Le tournoi de Madrid offrait suffisamment de belles histoires pour être une réussite. L'idole locale Carlos Alcaraz qui défend son titre, une finale féminine de haut niveau entre Iga Swiatek et Aryna Sabalenka, ou encore l'Allemand Jan-Lennard Struff qui entre dans l'histoire en devenant le premier lucky loser à se hisser en finale d'un Masters 1000.
Mais le tournoi madrilène et ses organisateurs – dont le directeur et ex-numéro 12 mondial, Feliciano Lopez – font face à une polémique autour d'accusations de sexisme.
Les gâteaux offerts aux joueurs et joueuses qui fêtaient leur anniversaire pendant le tournoi sont l'une des critiques. La différence de taille entre la tourte de Sabalenka et celle d'Alcaraz était frappante, comme l'a constaté un utilisateur de Twitter.
Couldn’t be more accurate on the treatment https://t.co/x89RytI0zV
— victoria azarenka (@vika7) May 5, 2023
L'ancienne numéro 1 mondiale et gagnante du double à Madrid, Victoria Azarenka, a partagé ce tweet en y ajoutant le message: «Rien ne pourrait mieux décrire le traitement.» Elle veut sans doute faire allusion à l'inégalité de traitement entre les hommes et les femmes, mais ce qu'elle sous-entend exactement n'est pas clair.
Surpris, Feliciano Lopez a justifié ces différents gâteaux par le fait qu'Alcaraz venait de remporter la demi-finale sur le court central et par la nationalité espagnole du jeune homme de 20 ans. Il a également fait remarquer que d'autres joueurs, comme Holger Rune, avaient reçu un gâteau plus petit qu'Alcaraz.
I’m surprised by this reaction after this gesture!
— Feliciano López (@feliciano_lopez) May 5, 2023
1. Carlos had just won his match to reach the final
2. He was playing on centre court
3. The tournament is played in Spain, even though it is an international event
PS: I hope Rune wasn’t also upset by his treatment 😜 https://t.co/ApK1IiiD6l pic.twitter.com/1mEoIitXxs
Aryna Sabalenka, elle, a empoigné ce sujet avec humour. Lors de son discours de victoire samedi, la Biélorusse a expliqué sa victoire par le cadeau d'anniversaire des organisateurs du tournoi:
Mais les Madrilènes n'ont pas seulement essuyé des critiques sur leurs gâteaux. Le fait que, lors des matchs masculins sur le court central, seules des femmes aient été engagées comme ramasseuses de balles, a suscité l'incompréhension. Sur les autres courts, le staff comptait aussi bien des filles que des garçons. La tenue vestimentaire était également différente sur le court central.
Dans la Caja Magica, l'arène principale, les hauts laissaient apparaître le ventre et les jupes étaient courtes. Ailleurs, des T-shirts étaient portés et des enfants faisaient également partie de l'équipe. De quoi fâcher Soledad Murillo, une membre du gouvernement espagnol, qui a déclaré:
En 2004 déjà, le tournoi de Madrid avait provoqué des remous en engageant des mannequins comme ramasseuses de balles. Par la suite, des mannequins masculins avaient aussi été embauchés pour les matchs féminins. Cette année encore, le staff était exclusivement composé d'hommes lors des matchs de Swiatek et Cie sur le court central.
Après les accusations de sexisme, les organisateurs du tournoi ont réagi avant la finale entre Alcaraz et Struff en instaurant un nouveau code vestimentaire. Dimanche, les ramasseuses de balles portaient des pantalons à hauteur du genou au lieu de jupes courtes.
Sleeper story at Madrid Open #MMOpen
— Pamela Maldonado (@pamelam35) May 7, 2023
Some: The ball girls fits are too risqué
Tournament organizers: OK, we'll put them in basketball shorts pic.twitter.com/Vh0R5GL72r
Mais les organisateurs ont commis une autre gaffe. Après la finale du double féminin, ni Coco Gauff et Jessica Pegula, vaincues, ni Azarenka et Beatriz Haddad Maia, sacrées, n'ont eu la possibilité d'adresser quelques mots au public. Gauff a réagi sur Twitter: «Je n'ai pas eu la chance de dire quelque chose après la finale.» C'est pourquoi elle a remercié les fans et sa partenaire sur les réseaux sociaux pour leur soutien. Azarenka a ajouté, toujours sur Twitter:
L'ancienne joueuse australienne, Rennae Stubbs, a qualifié ces événements de «honte». La lauréate de quatre titres du Grand Chelem en double n'est pas la seule à partager ce point de vue. La numéro 7 mondiale, Ons Jabeur, a trouvé «triste et inacceptable» que les finalistes ne puissent pas s'adresser au public et à leurs adversaires.
Le tournoi de Madrid, l'un des neuf Masters 1000, devra donc procéder à quelques adaptations l'an prochain s'il veut éviter de nouvelles polémiques.
Adaptation en français: Yoann Graber