Simon Ehammer était de bonne humeur au Hallenstadion de Zurich, où avait lieu ce week-end le Super10Kampf de l’Aide Sportive Suisse. L'événement s'est tenu dans une ambiance survoltée, ce qui plaît au jeune homme de 24 ans, un brin extraverti. Cette atmosphère lui a sans doute rappelé le meeting de Götzis, le rendez-vous annuel des décathloniens, sa compétition préférée.
Le détenteur des records de Suisse du décathlon et de la longueur garde néanmoins un mauvais souvenir de sa dernière venue en Autriche. Son abandon chargé d'émotions au printemps dernier à Götzis l'a contraint à renoncer au décathlon des Jeux olympiques de Paris 2024.
Simon Ehammer a aujourd'hui surmonté sa plus grosse désillusion de sa saison. Parce qu'il a compris les causes de cet abandon innatendu. L'Appenzellois a été opéré à l'épaule en fin d'année dernière. Il est ensuite revenu en pleine forme et a excellé tout l'hiver. Il ne comprenait donc pas sa contre-performance en Autriche plus tard au printemps, lui qui avait à nouveau des attentes élevées. Or sa régularité en salle peu après son opération était de l'ordre de l'exceptionnel. «La constance n'était pas encore garantie» à Götzis, dit-il avec du recul.
La quatrième place de Simon Ehammer à la longueur aux Jeux olympiques de Paris 2024 pourrait, elle aussi, avoir un goût amer. Or elle ne l'affecte pas. «J'ai été toute la saison sur le podium du saut en longueur, sauf aux Jeux olympiques. Malgré ma quatrième place, je conserve volontiers l'expérience et les émotions», confie-t-il non sans une certaine maturité.
Le regard de Simon Ehammer est donc tourné vers l'avenir. L'athlète s'est d'ailleurs déjà prêté avec ses entraîneurs au petit jeu de la planification pour la suite de sa carrière. «Nous avons appris à planifier les saisons pour pouvoir mener une double activité», explique Ehammer. Cela signifie qu'à l'avenir, il combinera saut en longueur et décathlon en fonction des événements. Le champion du monde en salle de l'heptathlon se fixe néanmoins des priorités pour 2025.
En 2025, Simon Ehammer se focalisera d'abord sur l'heptathlon des Européens en salle aux Pays-Bas en mars, puis sur le concours de la longueur des Mondiaux en salle en Chine, deux semaines plus tard. Les Championnats du monde extérieur, à Tokyo en septembre, seront enfin le théâtre d'une grande première.
L'athlète voudra d'abord confirmer sa troisième place obtenue à la longueur aux Mondiaux 2023, puis il se lancera deux jours plus tard dans un décathlon éreintant. «Je vais pouvoir me concentrer pleinement sur les deux disciplines grâce à cette pause. J'aurai également des certitudes. Je pourrai m'appuyer sur les routines des épreuves combinées effectuées durant la saison», lance Ehammer.
L'Appenzellois émet tout de même une réserve en vue de son double objectif: «Il y a une condition: être compétitif dans les deux disciplines. Je ne veux pas participer uniquement pour être là». Bonne nouvelle, il bénéficiera l'an prochain d'une saison moins stressante, faute de Jeux olympiques, pour réussir son coup. «J'ai certes des attentes pour les grands événements, mais je n'ai pas besoin d'avoir atteint un certain nombre de points avant les Championnats du monde. Je peux me présenter plus détendu», raconte-t-il, ce qui n'était pas le cas à Götzis au printemps dernier, où il devait absolument performer en vue de Paris 2024.
Enchaîner longueur et décathlon reste toutefois un véritable défi pour lui. Les dix travaux d'Hercule sont traumatisants, et les coupler à une autre épreuve en championnat n'est pas sans risque pour son corps. En voulant jouer sur deux tableaux, Simon Ehammer se lance dans un sacré pari.