Avant l’Euro 2024, l’UEFA avait pris une mesure qui avait ravi de nombreux fans de foot, dont je faisais partie: seuls les capitaines des équipes seraient en droit de venir discuter (et donc réclamer) auprès de l’arbitre ou de ses assistants. Tout autre joueur qui le ferait écoperait d’un carton jaune. L'instance du foot européen précisait dans un communiqué:
Objectif? Eviter les attroupements autour du directeur de jeu, où les footballeurs faisaient souvent preuve d’un langage corporel agressif, pour protéger ce dernier. Mais aussi permettre un dialogue posé et constructif avec un seul interlocuteur dans l'équipe, soit tout le contraire d'un bouillon d'émotions collectives.
Ces scènes avaient notamment de quoi donner de mauvais exemples aux jeunes footballeurs, à qui l’on est censé inculquer le respect envers toute autre personne sur le terrain (et même dans les tribunes). La consigne a largement été appliquée pendant l’Euro, avec plusieurs joueurs qui ont reçu un carton jaune parce qu’ils avaient outrepassé la nouvelle directive.
Mais il y a pire: l'incohérence des hommes en noir. Dimanche, lors de la demi-finale de Coupe suisse entre Bâle et Lausanne, Monsieur Fedayi San a averti le Lausannois Jamie Roche à la 84e minute, parce que ce dernier a contesté une décision. L'arbitre a bien fait comprendre la raison du carton jaune au milieu vaudois, en lui mimant avec sa main une bouche qui parle trop. Fedayi San a donc appliqué la mesure pré-Euro 2024.
Le problème, c'est que ce même arbitre (qui a été très bon tout le reste du match, il faut le souligner) n'a pas averti le Bâlois Philip Otele quelques minutes plus tard, alors qu'il a lui aussi protesté contre une décision arbitrale. Depuis le bas de la tribune, sa contestation paraissait même beaucoup plus agressive, au niveau du langage corporel, que celle de Jamie Roche.
Furieux, Otele s'est retourné vers l'arbitre assistant et lui a hurlé dessus, en balançant son bras et son poing (à bonne distance, toutefois) dans sa direction.
Fedayi San et tous ses confrères, à travers la planète, doivent absolument éviter ce «deux poids, deux mesures» concernant les réclamations. Si Jamie Roche avait été expulsé plus tard à cause d'un deuxième carton jaune, par exemple, le LS aurait eu de quoi se sentir lésé.
Alors oui, les arbitres seraient bien inspirés de se remémorer cette excellente directive avant l'Euro 2024, permettant seulement au capitaine de venir réclamer, et sans agressivité.