En juin 2021, le multimilliardaire anglo-suédois Johan Eliasch a été élu nouveau président de la Fédération internationale de ski (FIS). Un véritable camouflet pour son adversaire, le Suisse Urs Lehmann.
Quelques semaines plus tard seulement, la FIS, basée sur les rives du lac de Thoune, a fait protéger la marque «FIS Games» («Jeux de la FIS», en français) auprès de l'Institut fédéral de la propriété intellectuelle.
Son projet de prestige prévoit d'accueillir en un seul lieu, pendant seize jours, le plus grand nombre possible de sports et de disciplines de la Fédération internationale de ski. Ces «mini JO» doivent se dérouler au milieu de deux éditions des Jeux olympiques d'hiver. Si les ambitions d'Eliasch s'étaient concrétisées, la première édition aurait eu lieu dès 2024.
Le président de la FIS avait d'ailleurs désigné son favori pour organiser cette première édition: la Suisse. Urs Lehmann, l'ex-rival d'Eliasch et président de Swiss-Ski, a révélé à CH Media – le groupe auquel appartient watson – dès janvier 2022:
Il est vite apparu qu'une organisation en 2024 n'était pas réaliste. Le temps de préparation aurait été beaucoup trop court.
Au lieu de cela, la FIS s'est attelée à la mise en place d'un processus de candidature en bonne et due forme pour 2028. Deux candidats se sont présentés: la Suisse et la Norvège. Côté helvétique, c'est Saint-Moritz, dans les Grisons, qui est entré en lice. L'attribution de ces premiers FIS Games devait avoir lieu le 5 juin dernier lors du congrès de la fédération internationale en Islande.
Mais celle-ci a été reportée. La Norvège avait déjà retiré sa candidature en mars et la Suisse, faute d'informations concrètes sur les questions financières et le contrat d'organisation, ne s'est pas non plus montrée prête à donner son accord final. Elle a posé des conditions concrètes.
La FIS rêve d'un programme monstre, avec 116 épreuves. Autrement dit: plus grand que celui des Jeux olympiques d'hiver. Outre les disciplines traditionnelles que sont le ski alpin, le ski nordique, le ski acrobatique et le snowboard, il y aura également du freeride, du télémark, du ski de vitesse ainsi que du para-sport en ski alpin, ski nordique et snowboard.
En effet, le temps de préparation d'un tel événement majeur est désormais trop court, même pour la Suisse. Diego Züger, co-directeur de Swiss-Ski, déclare: «A l'heure actuelle, les conditions-cadres pour une organisation réussie en 2028 ne sont pas réunies».
Une troisième tentative suisse aura-t-elle lieu pour 2032? Certes, Swiss-Ski reste favorable à l'événement. Mais au vu de sa stratégie à long terme en matière de grands événements, il est possible que la fédération suisse renonce au grand projet d'Eliasch.
En effet, elle réfléchit actuellement sérieusement à une candidature pour l'organisation des Championnats du monde de ski nordique en 2031 ou 2033. Ce qui serait une première en Suisse. Et si notre pays devait effectivement obtenir un jour l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2038, la priorité stratégique des FIS Games pourrait rapidement passer au second plan.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber