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Témoignage watson

Fan de Federer, elle a écrit «Allez Roger» sur le court. Témoignage

Témoignage watson

«J'ai écrit "Allez Roger" et il m'est arrivé un truc incroyable»

Lors de la finale de Roland-Garros 2011, une ramasseuse de balles n'a pas pu s'empêcher d'écrire un message au Maître. «Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête.» Federer a tout fait pour la retrouver et la récompenser. Elle raconte.
19.09.2022, 07:1626.09.2022, 16:13
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Nous sommes en 2011 à Paris. Kenza a 13 ans, elle est ramasseuse de balles. C'est même l'une des meilleures. Du coup, son responsable lui donne les meilleurs matchs de Roland-Garros. Elle est donc souvent sur le terrain quand Federer se produit. Durant les premiers tours de la quinzaine, elle s'ennuie un peu. Alors elle joue au morpion. «Avec l'autre ramasseur au filet, on dessinait un carré sur la terre battue. On le faisait de l'autre côté de la chaise d'arbitre, pour ne pas se faire attraper, se souvient-elle. Quand on échangeait nos positions après un point, celui qui arrivait sur le jeu ajoutait un rond ou une croix à la grille. Et ainsi de suite.»

Message interdit

Les jours passent, les tours s'enchaînent jusqu'à la finale. Plus question de jouer cette fois. Federer contre Nadal, c'est du sérieux. Kenza est toujours au filet. Mais elle a une autre idée.

«Je vivais un truc exceptionnel. Entre ramasseurs de balles, on se disait toujours que si on avait la chance de "ramasser" Roger, c'est bon, on avait réussi notre tournoi. Mais là, c'était Roger-Rafa en finale.» C'était trop beau. Alors au lieu de dessiner un énième carré, Kenza décide d'encourager son idole en lui écrivant un message.

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C'est bien sûr totalement interdit. Les ramasseurs de balles n'ont pas le droit d'exprimer leur soutien à un joueur en plein match. «En fait, tout le monde prend parti. Il ne faut juste pas le montrer», sourit Kenza en repensant à ce qu'elle décrit comme «un acte irréfléchi».

«Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête»

Sur le moment, ni Roger, ni son adversaire ne voient l'inscription. Celle-ci reste quelques jeux puis s'efface à la fin du set, lorsque les employés du court lissent le terrain. Ce message éphémère n'est pourtant pas totalement gommé. Un photographe, placé tout près du filet, a eu la présence d'esprit de le saisir. Sitôt la fin du match, perdu en quatre sets par le Bâlois, il va même envoyer le cliché à l'entourage de Roger Federer.

Federer mène l'enquête

La suite dit beaucoup de ce que le vainqueur de 20 titres du Grand Chelem était: un immense joueur doté d'une classe exceptionnelle. Kenza l'avoue elle-même: «Il aurait pu simplement prendre acte de mon geste, ou en sourire. C'est ce qu'auraient fait la plupart des autres joueurs. Mais pas lui. Dans l'ombre et sans se vanter, il va chercher à me retrouver pour me remercier.» Kenza reçoit chez elle une lettre du Maître ainsi que le maillot dédicacé qu'il portait en finale.

La lettre dit ceci:

«Cher Del (réd: le nom de famille de Kenza), on m'a transmis une photo de toi à Roland-Garros en train d'écrire "Allez Roger" sur la terre battue pendant que tu faisais ton devoir de ramasseuse de balles. Je suis très reconnaissant de ton soutien! J'aimerais que tu aies l'un des tee-shirts que j'ai porté lors de la finale en guise de remerciement. J'espère que ça te fera plaisir. Sincèrement, Roger Federer.»
Le maillot a été dédicacé par Federer. La signature est accompagnée de l'année du tournoi: 2011.
Le maillot a été dédicacé par Federer. La signature est accompagnée de l'année du tournoi: 2011. Image: DR

Quelques mois plus tard, Kenza "ramasse" au tournoi de Bercy. Federer y participe. L'adolescente a la chance de pouvoir échanger près de cinq minutes avec la star après son match du 2e tour contre Mannarino. «Je l'ai remercié pour son cadeau. Il s'en souvenait. Il était accessible alors que pour moi, c'était une vedette. Mais c'est comme si je parlais à un ami.»

La Française aura officié pendant quatre saisons comme ramasseuse de balles, soit entre 2010 et 2013. Elle a fait tellement de matchs de Federer qu'elle a arrêté de compter. «Une trentaine, peut-être.»

Kenza est à gauche de l'image.
Kenza est à gauche de l'image.

«On lui accordait tout»

Les parties du Maître étaient pourtant toujours spéciales. «Je suis toujours resté impressionné malgré les années. Avec lui, il y avait toujours une petite pression supplémentaire, mais elle était stimulante. Elle vous rendait meilleur.»

L'épisode de 2011 a-t-il changé quelque chose entre eux sur le terrain? Peut-être.

«J'ai eu l'impression ensuite qu'il me reconnaissait. C'est un peu idiot, j'ai sans doute tort»
Kenza

Elle ajoute:

«Roger jetait souvent sa bouteille d'eau quand il était assis. Quand un autre joueur le faisait, en tant que ramasseurs de balles, on n'aimait pas ça; mais quand c'était lui, ça passait. C'est comme si on lui accordait tout. Mais avec moi par la suite, il ne l'a jamais fait. Il m'attendait toujours pour me donner sa bouteille. Et il m'a parfois souri, aussi.»
Kenza aujourd'hui.
Kenza aujourd'hui.Image: DR

Comme on a jamais vu Federer jouer autrement que depuis les tribunes, on avait envie de savoir, enfin, ce que ça faisait de l'observer de très près et en plein match. «Il est fascinant. J'avoue avoir été un peu subjuguée, dit Kenza. Ce qui m'impressionnait le plus, c'était son jeu de jambes et son sens de l'anticipation, qui lui permettaient d'être toujours bien placé sur la balle tout en donnant l'impression de ne pas beaucoup courir. Il rendait tout facile.»
C'était Roger Federer. ❤️

C'est ce que nous ressentons tous après la démission de Federer
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