200 000 tickets avaient déjà été vendus avant le lancement des Championnats du monde de ski nordique, organisés cet hiver à Trondheim en Norvège. Un chiffre qui a dû encore fortement augmenter, grâce aux billets commercialisés durant la quinzaine. De là à doubler? Nous n'en serons pas si loin au moment de tirer le bilan.
Il n'y a rien de surprenant à cela. Si certains en Norvège regrettent que le nordique soit en perte de vitesse, le pays reste une très grande nation de ski de fond, combiné nordique et saut à ski. Tout le monde s'attendait donc à un immense succès populaire, surtout que les compétitions ont été disputées à proximité immédiate d'une ville de plus de 200 000 habitants.
Cela s'est confirmé lors des premières épreuves de distance en ski de fond, à savoir les skiathlons, organisés le week-end dernier dans des conditions presque parfaites. Plus de 40 000 personnes ont assisté à la course masculine. Elles étaient réparties entre le stade d'arrivée – «un mur» selon différents observateurs – et la piste de Granåsen, le long de la laquelle se tenaient des hordes de supporters.
L'engouement s'est poursuivi en semaine, même lorsque la météo a été mauvaise, et qu'il neigeait à foison comme lors du 10 kilomètres. Mais le véritable feu d'artifice a eu lieu ce samedi, à l'occasion du mythique 50 kilomètres, où l'on pouvait apercevoir des spectateurs jusqu'en sous-bois. Cependant, si la foule a répondu présente pour le ski de fond, les épreuves de combiné nordique, ainsi que les cérémonies protocolaires en ville, on ne peut pas en dire autant pour le saut à ski.
Le tremplin de Granåsen, capable d'accueillir 18 000 personnes, a peiné à se remplir, aussi bien pour les compétitions masculines que féminines. Si la situation s'est améliorée à mesure que nous avancions dans la quinzaine (la compétition sur grand tremplin samedi était proche de faire le plein), les sièges vides ont été largement perceptibles et l'organisation a déçu à ce niveau-là.
Mais pourquoi le public local a-t-il boudé à ce point le saut à ski? Il est vrai que les Norvégiens ne dominent pas la discipline comme ils survolent le fond et le combiné nordique. Or durant ces Mondiaux, le pays hôte a été à la fête dans les airs. Marius Lindvik a été titré chez les hommes sur le petit tremplin et les «Norge» ont remporté les épreuves par équipes mixtes et féminines. D'autres médailles ont également été décrochées.
Si l'excuse de la météo a parfois été avancée, la programmation explique en partie ce four inattendu concernant le saut à ski. Les compétitions ont été organisées en fin de journée et le public, présent sur place depuis le grand matin, afin d'assister aux épreuves de fond et combiné, rentrait chez lui à la nuit tombée après une longue journée en extérieur.
La situation s'explique aussi par le recul du saut à ski en Norvège. Moins pratiqué, moins bien retransmis, moins suivi, et désormais plus complexe à comprendre en raison des compensations, il produit moins de stars et commence à mourir peu à peu. «Comme il a progressivement disparu en Finlande», nous explique une employée de la communication du ski finlandais, pays qui était auparavant une place forte du saut à ski, et qui a désormais disparu des radars.
Preuve de ce début de déclin en Norvège: l'atmosphère au pied du tremplin a totalement changé en comparaison avec les précédents Championnats du monde organisés à Trondheim. C'était en 1997, lorsque le Vaudois Sylvain Freiholz avait décroché le bronze sur le K120.