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William doit mener la «mission séduction du siècle» avec Trump

PARIS, FRANCE - DECEMBER 7: U.S. President-elect Donald Trump meets Britain's Prince William, Prince of Wales at the UK Ambassador's Residence on the day of the reopening ceremonies of the N ...
Le prince William pourrait jouer un rôle décisif dans la préservation des liens spéciaux entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis.Getty Images Europe

William doit mener la «mission séduction du siècle»

Alors que le premier ministre britannique Keir Starmer vient d'atterrir à Washington DC mercredi, la famille royale britannique pourrait jouer un rôle décisif dans le réchauffement des relations entre les deux nations. Une offensive de charme menée de front par William.
27.02.2025, 18:4927.02.2025, 18:49
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Fin 2020, alors que Joe Biden vient fraîchement d'être élu président des Etats-Unis, tout le monde se prépare à fourguer Donald Trump dans les oubliettes de l'Histoire. Tout le monde? Presque.

Car, en toute discrétion, le roi d'Angleterre Charles III prend soin de maintenir le lien et sa correspondance personnelle avec l'ancien président, en lui faisant parvenir de temps en temps une missive manuscrite, pour «le plus grand plaisir de Donald Trump et de son épouse Melania». Des lettres qu'il attend avec «impatience», flatté de cette attention.

«Beaucoup de gens ne s’en rendent peut-être pas nécessairement compte»
Une source, au Daily Telegraph

N'y voyez pas d'accointances politiques particulières de la part du monarque. Pour les Windsor, la correspondance est un geste naturel et nécessaire. Un héritage de la défunte reine, qui s'était fait une spécialité de bichonner ses relations à vie avec les présidents américains - 13 au total, au cours de ses 70 ans de règne. Elle en avait fait un pilier de la politique étrangère britannique.

NEW YORK - NOVEMBER 01: Prince Charles (L) chats with businessman Donald Trump and his wife, Melania Trump, during the Museum of Modern Art (MOMA) reception on the first day of the royal eight-day vis ...
La relation entre Charles et Donald (ici, en 2005) remonte aux années 80, lorsque le prince de Galles avait pris le thé à Mar-a-Lago, à l'occasion d'un voyage à Palm Beach.Image: Chris Jackson Collection

Une série de maladresses

Si le 47e président entretient des liens cordiaux avec le roi d'Angleterre depuis des décennies, on ne peut pas dire qu'il en soit autant du Royaume-Uni et des Etats-Unis, dont la relation a été mise à mal par plusieurs «bévues» diplomatiques ces derniers mois.

A commencer par les critiques de plusieurs personnalités éminentes du parti du premier ministre travailliste, Keir Starmer. Pour ne citer que lui: le tout nouvel ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Lord Mandelson, qui a démarré son mandat en s'excusant platement pour avoir décrit Donald Trump comme un «danger pour le monde» et un «presque-nationaliste blanc et raciste». La nomination de cet «idiot», selon les mots de Chris LaCivita, l’un des plus proches collaborateurs de la campagne Trump, a fait bondir l'administration.

«Savaient-ils qu’il avait fait ces commentaires sur le président? Soit ils n'ont pas vérifié, ce qui est incompétent, soit ils s’en sont moqués, ce qui prouve leur malveillance. Je ne suis pas sûr que l’un ou l’autre soit génial»
Une source de la Maison-Blanche, auprès du Telegraph

Pour ce qui est des liens personnels entre le président Donald Trump et Sir Keir Starmer, difficile de trouver compagnons de route plus différents. Un promoteur immobilier américain, populiste et fondateur d'un mouvement MAGA à son image. Un ancien procureur d’Etat britannique, réputé pour son esprit procédurier, son respect des règles et son style modéré.

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Sir Keir Starmer en septembre dernier, à la Maison-Blanche. Keystone

Le contraste n'a pas empêché Donald Trump d'affirmer «avoir une très bonne relation» avec son homologue, qu'il «aime beaucoup». Lors d'un appel téléphonique détendu en décembre dernier, leurs sujets abordés allaient du parcours de golf de Donald Trump en Ecosse, à son admiration pour la barbe «moderne» du prince William, en passant par son «obsession» pour le nombre d’oiseaux tués par les éoliennes.

Une mission pour William

Malgré une longue liste de faux pas diplomatiques «qui n'auraient pas dû se produire», selon Washington, il semblerait que Keir Starmer ait été reçu de manière conviviale par Donald Trump, ce jeudi. «Le plus important, à l'heure actuelle, est de trouver comment s'assurer que la relation ne dérape pas et d'essayer de réparer une partie des dégâts», glisse une source proche de la Maison-Blanche dans le Daily Telegraph.

«C'est là que je pense que le roi et le prince William peuvent vraiment aider»
Une source proche de la Maison-Blanche, au Telegraph

En effet. Pour préserver la relation si «spéciale» entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis et adoucir une atmosphère pour le moins tendue, les Windsor sont attendus au tournant. Prêts à être déployés dans rien de moins que «la mission de soft power la plus importante du 21e siècle», selon le quotidien britannique conservateur.

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Donald Trump n'a jamais caché son adoration pour la défunte reine Elizabeth.Getty Images Europe

L'idée n'a rien de fantasque. Car l'affection que voue Donald Trump à la monarchie britannique, qu'il a hérité de sa mère écossaise et grande fan d'Elizabeth II, n'est plus à démontrer. Pour l'anecdote, le président conserverait un album photo de ses rencontres avec la défunte monarque et sa progéniture, à bord de son avion.

Selon Ed Owens, historien royal, c'est l'aura de la famille royale et l'autorité «traditionnelle» qu'elle dégage qui attire Donald Trump telle une mouche le miel. «Ils font partie des personnes les plus connues au monde et il aimerait penser qu'il est la personne la plus connue au monde», poursuit l'expert sur CNN.

«Pour Trump, la famille royale est l'incarnation du 'J'ai réussi'. Rencontrer la famille royale est une véritable opportunité pour lui»
Evie Aspinall, directrice du groupe de réflexion British Foreign Policy Group, dans Politico

C'est tout particulièrement le cas de Kate et William, qu'il perçoit comme «l'avenir et le jeune couple glamour de la monarchie». «Nous serions fous de ne pas en profiter», confie à ce sujet une source de Whitehall.

«Il adore que leur poussière d'étoile déteigne sur lui, et il est d'une importance vitale que le maximum soit tiré de ces relations»
Max Foster, journaliste américain, au magazine HELLO!

Pour William, tous les feux sont au vert. Lui qui exerce désormais une influence «vraiment puissante et vraiment importante» sur l’avenir de cette «relation spéciale», il serait «ravi» de se lancer dans une offensive de charme royal.

Le prince «réalise le rôle important que lui et sa famille jouent», renchérit une source du palais au Telegraph. «Il est important que nous ne soyons pas impliqués dans la politique quotidienne, mais lorsque le moment est venu et que le gouvernement de Sa Majesté demande de l'aide, le prince est heureux de jouer son rôle et de soutenir là où c'est nécessaire.»

Comme pour le premier ministre Keith Starmer, le coup de foudre entre le prince britannique de 42 ans et le président américain de 78 ans n'a rien d'une évidence. Alors que la politique énergétique de Donald Trump se résume à «forer bébé, forer», annuler l'interdiction des pailles en plastique tueuses de tortue et la construction d'éoliennes sur son territoire, le prince et son père Charles III ont placé la lutte contre le changement climatique au cœur de leurs patronages.

Et pourtant. Lors de leur rencontre en décembre, à l'occasion de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame en décembre, la conversation entre Donald et William semble avoir été plus que fluide: elle s'est révélée carrément «chaleureuse».

PARIS, FRANCE - DECEMBER 7: U.S. President-elect Donald Trump meets Britain's Prince William, Prince of Wales at the UK Ambassador's Residence on the day of the reopening ceremonies of the N ...
William et Trump se sont entendus comme larrons en foire, en décembre dernier.Getty Images Europe

Et, c'est assez rare pour le souligner, le président américain n'a pas tari d'éloges après ce moment avec le prince de Galles: «un homme bon», «vraiment très beau» et qui «fait un travail fantastique».

«C’est un bel homme… Il était vraiment très beau hier soir. Certaines personnes sont plus belles en personne. Il était superbe. Il avait l’air vraiment sympa, et je le lui ai dit»
Donald Trump au New York Post, au lendemain de la rencontre du duo à Paris

Des compliments qui ont dû faire tourner le sang du pauvre prince Harry, cible de la colère et de plusieurs attaques du président américain depuis son départ pour les Etats-Unis avec sa femme Meghan, en 2020.

Une future visite d'Etat?

Leurs opinions divergentes sur le climat n'empêcheront pas les membres de la famille royale de poursuivre leur opération séduction. «Je ne pense pas que le roi va abandonner, il va continuer à souligner l'importance de l'action climatique», spécule l'historien royal Ed Owens. «Mais il le fera avec délicatesse. Il sait qu’il n’a aucun rôle sérieux à jouer dans la politique américaine».

«Le roi, en restant un maître diplomate, trouvera un moyen de faire fonctionner cette relation et de la développer», abonde le journaliste de CNN, Max Foster.

«William et lui sont de véritables experts en diplomatie; ils ont une vie entière d'expérience dans ce domaine. Ils trouveront un terrain d'entente, et ils savent écouter»
Max Foster, journaliste américain, au magazine HELLO!

Désormais, les spéculations se multiplient sur le fait que Keith Starmer aurait glissé dans ses bagages un cadeau spécial pour flatter Donald Trump: une invitation pour une visite d'Etat au château de Balmoral, la résidence d'été de la famille royale, l'an prochain.

Tables are set for the Return Dinner at Winfield House, the residence of the Ambassador of the United States of America to the UK, in Regent's Park, London, attended by the US President Donald Tr ...
La famille royale n'a pas son pareil pour recevoir - ici un déjeuner de visite d'Etat, en 2019.PA Images

Reste à savoir si Donald Trump pourrait devenir le tout premier dirigeant élu à se voir offrir deux visites d’Etat. La dernière date de 2019. Elle a été précédée d'une première visite plus «officieuse» en 2018 - qui ne compte pas vraiment, car elle n'avait pas impliqué tout le cérémonial habituel, banquet, défilé militaire, parades à cheval et grands discours. Un attirail qui implique une organisation démente. Plusieurs officiels assurent qu'une telle invitation ne sera pas possible avant la fin du mandat, dans quatre ans.

Dans tous les cas, l'invitation a de quoi poser des questions. Pourquoi accorder un tel gage d'importance à l'un des chefs d'Etat les plus controversés de mémoire moderne, dont la définition de démocratie est très... relative? En particulier de la part d'une institution censée rester à l'écart de la politique? A ce sujet, plusieurs officiels tiennent à se justifier.

«Le palais et le gouvernement traitent tous deux la présidence américaine non pas selon la personne, mais la position. Vous devez lui rendre hommage»
Un ancien courtisan, au Telegraph

Autre possibilité pour le gouvernement britannique? Déployer le prince et la princesse de Galles aux Etats-Unis, un peu plus tard au cours du mandat Trump, ce qui pourrait motiver l'impétueux président à se tenir tranquille et à préserver ses relations avec le Royaume-Uni dans l'intervalle. La proposition paraît d'autant plus alléchante que 2026 marque le 250e anniversaire de l'indépendance américaine.

Et comme en diplomatie, tout est transactionnel, cette visite ne serait pas dénuée d'intérêt pour Kate et William, qui n'ont pas effectué de tournée officielle en Amérique depuis 2011 - et où ils sont aussi populaires qu'attendus. Ils apporteraient un «facteur glamour et de nouveauté», souligne Sally Bedell Smith, historienne royale basée aux Etats-Unis.

Aussi incomparable que difficile à quantifier, le «soft power» de la famille royale britannique est à nouveau sur le point de démontrer son utilité.

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source: epa / hugo burnand/clarence house / ha
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