Le tennis américain est en ébullition. Taylor Fritz a rejoint Jannik Sinner en finale du tableau masculin de l'US Open et Jessica Pegula s'apprête à défier à partir de 22h Arina Sabalenka pour le titre chez les dames. Il pourrait donc y avoir deux victoires américaines cette année: une première depuis 2002.
Intéressons-nous parmi ces quatre finalistes à Jessica Pegula. Elle est la joueuse américaine la plus constante ces dernières années et est membre du Top 6 mondial depuis 2022. Or en Grand Chelem, ça ne fonctionne pas. Elle a échoué six fois en quart de finale, un stade qu'elle n'avait encore jamais dépassé avant l'US Open 2024. Pegula est désormais en finale suite à ses victoires sur Iga Swiatek et Karolina Muchova.
L'Américaine était pourtant en difficulté lors de sa première dans le dernier carré. Menée 1-6 / 0-2 par Muchova (52), elle a dû repousser une nouvelle tentative de break. «J'avais envie de fondre en larmes. C'était tellement gênant. Elle m'a détruite», a déclaré Pegula à propos de sa première partie de match. Elle a finalement enchaîné quatre jeux d'affilée puis remporté la rencontre en trois sets après 2h12 de jeu.
Epuisée mais visiblement soulagée et satisfaite du soutien de son public, son père Terrence lui a volé la vedette après la rencontre. C'est lui qui est apparu sur l'immense écran géant du stade. Il a fait fortune dans le gaz et l'immobilier et le magazine économique Forbes estime sa fortune à 7,7 milliards de dollars. Il est en outre propriétaire de la franchise de NHL des Sabres de Buffalo et de l'équipe de foot US des Bills. Ces deux entités sont présidées par la mère de Jessica: Kim Pegula.
Il n'est pas inhabituel que les proches des sportives soient dévisagés par les caméras. Le fait que l'accent soit mis sur le père fortuné Terrence et non pas sur Taylor Gahagen – le mari de Jessica Pegula – en dit néanmoins long sur la carrière de la joueuse.
En dehors du milieu du tennis, elle est toujours perçue comme la fille d'un milliardaire. Et ce, malgré ses nombreux succès. Le Daily Express titrait ainsi au moment du Grand Chelem londonien en juillet 2023: «A Wimbledon, cette milliardaire est plus riche que Cristiano Ronaldo». Interrogée à ce sujet, Pegula avait alors répondu:
Cette étiquette de «fille de» lui a aussi longtemps collé à la peau dans le monde du sport. A ses débuts sur le circuit, on murmurait à l'abri des regards que sa présence n'était due qu'aux milliards de son père. Comme si les billets permettaient de remporter des matchs. On a dit plus tard que Pegula ne gagnait pas de grands titres parce qu'il lui manquait du mordant et de la hargne. Impossible d'avoir de l'ambition lorsqu'on est riche.
Jessica Pegula a pourtant longtemps bataillé pour obtenir ses succès. Elle a souvent perdu avant d'en arriver là. Ce n'est qu'à 25 ans qu'elle est entrée pour la première fois dans le Top 100. Elle est désormais – à 30 ans – la plus vieille Américaine de l'ère Open à jouer une première finale en Grand Chelem.
Avant cet US Open, Pegula a remporté son troisième Masters 1000 du côté de Toronto et a atteint la finale à Cincinnati, où elle a été battue par Arina Sabalenka, qu'elle retrouvera en finale dans la nuit de samedi à dimanche. La Biélorusse – capable de frapper la balle plus fort que n'importe quel homme – était déjà finaliste de l'US Open en 2023. Or après avoir dominé le premier set, elle s'était effondrée sous la pression du public, acquis à la cause de l'Américaine Coco Gauff.
Jessica Pegula pourra bénéficier du même soutien cette année. L'étiquette de fille de milliardaire devrait rester à jamais collée à elle. Une victoire à l'US Open ce week-end permettrait néanmoins de la détacher quelque peu. Or si l'argent est éphémère, le triomphe dans un tournoi du Grand Chelem, lui, est éternel.