C'est un «retour à la normale des affaires» lucratif pour la famille royale. Les mots sont de James Chalmers, le nouveau gardien de la bourse privée de la Couronne, qui a pris ses fonctions cette année. Et pour cause. Malgré une année 2024 marquée par les problèmes de santé du roi d'Angleterre et de sa famille, Charles III a perçu quelque 86,3 millions de livres sterling l'an dernier (93 millions de francs environ) – le même montant que les trois années précédentes.
Pour rappel, cet argent provient de la «subvention souveraine» – un paiement annuel versé par le gouvernement britannique, avec l'argent des contribuables, qui permet de financer l'entretien des palais royaux et les fonctions officielles de la famille royale.
En contrepartie, le monarque s'engage à reverser au gouvernement tous les bénéfices du Crown Estate – qui comprend, entre autres, de vastes étendues de propriétés au centre de Londres, l'hippodrome d'Ascot et les fonds marins d'Angleterre, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord –, selon un accord datant de 1760.
Le rapport indique que les finances du Crown Estate sont restées constantes - à 1,1 milliard de livres sterling. Une grande partie de cet argent provient de la location de sites sous-marins à des producteurs d'éoliennes offshore.
Et selon les prévisions publiées cette semaine, ces revenus vont encore augmenter considérablement ces deux prochaines années: jusqu'à 132,1 millions de livres sterling par an. Une augmentation temporaire de 91,6 millions de livres sterling de fonds publics qui doit couvrir les travaux de rénovation du palais de Buckingham.
L'aboutissement d'un projet de dix ans et de 369 millions de livres. Près de neuf miles de câbles électriques et plus de 12 miles de tuyauterie mécanique ont notamment dû être installés, ainsi que de nouveaux ascenseurs et des toilettes accessibles, indique le document.
Ces travaux devraient valoir le coût: toujours selon les comptes publiés ce lundi, quelques 21,5 millions de livres (29,5 millions de dollars) de revenus ont été générés par 10 735 visiteurs du palais de Buckingham et de son aile Est récemment rénovée.
En parallèle, le nombre d'engagements publics effectués par la famille royale britannique s'est réduit comme peau de chagrin au cours de l'année précédant mars 2025. Un rappel cruel des diagnostics de cancer de deux de ses membres les plus éminents, le roi Charles III et Kate, la princesse de Galles.
Si les membres de la famille royale ont entrepris plus de 1900 engagements au Royaume-Uni et à l'étranger au total, selon le rapport, c'est nettement moins que les 2300 de l'année précédente. Et bien loin des quelque 3200 engagements officiels gérés par la reine Elizabeth II et sa famille avant la pandémie de Covid.
Ce qui n'a pas empêché, en revanche, de faire grimper le prix des voyages royaux: lesquels ont augmenté de 500 000 livres pour atteindre 4,7 millions, soit une hausse de 12% par rapport à l'année précédente. Le chiffre le plus élevé depuis la pandémie de Covid-19.
Ceci dit, qu'on se rassure: conformément aux promesses de Charles de couper dans les dépenses et d'offrir aux Britanniques une monarchie bon marché, le train spécial des Windsor, sobrement baptisé «Elizabeth II», sera mis hors service d'ici 2027, dans le cadre de mesures d'économie annoncées par le palais après «un examen approfondi de son utilisation et de son rapport qualité-prix».
La suppression du train, qui nécessite des travaux d'entretien réguliers et spécialisés, devrait permettre à la maison royale d'économiser environ un million de livres par an. Mais c'est aussi un crève-coeur pour les plus nostalgiques.
«Tout comme de nombreux aspects du travail de la maison royale se sont modernisés et adaptés au monde d'aujourd'hui, le moment est venu de faire nos adieux les plus chaleureux, alors que nous cherchons à faire preuve de discipline et d'anticipation dans l'allocation de nos fonds», conclut la déclaration.
Parallèlement, deux hélicoptères constituent «une alternative fiable», précise le rapport. La famille royale a effectué plus de 140 voyages en hélicoptère au cours de l'année, pour un coût moyen par trajet d'environ 3370 livres. Plutôt ironique, vous en conviendrez, de la part d'un roi qui place la «durabilité environnementale» dans le top quatre de ses priorités. (Il précise également que ses deux Bentley seront modifiées pour fonctionner au biocarburant.)
A noter aussi que le salaire du prince William a pour sa part subi une légère baisse depuis le dernier bilan. Les revenus du duché de Cornouailles sont passés de 23,6 millions de livres pour l'exercice 2023-2024 à à 22,8 millions pour l'année écoulée.
C'est également la deuxième année consécutive que William et le palais de Kensington refusent de chiffrer le montant des impôts payés par Son Altesse. Son secrétaire privé s'est contenté d'affirmer que «le prince de Galles paie le taux d'impôt sur le revenu le plus élevé».
Un prince généreux et transparent... jusqu'à un certain point.