La tension était toujours à son comble, ce lundi, au moment de reprendre les témoignages contre Sean Combs, visé par cinq chefs d'accusation, dont trafic sexuel et racket. Pour ne rien arranger, avant même de reprendre la procédure après le week-end, le parquet a publié, en guise d'avant-goût macabre, une série de documents contenant des pièces à conviction.
Parmi elles, des photographies de plusieurs travailleurs du sexe engagés par Diddy pour ses «freak-offs», ses marathons sexuels sous drogues. Les portraits ont été présentés à chacun des jurés lors du témoignage de Casandra Ventura, alias Cassie, la semaine dernière.
Cette dernière avait alors dû identifier certains d'entre eux. Elle avait oublié le nom des autres.
Mais retrouvons nos protagonistes là où nous les avons laissés, vendredi dernier. Après le témoignage poignant et le contre-interrogatoire musclé de Cassie par la défense, c'est la chanteuse Dawn Richard, 42 ans, ancienne collaboratrice de P. Diddy et amie du couple, qui avait commencé à livrer ses souvenirs au jury.
Des souvenirs qui incluaient notamment des coups donnés avec une poêle à frire dans la maison de Sean Combs à Los Angeles, en 2009.
La chanteuse, qui a travaillé pour Sean Combs de 2004 à 2011 au sein de deux groupes musicaux distincts, «Danity Kane» et «Diddy - Dirty Money», a porté plainte contre lui au civil en 2023, peu après Cassie. Violences, menaces, consommation de drogues, possession d'armes de poing... Dawn Richard a livré un récit aussi détaillé qu'accablant, lundi matin.
L'artiste cite également un certain nombre de célébrités présentes lorsque Sean Diddy aurait frappé Cassie, notamment lors d'un dîner à West Hollywood.
Sans toutefois préciser si ces derniers étaient «seulement» présents au moment des faits présumés, ou s'ils ont pu être témoins des violences supposées.
Puis c'est au tour de la seconde témoin du jour, Kerry Morgan, de se présenter à la barre. Cassie, elle se souvient l'avoir rencontrée vers 2001, alors qu'elles sont toutes deux aspirantes mannequins à New York et deviennent rapidement «meilleures amies».
Cassie, à l'époque, est «amusante», «travaille dur» et rencontre «beaucoup de succès». Six ans plus tard, elle commence à fréquenter Diddy. Le rappeur les emmène alors au restaurant, en boîte de nuit, en voyage à Ibiza ou à Las Vegas. Les drogues, comme l'ecstasy, sont facilement accessibles et circulent en abondance.
Diddy, se souvient Kerry Morgan, est alors «extrêmement généreux, plutôt intimidant – une présence forte». Mais il a aussi ses «sautes d'humeur». Il se montre souvent agité ou contrarié. A plusieurs reprises, elle le voit se montrer violent avec sa meilleure amie. Au jury, elle décrit plusieurs agressions, notamment à Hollywood Hills ou en Jamaïque, en 2013.
«Parfois, je lui disais qu'elle devrait le quitter», affirme Kerry Morgan à la barre. Pour seule réponse, Cassie répond «qu'elle ne peut pas». «A cause de son travail, de sa voiture, de son appartement.»
Leur amitié de 17 ans s'interrompt brusquement en 2018. Lorsque Sean Combs, dans un accès de rage, lui jette un cintre en bois au visage, lui causant une commotion cérébrale. Peu après l'agression présumée, Kerry et Cassie se retrouveront dans une pizzeria de Los Angeles. La petite amie de Diddy lui propose 30 000 dollars en guise de dédommagement et de paiement pour son silence.
Lorsque l'avocat de Diddy, Marc Agnifilo, lui demande pourquoi les deux amies ne se sont pas revues depuis, la réponse de Kerry Morgan fuse.
Sans oublier de conclure qu'elle témoigne à ce procès non pas par choix, mais après avoir été assignée à comparaître. Elle n'a aucune envie d'être là. «J'ai repris ma vie, loin de tous ces gens et de leurs problèmes.»
Le dernier à se présenter à la barre lundi est David James, ancien assistant personnel de Diddy. Un job forcément exigeant qu'il a effectué pendant deux ans, entre 2007 et 2009.
Cassie, il n'a vraiment discuté avec elle qu'à deux reprises. La première fois, sur Star Island, du nom de l'île au large de Miami Beach où Sean Diddy possède encore aujourd'hui une immense maison à 48 millions de dollars. Alors qu'il partage une cigarette ensemble, Casandra Ventura aurait soupiré: «Cet endroit est dingue.»
«Si c'est tellement dingue, pourquoi ne pas partir?» s'enquiert David James.
«Je ne peux pas, il contrôle ma carrière, paie mon allocation et mon loyer», aurait-elle répondu.
La deuxième fois que l'assistant lui adresse la parole, c'était au Festival du film de Sundance, dans un taxi. Elle semble alors «fière et super heureuse». A l'évocation de ce souvenir, David James se met à pleurer.
C'est peu après 15h00 (heure locale) que l'audience a été levée ce lundi. Après David James pour la seconde partie de son témoignage, d'autres témoins sont attendus mardi, dont un escort proche du couple surnommé «The Punisher», ainsi que la mère de Cassie Ventura.