Il y a le colossal Tor des Géants en Italie et ses 330 kilomètres, ou sa version plus rude, le Tor des Glaciers de 450 kilomètres. Il existe aussi depuis de longues années la Petite Trotte à Léon à Chamonix qui, certes moins longue, permet de participer à la course la plus difficile de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc. Au royaume de l'ultra parmi les ultras, la Suisse n'est pas en reste. Elle comptait déjà la Swiss Peaks 360 en Valais et la récente Crossing Switzerland longue de 390 kilomètres. On y trouve désormais un trail encore plus redoutable.
Les organisateurs du Swiss Peaks Trail ont planché sur une distance de 660 kilomètres – le double de ce qui est habituellement proposé aux traileurs les plus téméraires. Ils peuvent s'enorgueillir de détenir «la course la plus longue et difficile au monde». Car outre la distance, la Swiss Peaks 660 présente 49'000 mètres de dénivelé positif. Elle permet de «découvrir le Valais, au coeur du plus grand glacier des Alpes», selon le comité d'organisation.
Cette distance marque possiblement le début d'une nouvelle ère en ultra-trail. Il suffit de regarder la liste des inscrits pour s'en convaincre. Les 150 dossards ont trouvé preneurs et de grands noms de la discipline ont fait le déplacement jusqu'en Valais. Le Français Sébastien Raichon (vainqueur du Tor des Glaciers, finisher de la Terminorum), le Belge Victor Richard (PTL et Crossing Switzerland à son palmarès), le Français Aurélien Sanchez (Barkley) ou encore l'Italien Luca Papi (premier vainqueur du Tor des Glaciers) ont tous délaissé la PTL courue la semaine dernière et le Tor des Géants à venir dans quelques jours. Ils se sont laissés tenter par cette expérience inédite.
Or la Swiss Peaks 660 n'est pas au goût de tout le monde. Le site spécialisé u-Trail rapporte de nombreuses critiques à l'égard de cette nouvelle épreuve. Il pointe aussi dans son édito les risques liés à cette distance, parle de «folie» et partage une réflexion quant à l'évolution du trail-running. «Le sport doit-il continuer à repousser les limites ou revenir à des formats plus “humains” qui préservent la santé des coureurs sans compromettre l’esprit d’aventure?», s'interroge le média.
La présidente du Swiss Peaks Trail est consciente des retours négatifs. «Cela revient énormément sur les réseaux, on le voit, ça parle de course aux kilomètres», détaille Noémie Voeffray-Remacle auprès de la chaîne Canal9, tout en se défendant de participer à une certaine surenchère.
La Valaisanne compare la Swiss Peaks 660 à «un voyage» et le format de sa course lui donne raison. Le parcours invite à découvrir l'ensemble du canton et surtout, la première partie de l'épreuve n'est pas chronométrée. Les traileurs se sont élancés lundi 26 août du Bouveret en ayant pour unique mission de rallier la commune d'Oberwald – dans la vallée de Conches – avant le départ de la Swiss Peaks 360, à laquelle ils participent depuis dimanche matin. Les 300 premiers kilomètres n'étaient en fait qu'un «échauffement» et les athlètes ont pu gérer à leur guise ce prélude. Une aventure personnelle loin des temps et des classements.
Reste désormais à savoir si cet enchaînement si particulier ne leur a pas cassé les pattes. Les premiers concurrents sont attendus incessamment sous peu au Bouveret. Ils retrouvent le lieu de départ en empruntant non plus les montagnes de la rive droite du Rhône, mais bien celles de la rive gauche, qui ont fait la réputation de la course.