Qu'on se le dise: l'année 2024 n'a pas été un grand millésime sériel. S'il faut bien avouer qu'il a été difficile de sortir de grandes séries, les plateformes ont tout de même charbonné pour nous offrir des oeuvres solides.
Mi-figue, mi-raisin, certes, toutefois de belles surprises ont accompagné cette année écoulée. Et pour se retrouver, il fallait faire se creuser un petit coup les méninges et dresser le classement de la rédaction watson. Verdict?
Richard Gadd a réussi un joli coup avec sa série plaquée sur une histoire de harcèlement vécue par lui-même. Pendant cinq années, l’auteur et comédien écossais a été poursuivi et même agressé quotidiennement par celle qui est ici renommée Martha.
Dans le genre dérangeant, Mon petit renne réussit à tout compiler pour capter le spectateur, le ferrer comme un vulgaire poisson pour ne jamais le relâcher. Une analyse attentive et serrée du harcèlement, dans ses plus sombres recoins, dérapant sur le genre thriller bien musclé et diablement bien tenu. Une réussite qui prend place sur le trône de la meilleure série pour la rédaction watson.
Un métavers, des hallucinations, un acteur au top de sa forme (Joel Edgerton); Dark Matter a mis les petits plats dans les grands pour envoyer du lourd dans une histoire en forme de délire quantique.
Dark Matter, un thriller transdimensionnel qui peut paraître très (trop, parfois) complexe, tortueux, sinueux, proche de nous coller une foutue migraine. La pilule est parfois difficile à faire passer pour notre héros Jason, enfermé dans ce multivers, qui va affronter sa propre version pour chercher sa vraie famille et retrouver la femme de sa vie (Jennifer Connelly).
Un étonnant et convaincant alliage de philosophie et de physique.
En voilà une production qui peut se targuer d'être absolument «bingewatchable». Un western post-apocalyptique dopé aux stéroïdes du grand spectacle télévisuel.
Le récit s'enclenche lorsque les Etats-Unis ont essuyé une énorme attaque nucléaire; les villes ont été balayées par les champignons atomiques et tout le monde a commencé à haïr Oppenheimer - «Now I become a Death, the destroyer of Worlds», se plaisait à rappeler le papa de la bombe atomique.
La plume de Jonathan Nolan et sa caméra (il s'est chargé de réaliser les trois premiers épisodes) réussissent à rendre l'histoire diablement addictive, dans un cadre qui mêle humour et violence digne d'une série B.
Walton Goggins, en figure de proue, mène un casting où chacun tente de sauver sa peau au milieu des méandres d'un monde qui a depuis longtemps périclité. Savoureux.
Catherine Ravenscroft (Cate Blanchett) est une célèbre journaliste qui découvre qu’elle tient le rôle de l’héroïne d’un roman écrit par un inconnu. Pourquoi? Comment? Cette histoire ressemble étrangement à un passage de sa vie passée; des bribes de souvenirs d'un séjour en Italie où elle a fait la rencontre d'un charmant jeune homme.
Disclaimer est une bataille entre le passé et le présent que Cuaron charpente à merveille. Cette histoire est d'autant plus complexe, car les différents points de vue sont embrassés et empruntent les sentiers de la vérité ou du mensonge. Il faut choisir pour le spectateur; il découvre, emmêlé dans une toile de flashbacks et de flash-forwards, une valse de mensonges et de vérités. La réalisation propose une lumière léchée pour agrémenter le tout. Et pour couronner le tout, Cate Blanchett démontre une nouvelle fois qu'elle est une très grande actrice.
Shogun a remporté une flopée de récompenses aux derniers Emmys et a surfé sur une vague de hype qui a dopé les vues du show.
Adaptée d'un livre éponyme, écrit par James Clavell et paru en 1975, la série narre les années 1600 à travers le regard de John Blackthorne. Cet Anglais est le commandant d’un mystérieux navire abandonné sur la plage d’un village de pêcheurs voisin, messager de secrets qui pourraient tout faire basculer.
Le décorum est visuellement impressionnant, les romances et les intrigues politiques se croisent et se décroisent. Efficace et addictif.
Lorsque Vincent (Benedict Cumberbatch), auteur et marionnettiste d'une émission pour enfants, apprend que son gosse disparaît un jour sur le chemin de l’école, il perd pied. Il se met alors à avoir des hallucinations d’un grand monstre poilu appelé Eric, une créature tout droit sortie de l'imagination de son fils.
Dans ce New York des années 80, l'histoire cadre les dérives d'un homme proche de céder émotionnellement. Dans ce cache-cache urbain (et psychologique) pour retrouver la trace de son rejeton, on comprend que cet enfant disparu, ce n’est pas seulement son fils: c’est lui-même. Eric est un film dévorant émotionnellement, où un père se débat pour retrouver son chemin.
La vie d'un procureur adjoint de Chicago, Rusty Sabic (Jake Gyllenhaal), accusé du meurtre de sa collègue Carolyn Polhemus (Renate Reinsve), va devenir un véritable enfer. L'histoire nous apprendra rapidement que les deux entretenaient une liaison passionnelle et que Rusty était accro à Carolyn.
On retrouve un Jake Gyllenhaal en grande forme et une plume acérée, celle David E. Kelley, maestro du genre avec des productions telles que Big Little Lies ou encore The Undoing, au service d'une série d'un excellent acabit.
Les détails et les indices glissent lentement et s'insèrent dans le récit. Surtout, Kelley distille le mystère d'un meurtre à travers différentes intrigues juridiques, sans jamais engourdir la bonne marche du récit, offrant une belle marge de manoeuvre à son casting pour incarner cette enquête aux multiples visages.
Gotham City a d'autres personnages iconiques sous le capot, sans avoir besoin de Batman rôdant dans les parages. Colin Farrell en a campé un et a surtout démontré l'étendue de son talent dans une série taillée comme un polar noir.
Le Pingouin, complexé par sa démarche douloureuse, joue des coudes dans les bas-fonds de Gotham City. Lui, le petit gangster qui gravit les échelons, tente de faire tomber les deux familles qui règnent sur la ville. C'est sanglant, ultra-rythmé, charismatique. Une série bien torchée qui se révèle d'une efficacité démoniaque.
Encore Colin Farrell. Cette fois-ci, il est plus à son avantage physiquement, moins de maquillage sur le museau et tiré à quatre épingles dans ce thriller noir qui s'enfonce dans un complot.
John Sugar roule sa bosse et file du côté de Los Angeles. Il s'engage dans une enquête pour retrouver la petite-fille disparue de l'énigmatique producteur hollywoodien Jonathan Siege (James Cromwell).
Sugar est un récit qui sent bon le film noir, il est même une lettre d'amour au genre. Mark Protosevich, le créateur, trempe sa plume dans une atmosphère étrange et planante. Il nous embarque dans les tréfonds d'un Los Angeles qui pulse les affaires troubles et surfe sur son héritage hollywoodien.
Guy Ritchie débarque sur Netflix en revisitant son film sorti en 2020. Le cinéaste réussit à remettre une bonne couche de vernis, entre violence et chic britannique.
L'histoire narre celle d'Eddie Horniman (Theo James), qui hérite soudainement du vaste domaine de son père, avant de découvrir qu'il fait partie d'un véritable empire du cannabis. Une mine d'or et une poudrière - pour faire éclater l'absurde comme Ritchie l'apprécie.
Tout comme le film, la série The Gentlemen sème un joyeux désordre avec une précision chirurgicale. Si la série est imparfaite, elle demeure un vrai divertissement bien senti.
Ripley (Netflix)
Shogun (Disney+)
Mon petit renne (Netflix)
The Gentleman/Dérapages (Netflix)
True Detective: Night Country (HBO - Mycanal)
Fellow Travelers (Showtime - Mycanal)