En tant que roi, Charles III possède pleins de trucs super. Pas seulement une longue liste de châteaux, manoirs, cottages et chevaux de course. Non, en vertu de textes séculaires, ce veinard a également la main-mise sur tous les cygnes, esturgeons et dauphins du royaume.
Si la perspective de posséder tous les cétacés du pays doit certainement mettre Charles en joie chaque matin au réveil, il ne s'agit ni de la seule, ni de la plus rentable des possessions du monarque.
Le roi d'Angleterre est également à la tête d'un véritable empire terrestre, le «Crown Estate», d'une valeur estimée à 16 milliards de livres. Ce large portefeuille comprend non seulement de vastes exploitations rurales, des forêts et des terrains à travers tout le pays, mais aussi des rues entières, parmi les plus rentables du centre-ville de Londres. Une source de revenus particulièrement intéressante pour la Couronne, vous pensez bien.
Attention, c'est l'heure du cours de maths royal. Selon un arrangement avec le gouvernement britannique, un quart des bénéfices du domaine de la Couronne vont à la famille royale. Le reste revient au Trésor.
En échange, une partie est versée à la «subvention souveraine», qui permet de couvrir les frais de fonctionnement de la maison royale et les événements tels que les réceptions officielles, les investitures et les garden-parties.
Le Crown Estate comprend encore un autre aspect longtemps sous-évalué: les fonds marins du royaume, jusqu'à 12 miles (19 kilomètres) au large des côtes. Une responsabilité qui n'implique pas que la gestion des algues, comme l'indique le site internet de la société. Il permet, surtout, de louer les fonds marins. Et ça, ça peut rapporter gros.
Ce n'est qu'au cours des dernières décennies que la Couronne a pris conscience de l'énorme intérêt financier de ces zones en mer. En 2021, par exemple, le Crown Estate a décidé de vendre les droits de construction de six nouveaux parcs éoliens au large des côtes de l'Angleterre et du Pays de Galles, à des entreprises telles que BP, Total et RWE. Montant du contrat: 8,8 milliards de livres, excusez du peu.
Ces nouveaux parcs éoliens offshore représentent une énorme aubaine pour la famille royale. Selon le Times, les six baux éoliens vendus aux enchères devraient commencer à générer des revenus à partir de 2024: pas moins d'un milliard de livres sterling par an.
Pour précision: par parc éolien «offshore», n'entendez rien d'illégal. Le terme désigne une activité se déroulant en mer, «au large». Jusqu'à preuve du contraire, Charles est donc un roi respectueux de la loi britannique.
Mieux encore: Charles est un monarque généreux. En janvier, le successeur d'Elizabeth II a souhaité marquer le coup. Le nouveau roi a annoncé son intention de renoncer à garder ces nouveaux revenus pour lui. Les bénéfices générés par ses éoliennes seront redirigés vers le «bien public au sens large», plutôt que la monarchie.
Une décision lourde de conséquences pour la fameuse «subvention souveraine», qui ne recevra plus de prime dans l'immédiat. Si la famille royale se prenait tout à coup de faire gonfler ses finances, elle devra miser sur d'autres actifs de la Couronne - les dauphins, par exemple, ou les esturgeons.
La volonté de Charles d'accorder les revenus de ses fonds marins au «bien public» doit bientôt faire l'objet d'un examen du chien de gardes des dépenses publiques, le NAO. Le «National Audit Office» se penchera dès le mois prochain sur les finances royales. Il s'agira de déterminer où, quoi, comment cette nouvelle source d'argent public sera utilisée.
Selon une source au Times, le NAO, qui prévoit de publier ses conclusions début juillet, n'entend pas se demander si ce financement suffit à assurer le fameux «bon rapport qualité-prix», tant promis par Charles III aux contribuables britanniques. Les membres de la famille royale peuvent également se rassurer: leurs finances privées ne feront pas partie de l'examen. Leurs secrets restent bien gardés.