Après une séance de commission, des parlementaires de partis bourgeois, y compris les Vert'libéraux, se sont rendus la semaine passée dans un bistrot de Berne. Le thème de leur discussion?
Les politiciens faisaient référence au ticket du PS pour l'élection au Conseil fédéral du 13 décembre. Jon Pult et Beat Jans ne seraient pas un bon choix, selon eux. D'un côté, il y a Jon Pult, le Grison, jeune et sans expérience en matière de leadership, de l'autre, Beat Jans, le président du gouvernement bâlois, un écologiste pur et dur et un administrateur. Le scepticisme de Beat Jans envers les subventions généreuses accordées au secteur agricole déplaît en outre aux nombreux agriculteurs du Parlement.
Le conseiller national UDC Thomas Matter qualifie le ticket du PS d'«ultra-gauche». Sa collègue de parti Barbara Steinemann estime que «ce que le PS nous présente n'est pas enthousiasmant». Le malaise ne se limite pas à l'UDC. Des représentants du Centre et du PLR sont également mécontents de la proposition socialiste à deux, mais ne veulent pas être cités.
Dans le camp bourgeois, un plan a été élaboré. Il prévoit de faire élire au Conseil fédéral un politicien du PS qui n'a pas été nommé par le parti — de préférence Daniel Jositsch — tout en faisant porter au Parti socialiste la responsabilité de cette manœuvre.
Comment cela va-t-il se passer? Dans ce contexte, l'ordre dans lequel les conseillers fédéraux seront élus le 13 décembre est crucial. Il s'agit tout d'abord de confirmer le poste du conseiller fédéral UDC Guy Parmelin, qui devrait se dérouler sans problème. Ce sera alors au tour d'Ignazio Cassis. Les Verts vont certainement tenter de l'attaquer avec le conseiller national Gerhard Andrey. Combien de voix obtiendra-t-il? Le plan de bataille de la droite prévoit qu'il y en aura pas mal.
Cela permettra à la droite de pointer du doigt le PS: vous soutenez les Verts et voulez ainsi rompre le gouvernement actuel? Nous allons répliquer lors de l'élection du remplaçant d'Alain Berset.
Dans le bistrot bernois, un conseiller national suggère de donner un coup de pouce. L'élection est secrète: certains parlementaires bourgeois peuvent donc voter en douce pour le candidat vert et non pour Cassis. Il suffira ensuite de reprocher ce soutien inattendu au PS pour lui faire porter le chapeau. Cette stratégie permettrait de justifier le refus du ticket donné par le PS lors de la septième élection, en mode «Les socialistes ont voulu jouer, il n'y a aucune raison que la droite ne fasse pas pareil».
Pour rappel, il y a un an, Daniel Jositsch avait obtenu 58 voix au premier tour, sans avoir été désigné par le PS.
L'objectif est que le conseiller aux Etats zurichois fasse mieux que l'un des deux nominés du PS, ce qui pourrait ensuite déclencher une dynamique en sa faveur. Celui-ci n'a pas été choisi par son parti pour figurer sur le ticket officiel et se terre dans le silence depuis. On ne sait pas comment il réagirait à une élection sauvage.
L'ancien ténor de l'UDC, Christoph Blocher, a qualifié vendredi sur Tele Blocher le ticket du PS de «provocation». Le milliardaire a fait l'éloge de Willi Ritschard et Otto Stich, deux socialistes non retenus par leur parti. Il a aussi présenté plusieurs arguments en faveur d'une élection sauvage le 13 décembre. Il sait que les tickets officiels des partis suscitent de plus en plus de critiques.
Que pense le coprésident du PS Cédric Wermuth du fait qu'un candidat inattendu pourrait se démarquer le 13 décembre? Il se montre serein:
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)