Pas moins de 37 participants s'affrontent cette année au Concours Eurovision de la chanson à Bâle. C'est un nombre considérable. Pourtant, dans ce tourbillon paneuropéen, certains morceaux se distinguent. Certaines chansons méritent peut-être un peu plus notre attention.
Et ce n'est pas forcément une question de qualité (certaines chansons sont bonnes, mais si on est honnête, la plupart ne le sont pas). Ni parce qu'elles pourraient bien se classer (certaines pourraient y arriver, mais la plupart, non). Mais simplement parce qu'elles sont... remarquables. Intéressantes, peut-être. Parfois même un peu étranges. Quoi qu'il arrive, elles sont fun. Des exemples? Les voici:
Lucio Corsi apporte la réponse à une question que personne n'a posée, à savoir: comment sonnerait David Bowie s'il avait été italien? Et vous savez quoi? D'une certaine manière, ça fonctionne. D'une certaine manière, c'est même plutôt cool.
Vous voulez du drame? Vous voulez des performances vocales puissantes? Vous voulez des danseurs acrobatiques avec des moustaches stylées? Alors, réjouissez-vous de la contribution géorgienne!
Bon, il faut reconnaître honnêtement que la chanson autrichienne sonne sacrément bien. Oui, ce chant de soprano en falsetto peut diviser, mais c'est indéniablement une performance impressionnante. Nous sommes déjà curieux de voir le rendu en direct.
On ne peut pas y échapper: la participation d'Israël à l'Eurovision reste un sujet brûlant. Quelle sera l'ampleur des protestations? Quelle sera la force des huées du public en direct? Seront-elles coupées lors de la diffusion télévisée? Et comment la chanteuse Yuval Raphael va-t-elle gérer cela? Parce qu'elle sait chanter. Vraiment bien, même. Et la chanson n'est pas mal non plus – une bonne grosse power-ballade, quoi. De l'Eurovision classique, en somme.
De l'Eurovision classique, mais tout de même revisitée. Ici, nous définissons «classique» comme ‹l'Eurovision telle qu'elle était avant 1990›. Oui, la chanson est un hommage direct à «Poupée de cire, poupée de son» de France Gall, avec laquelle le Luxembourg a remporté le concours en 1965. Ici, on a de la bubblegum pop mignonne avec un refrain entraînant et des pas de danse adorables. Un peu sexy, mais pas trop.
Dans une autre vibe:
Malte mise cette année à fond sur la carte queer et présente un véritable tube pour la «night». Des drag queens aux lèvres injectées en passant par la controverse autour de l'expression «serving c*nt» – ici, on ne fait pas dans la demi-mesure en matière d'hédonisme.
Ces trois Anglaises très marrantes célèbrent également un hédonisme et un style glamour excentriques. Ce qui distingue cette chanson des autres, c'est cette excentricité frivole typiquement britannique: quatre rythmes et tempos différents sont imposés à l'auditeur – et pourtant, la chanson reste un tube aussi harmonieux que divertissant. Ceci est notamment dû à l'impressionnante harmonie vocale de ces trois drôles de dames – ce qui devrait rendre la performance en direct très stimulante.
Après Malte et la Grande-Bretagne, on remet une troisième couche de glam swag: Melodía Ruiz Gutiérrez n'est en aucun cas une favorite, mais avec Esa Diva, elle livre quelque chose qui n'est rien de moins que le modèle parfait de l'hymne de fête méditerranéen. Et ça...c'est respectable!
Et maintenant une vidéo que vous devez regarder juste pour son aspect gênant. Si Esa Diva représente tout ce qu’il y a de bon dans un tube taillé pour la fête, ce morceau est exactement le contraire. Tutta l'Italia est un véritable chef-d'œuvre de calcul raté. Gabry Ponte tente désespérément de revenir aux grands succès italiens d'antan en rassemblant des éléments sonores familiers. Mais au final, il livre une œuvre agaçante qui représente tout ce qui peut arriver de mal lorsqu'un DJ essaie d'être auteur-compositeur.
Comme disait John Cleese des Monty Python: «And now to something completely different!» Ce que l'Albanie fait ici est assurément... particulier. Folktronica, semble-t-il, est le nom de ce style musical. Mais indépendamment des définitions ethnomusicologiques, ce morceau détient un mystérieux facteur de séduction latente. Mesure après mesure, le titre gagne de plus en plus votre cœur, pour finalement devenir un prétendant improbable à l'un de vos titres préférés du concours de cette année.
La Suède est actuellement en tête des préférences du public (c'est-à-dire des cotes de paris). La formule? Ce sérieux candidat a misé sur le principe «Oh, comme nous sommes fun!» C'est vrai, ils sont fun. Un peu. Enfin, ce n'est pas non plus l'éclate totale. Mais il faut toujours compter avec la Suède à l'Eurovision – cette année plus que jamais, car un numéro de comédie-dance entraînante comme «Bara bada bastu» pourrait être exactement la dose d'évasion dont le public a envie cette année.