Charlie Dalin, en tête au dernier pointage du Vendée Globe, est passé jeudi et pour la toute première fois cette année en avance sur les temps du recordman de l'épreuve: Armel Le Cléac'h. Yoann Richomme et Sébastien Simon le talonnent. Ils sont également plus rapides que le Breton à l'approche du cap Horn et peuvent eux aussi améliorer les 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes établis en 2017.
Or une autre course au record est désormais lancée. Elle se tient dans le cadre du Trophée Jules Verne, un tour du monde à la voile semblable au Vendée Globe, sans escale et sans assistance. Seules différences? Il se court en équipage, présente un parcours théorique plus court et débute puis se termine entre l'île d'Ouessant au large du Finistère et le sud de l'Angleterre.
Autre changement, et de taille: le Trophée Jules Verne n'est pas une course à proprement parler. Il s'agit d'un défi que les meilleurs marins se lancent, dans le but de réaliser le tour du monde le plus rapide. Il n'y a donc ni départ commun ni place à protéger au classement, mais un temps canon à établir. Les équipages optent ainsi pour des multicoques semblables à des F1: des catamarans remplacés désormais par des trimarans géants, bien plus performants que les monocoques utilisés par les skippers du Vendée Globe.
Si la notion d'aventure est moins perceptible sur le Trophée Jules Verne, en raison du caractère collectif du défi, l'événement est tout aussi légendaire que «l'Everest des mers». «La tâche de faire le tour du monde est toujours extraordinaire. Le faire le plus rapidement possible, c'est ce qu'il y a de mieux. C'est la dimension ultime. Dans le Trophée Jules Verne, il y a aussi la notion d'équipe, qui implique quelque chose d'assez incroyable», concédait en ce sens le Breton François Gabart cité par le magazine allemand Yacht, avant de partir à l'assaut de la performance ultime.
Détenir le Trophée Jules Verne et être en la possession du bateau le plus rapide autour de la planète aurait une signification particulière pour celui que l'on a surnommé le «petit prince des océans», après sa victoire en 2013 sur le Vendée Globe à 29 ans. François Gabart a déjà fait voler en éclats le record du tour du monde en solitaire. C'était en 2017 sur son trimaran «Macif», en 42 jours, 16 heures, 40 minutes et 35 secondes. Il ne lui manque donc plus que le chrono suprême, qu'il peut aller chercher en équipage, sur «SVR-Lazartigue». Il faudra pour cela battre les 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes assurés en 2017 par Francis Joyon et ses hommes.
Mais la route est encore longue, et ce, même si «SVR-Lazartigue» est un bateau plus performant que celui de Joyon. La preuve, Gabart et ses cinq skippers ont avorté en décembre leur premier essai débuté fin novembre, la faute à la casse d'un foil contre un objet non identifié. Retour donc à la case départ, avant une deuxième tentative lancée jeudi matin.
François Gabart doit aussi se méfier de «Sodebo». Un projet concurrent, mené simultanément par Thomas Coville et qui rend le Trophée Jules Verne encore plus excitant. Mais eux aussi ont connu une avarie lors de leur première tentative, à savoir une rupture d'un safran. Ils viennent tout juste de démarrer un nouvel essai vendredi soir, «sur une fenêtre météo qui peut les emmener en cinq jours à l'équateur et dans les temps du record au cap de Bonne-Espérance, soit une douzaine de jours», a détaillé l'équipe. Ils pourraient jouer les trouble-fête, tout comme la météo, toujours aléatoire en mer.