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D’où vient vraiment le vin chaud? Voici ses secrets

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Un classique de la période de l'Avent.Image: shutterstock

D’où vient vraiment le vin chaud? Voici ses secrets

A l'instar de Noël, le vin chaud fait partie intégrante de l'hiver. Son origine et son histoire demeurent plutôt méconnues. Seule certitude: on en consommait déjà dans l'Antiquité.
18.12.2025, 10:1618.12.2025, 10:16

Les prémices: conditum paradoxum

Ce sont les Romains qui ont introduit le vin dans nos contrées. Et ils ne buvaient pas le jus de raisin pur, plutôt acide à l'époque. Ils aimaient l'enrichir avec du miel, par exemple, ce qui donnait le mulsum. Ils utilisaient également des épices: anis étoilé, cannelle et laurier pour la conservation. On ne consommait alors pas ce breuvage épicé chaud - sauf en remède contre la diarrhée - mais à température ambiante. Difficile donc de comparer réellement avec ce que l'on connaît aujourd'hui.

Le célèbre livre du gourmet Apicius – De re coquiniaria, 1er siècle avant J.-C. – présente une version raffinée du mulsum. La recette du conditum paradoxum se rapproche beaucoup de notre vin chaud: du miel réduit avec un peu de vin et du poivre, des feuilles de laurier, du safran et des dattes. Ces épices exquises coûtaient trop cher pour le grand public, le Conditum paradoxum était ainsi réservé à une classe supérieure aisée.

Conditum paradoxum - Ancient red wine from Apicius
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Conditum_paradoxum_-_Ancient_red_wine_from_Apicius_(16822363595).jpg
Vin avec du miel et des épices exquises: le conditum paradoxum.Image: Wikimedia

Le conditum paradoxum remonte probablement à une recette grecque antique, plus vieille et plus simple encore.

Recette originale d'Apicius tirée du livre de cuisine
Conditi paradoxi compositio: mellis pondo XV in aeneum vas mittuntur, praemissis vini sextariis duobus, ut in coctura mellis vinum decoquas. quod igni lento et aridis lignis calefactum, commotum ferula dum coquitur, si effervere coeperit, vini rore compescitur , praeter quod subtracto igni in se redit. cum perfrixerit, rursus accenditur. hoc secundo ac tertio fiet, ac tum demum remotum a foco post pridie despumatur. tum ‹mittes› piperis uncias IV iam triti, masticis scripulos III, folii et croci dragmae singulae, dactilorum ossibus torridis quinque, isdemque dactilis vino mollitis, intercedente prius suffusione vini de suo modo ac numero, ut tritura lenis habeatur. his omnibus paratis supermittis vini lenis sextaria XVIII. carbones perfecto aderunt [duo milia].
Verser 15 sextaires de miel (8 litres) dans un récipient métallique dans lequel on aura préalablement versé 2 sextaires (1 litre) de vin: à feu doux, le mélange est porté à ébullition en remuant constamment avec un fouet; dès qu'il commence à bouillir, il est refroidi avec un trait de vin froid et retiré du feu pour refroidir. Répéter l'opération deux à trois fois, puis le lendemain, remettre le mélange sur le feu et écumer. Ajouter ensuite 4 onces (110 grammes) de poivre moulu, 3 scrupules de mastic (3,5 grammes de résine de pistache), une drachme (3,4 grammes) de lavande et une drachme (3,4 grammes) de safran, 5 drachmes (17 grammes) de noyaux de dattes grillés, dont les fruits ont été préalablement humidifiés avec du vin. On ajoute ensuite autant de vin que nécessaire pour rendre le mélange (tritura = le moulu) plus fluide. Une fois que tout est prêt, compléter avec 18 sextarius (10 litres) de vin léger. Remettre des charbons ardents si le mélange est devenu amer. source: gluehwein.ch

Les vins épicés au Moyen-Âge

Après la chute de l'Empire romain d'Occident, les sources historiques en Europe occidentale font spécialement défaut pendant des siècles, et cela vaut aussi pour le vin. On peut toutefois supposer que l'on a continué à l'épicer généreusement, en raison de sa qualité globalement médiocre. Grâce à ses huiles essentielles, le vin épicé froid était considéré comme un remède à tous les maux.

À la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, l'hypocras avait conquis l'ensemble du continent. Fortement épicé et en général rouge, il se prenait froid ou chaud. On le considère comme l'ancêtre direct de la boisson moderne, dont il se rapprochait probablement beaucoup en termes d'ingrédients – cannelle, clous de girofle, gingembre, cardamome, noix de muscade et beaucoup de sucre ou de miel – et de goût.

Herstellung und Verkostung von Hypocras im Mittelalter.
https://de.wikipedia.org/wiki/Hypocras#/media/Datei:Ypocras.jpg
Fabrication de l'hypocras.Image: Wikimedia

L'hypocras ressemblait à un vin de dessert et arrivait souvent en fin de festin pour stimuler la digestion. La variante blanche s'appelait lûtertranc ou claret. Plus légèrement aromatisé, il était particulièrement répandu en France, où on le buvait froid et plutôt comme boisson de table que comme vin de dessert.

Au début de l'ère moderne, dans les régions plus fraîches, on a commencé à réchauffer le vin en hiver, à l'aide notamment de pierres chaudes ou de tisonniers chauffés. Et avec souvent les mêmes épices que dans les recettes traditionnelles de pain d'épices: anis, cardamome, macis, muscade, clous de girofle, écorces d'orange et de citron, piment et cannelle.

On attribuait également à ces boissons des vertus curatives: dans le livre du docteur Hieronymus Bock, publié en 1580, il est écrit que le vin aux herbes aide «à soulager les douleurs thoraciques, stimule les menstruations chez les femmes et chasse les terreurs qui provoquent des douleurs urinaires». Il serait également efficace contre les «estomacs humides», autrement dit la diarrhée.

Hieronymus Bock.
https://de.wikipedia.org/wiki/Hieronymus_Bock#/media/Datei:Bock.png
Selon Hieronymus Bock, le vin aux herbes soulage les «estomacs humides»Image: Wikimedia

Plus ancienne recette

La plus ancienne recette que l'on ait retrouvé en Allemagne date de 1843. Elle figurait dans les archives d'État de Saxe, dans un recueil provenant de la succession d'August Josef Ludwig von Wackerbarth, personnage haut en couleur. Son domaine viticole, le château de Wackerbarth, existe toujours.

Garden of Wackerbarth castle, DRESDEN, GERMANY - August 23, 2020: Wackerbarth Castle, is a baroque castle surrounded by vineyards in the district of Radebeul which serves as the seat of the Saxon Stat ...
Le château Wackerbarth. Image: www.imago-images.de
La recette d'August Josef Ludwig von Wackerbarth
Par pot (un peu moins d'un litre): quatre lots (un lot correspondait en Saxe à un peu moins de 15 grammes) de cannelle, deux lots de gingembre, un lot d'anis, un lot de grenade, un lot de noix de muscade, un lot de cardamome et un gran (aujourd'hui environ 60 milligrammes) de safran, du sucre ou du miel.

Attention: cette recette comporte un risque pour la santé, car les quantités indiquées sont très élevées. À elle seule, la noix de muscade peut, à partir d'environ cinq grammes, entraîner entre autres des pertes de conscience, des palpitations cardiaques et des hallucinations.

source: Wikipedia

La recette de Wackerbarth ne signifie toutefois pas que le vin chaud a été inventé en Saxe. L'Institut allemand du vin de Mayence souligne que les Suédois ajoutaient déjà au XVIe siècle, sous le règne du roi Gustave Vasa, les épices caractéristiques d'aujourd'hui. À travers le monde, on parle désormais de «glögg». Mais les Suédois doivent probablement le vin chaud aux Allemands: on en veut pour preuve l'origine de l'épouse de Gustave Vasa, Catherine de Saxe-Lauenbourg.

La modernité

De nos jours, le breuvage prêt à l'emploi vendu partout remonte à 1956 seulement. Rudolf Kunzmann avait alors été le premier à mettre en bouteille du vin mélangé à du sucre et des épices dans sa cave d'Augsbourg, et à le vendre comme vin chaud. Il lui en aura coûté une amende conservée par l'office du marché de sa ville: à l'époque, la législation interdisait le sucre dans le vin.

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On le trouve absolument sur tous les marchés de Noël.Image: www.imago-images.de

Le vin chaud industriel et bon marché a connu un grand succès commercial. Plus besoin de préparer soi-même cette boisson chaude populaire avec des épices difficiles à trouver.

Elle a rapidement conquis les marchés de Noël, dont on ne saurait plus la dissocier. On la retrouve dans d'innombrables variantes: rouge, blanc et dans des versions sans alcool.

Dans le monde entier

Et le succès dépasse les pays germanophones. Le vin chaud se décline parfois avec des ingrédients locaux, notamment en Scandinavie. En Angleterre, on boit du «mulled wine», en Espagne du «vino caliente» et en Croatie du «kuhano vino» . Le principe de base reste inchangé, mais d'autres saveurs s'invitent, comme dans le glögg, qui contient en plus de l'eau-de-vie, Korn ou vodka par exemple.

Glögg in einem Duty-Free-Shop.
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=141433360
Boutique duty-free.Image: Wikimedia/AleWi

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