qui a souvent «peu d'accroche», comme l'an dernier.
Le slalomeur valaisan développe:
Entre les mouvements de terrain, ces portes en dévers, le revêtement piégeux, Kitzbühel est-il le slalom le plus difficile? «Non, c'est Wengen», coupe Julien Vuignier. Le coach originaire d'Evolène cite les caractéristiques du parcours bernois, entre ces petites bosses, ces ruptures de pente. «Tu ne peux jamais lâcher à fond, tu dois toujours être intelligent avec les mouvements de terrain», tranche-t-il.