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Pourquoi les Italiens ne veulent plus travailler en Suisse

Pourquoi les Italiens ne veulent plus travailler en Suisse

Le nombre de travailleurs italiens au Tessin est en légère baisse. Voici les raisons de cette diminution, et pourquoi cela suscite désormais des conflits.
07.03.2025, 09:4707.03.2025, 09:47
Gerhard Lob / ch media
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Pour la première fois depuis l'introduction de la libre circulation des personnes en 2002, le canton du Tessin a enregistré une baisse du nombre de travailleurs frontaliers. A la fin de l'année 2024, 78 683 frontaliers étaient employés dans le canton, soit 896 personnes de moins, soit une diminution de 1,1% par rapport à l'année précédente, comme l'a annoncé l'Office fédéral de la statistique. Bien que cette baisse soit minime, elle est notable après des décennies d'augmentation continue. Un retour en arrière: à la fin de l'année 2004, le nombre de travailleurs frontaliers dans le Tessin était de 35 312.

La tendance à la baisse dans le Tessin contraste avec l'évolution nationale, qui enregistre une augmentation de 2,9%. Cependant, d'autres régions connaissent également une diminution du nombre de travailleurs frontaliers, à l'instar du Tessin, comme l'Est de la Suisse (-0,9%) et les Grisons (-6%). Cette baisse dans les régions se reflète également dans les données concernant les pays d'origine. Le nombre de travailleurs frontaliers en provenance d'Italie (au total 91 101 dans tout le pays) a diminué de 1,4% par rapport à l'année précédente, tandis qu'il a baissé de 0,9% pour l'Autriche. Les travailleurs frontaliers en provenance de France restent largement les plus nombreux (236 219), suivis par ceux d'Allemagne (66 511).

La question de savoir si la baisse du nombre de travailleurs frontaliers au Tessin marque réellement un tournant reste encore sans réponse définitive. Mais quelles en sont les raisons? Luca Albertoni, directeur de la Chambre de commerce du Tessin, explique:

«Le nouvel accord fiscal avec l'Italie rend le Tessin moins attractif, et la meilleure situation économique en Italie joue également un rôle»

En particulier, les travailleurs hautement qualifiés trouvent en Lombardie de bons emplois avec des salaires très compétitifs, ce qui rend moins attrayant le fait de traverser la frontière pour travailler en Suisse.

Anciens et nouveaux frontaliers

Depuis le 17 juillet 2023, les frontaliers qui commencent à travailler en Suisse doivent payer des impôts sur une partie de leur revenu en Italie. Selon les syndicats, ces impôts peuvent être de 10 à 30% plus élevés que pour les travailleurs frontaliers soumis à l'ancienne réglementation, qui ne payaient des impôts à la source qu'en Suisse.

Frontaliers en Suisse: Italiens au Tessin
Image: KEYSTONE/Ti-Press

Dans ce contexte, il convient de rappeler que la politique tessinoise a longtemps plaidé pour une détérioration des conditions pour les travailleurs frontaliers afin de réduire leur nombre. Il semble donc que cet effet se soit concrétisé. Cependant, cette évolution inquiète les employeurs du Tessin. Par exemple, l'Association des industries tessinoises (Aiti) craint que la pénurie de main-d'œuvre qualifiée ne s'aggrave.

Dans le secteur de la restauration, les candidatures en provenance d'Italie ont considérablement diminué, selon GastroTicino. Cependant, la proportion de travailleurs italiens reste élevée dans le canton du Tessin. On trouve notamment de nombreux frontaliers dans le secteur des soins et de la santé, où les différences salariales entre la Suisse et l'Italie sont particulièrement marquées.

Protestation contre la taxe sur la santé

La distinction entre anciens et nouveaux frontaliers, créée par le nouvel accord fiscal sur les frontaliers, continue de susciter des tensions parmi les personnes concernées. En effet, le gouvernement italien dirigé par la Giorgia Meloni souhaite imposer une «taxe sur la santé» («tassa sulla salute») aux anciens frontaliers, afin de financer les services de santé du côté italien près de la frontière.

Mais l'opposition à cette réglementation est grande. Il y a quelques jours, une grande réunion syndicale a eu lieu à Varèse (Italie), près de la frontière, au cours de laquelle la protestation contre la nouvelle taxe, déjà introduite par la loi de finances 2024, a été renouvelée. «Les frontaliers ne sont pas des distributeurs de billets», a-t-on souvent entendu lors de cette réunion. La nouvelle taxe sur les soins de santé est en réalité un impôt qui entraîne une double imposition.

Les syndicats sont même prêts à saisir la Cour constitutionnelle italienne pour démontrer l'incompatibilité de l'ancien accord sur les frontaliers avec la «tassa sulla salute». De son côté, le Conseil fédéral vient de déclarer, en réponse à une interpellation du conseiller aux Etats Fabio Regazzi, qu'il n'est pas clair si la «tassa sanitaria» est un impôt ou une taxe causale. Ce n'est que lorsque cette question sera clarifiée que l'on pourra se prononcer sur une incompatibilité avec l'accord fiscal entre la Suisse et l'Italie.

Cependant, la nouvelle taxe n'est pas encore entrée en vigueur à ce jour. En effet, l'Italie ne dispose pas des listes de salaires des travailleurs italiens en Suisse pour pouvoir prélever la taxe. Les demandes en ce sens, notamment de la part de la Lombardie, n'ont pas été très bien accueillies. Le Conseil fédéral s'est également exprimé sur cet aspect:

«Actuellement, il n'existe pas de base juridique en Suisse qui permettrait un échange de données transfrontalier en rapport avec la 'tassa sanitaria'»

Si une telle base juridique devait être créée, elle devrait être soumise au Parlement.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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