À l'automne, les monstres sont de sortie. Mais quels monstres? Car, dans notre beau petit pays aux origines paysannes et montagnardes, les croyances sont fortes et les mythes sont légion. Voici certaines des créatures que notre folklore romand abrite, qui pourront peut-être vous inspirer un déguisement pour Halloween.
C’est à la fin du XVIIe siècle que l’on entend parler du Tatzelwurm dans les Alpes suisses. Des témoignages évoquent une sorte de petit serpent d’une trentaine de centimètres, au corps d’anguille et dont la peau blanche ou noire peut être tachetée d'orange. Il posséderait deux pattes avec des griffes acérées à l'avant, et surtout, une tête qui serait proche de celle d'un chat.
Cette créature est agressive, elle surprend par ses bonds impressionnants. Une légende était née, les rumeurs s’intensifièrent et traversa les époques. Ainsi, en 1779, un homme raconta avoir eu une crise cardiaque en fuyant deux de ces créatures. En 1883, on dit que l’un d’eux a été observé pendant de longues minutes depuis un restaurant de montagne. Deux braconniers, en 1921, prétendirent qu’un Tatzelwurm a fait un bond de plus de trois mètres pour les attaquer. Pour finir, en 1954, un Tatzelwurm aurait traversé la frontière française et aurait attaqué des cochons.
Si de vraies recherches furent menées pour trouver des spécimens de cette créature, aucun Tatzelwurm n’a été trouvé (pour le moment).
Animal mythologique très présent en Suisse, la vouivre est un dragon d’eau qui aime se repaître de moutons. Lorsqu’elle sort de l’eau, la vouivre se transforme en femme au front orné d’un diamant et peut ainsi se déplacer sur la terre ferme. Lorsqu’elle retourne à l'eau, la femme vouivre reprend sa forme de serpent. Présente dans les cathédrales, la vouivre signale la présence d’un cours d’eau sur lequel est construit l’édifice religieux.
Des récits rapportent la présence d’une vouivre au lac des Chavonnes, à la manière d'un monstre du loch Ness vaudois.
À Neuchâtel, on raconte qu'une vouivre se prélassait souvent dans les gorges de l’Areuse et terrorisait la population. Un jour, un habitant de Saint-Sulpice décida d'affronter la créature. Ce vaillant citoyen parvint à occire le monstre. Malheureusement, il mourut empoisonné du sang venimeux répandu par le monstre.
Comme les vouivres, les dragons sous leurs formes classiques sont également présents dans le folklore alpin. Avec ses nombreux lacs et ses sommets difficilement accessibles, les Alpes ont longtemps été le décor de dragons aussi terrifiants que majestueux.
Avec leurs ailes imposantes et leur souffle destructeur, les dragons venaient réveiller les peurs de voir son bétail disparaître ou d'être victime des catastrophes naturelles. Dans le canton du Valais, on raconte l’histoire du dragon du Grand Muveran, à qui l'on doit les couleurs flamboyantes des couchers de soleil en été et la fonte des glaces au printemps, lorsqu'il se réveille.
Dans le canton de Fribourg, le lac Noir abriterait également un dragon sorti des entrailles des montagnes pour punir la méchanceté d'un homme qui tuait des animaux sans le moindre remords. Il se mit alors à pleuvoir à torrents et la flaque formée devint rapidement un lac, noir comme sa colère.
La légende de Gargantua apparaissait déjà dans les contes celtiques du Moyen Âge. Alors que ce géant se rendait en Italie, il chercha à s’hydrater. Il commença alors à creuser de ses mains le long du Rhône et c'est de son trou que serait né le Léman. On raconte qu'au fond du lac, les griffures et les cratères pourraient témoigner du passage du géant. Le mont Salève qui domine Genève se serait formé grâce aux tas de déblais déposés sur la rive gauche du Rhône. La colline de Monthey, en Valais, serait également sa hotte remplie de terre qu'il aurait laissé tomber.
Gargantua n'était pas seul. Il était accompagné dans ses pérégrinations par un autre géant, nommé Cervin. Sous le poids de ce dernier, la montagne s'est écroulée, ne laissant visible que l'espace entre ses deux jambes, qui donne la célèbre forme pyramidale du sommet le plus célèbre de Suisse.
Les fées ont longtemps fait partie du patrimoine suisse. Ces petites créatures ailées vivent dans la nature et se regroupent souvent autour des lacs et des points d’eau. Malheureusement, les fées sont des êtres particulièrement sensibles à leur habitat naturel.
Affaiblies par l’impact humain sur leur écosystème, les fées ont été contraintes de trouver refuge dans des lieux inaccessibles. Les fées de la vallée de Joux se sont donc abritées dans les eaux de son lac, ce qui lui donnerait ses reflets si brillants. Certaines autres ont pu s’exiler dans des grottes, c’est notamment le cas des fées de Saint-Maurice, dans la grotte qui porte leur nom. Dans les grottes de Vallorbe, au dire de ceux qui les avaient vues, les fées étaient grandes, belles et leur voix était harmonieuse.