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Tour de France: des cyclistes hyper-connectés, donc plus vulnérables

epa10732559 Eritrean rider Biniam Girmay (L) of team Intermarche-Circus-Wanty, British rider Mark Cavendish (C) of Astana Qazaqstan Team and Belgian rider Jasper Philipsen (R) of team Alpecin-Deceunin ...
Les coureurs lors de l'arrivée au sprint à Bordeaux, le 7 juillet dernier. Image: EPA

Sur le Tour de France, le stress d'un peloton hyper-connecté

Oreillettes, GPS et systèmes météo inondent d'informations le peloton et peuvent accentuer le danger en course. «Nous sommes télécommandés», admet un coureur.
17.07.2023, 06:0217.07.2023, 08:01
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Depuis leur introduction dans le peloton en 1990, les oreillettes cristallisent les critiques des puristes sur le téléguidage des coureurs par leur directeur sportif distillant ses consignes depuis son véhicule. D'autres innovations technologiques devenues populaires dans les équipes, comme l'application Veloviewer, ont encore renforcé ce sentiment.

«On perd ce côté spontané du cyclisme», déplore le Français Nans Peters, 29 ans et vainqueur d'étape dans la Grande Boucle à Loudenvielle en 2019.

«Des bourrins, qui ne réfléchissent pas mais sont très forts, peuvent gagner des courses. Nous les coureurs, nous sommes télécommandés au final»
Nans Peters
Image

Surtout, le grimpeur d'AG2R-Citroën, qui se dit «contre» les oreillettes, pointe leur éventuel danger: «Ça génère du stress». Les directives étant loin de se limiter aux extraits fades diffusés à la télé. «Tu as plus de 170 coureurs qui reçoivent le même ordre à l'oreille, au même moment, ça crée plus de tension qu'avant», estime lui aussi le Belge Dries Devenyns, le vétéran de ce Tour de France qui fêtera ses 40 ans la veille de l'arrivée à Paris.

«Avant on était plus tranquille dans le peloton», se remémore avec un brin de nostalgie l'équipier de Julian Alaphilippe au sein de Soudal-Quick Step. «Avec l'introduction d'outils comme Veloviewer, par exemple, tout le monde sait ce qui nous attend là, là et là.»

Cette application obnubile les directeurs sportifs de toutes les équipes du Tour. Veloviewer indique en direct la progression au fil du parcours sur un écran affichant aussi la pente, la direction du vent et certains marqueurs pré-enregistrés. Les encadrements peuvent aussi ajouter à volonté des points, indiquant par exemple les ronds-points ou virages devant être abordés bien placé.

«C'est un super outil. Mais le truc, c'est qu'il y a comme un compte à rebours dans les oreillettes: "dans dix bornes, on est au pied de la montée", puis "dans deux bornes", "dans un kilomètre"... On sent cette pression. Quand on entend ça à l'oreillette, c'est que l'information est passée dans tout le peloton en même temps. Tout de suite, tac, il y a un bond de la nervosité.»
Nans Peters

Avis partagé par le Belge Victor Campenaerts qui a participé au contrôle de l'échappée mercredi pour son sprinter Caleb Ewan: «On sait à quels moments ce sera piégeux, ça crée des situations très tendues, avec parfois des chutes.»

Victor Campenaerts from Belgium of team Lotto Soudal in action during the third stage, a 9,9 km race against the clock between Ollon and Villars during the 72th Tour de Romandie UCI ProTour cycling ra ...
Campenaerts en 2018 sur le Tour de Romandie.Image: KEYSTONE

D'autant que ces fichiers peuvent être affichés sur les compteurs des coureurs - en général seulement le tracé - avec le risque de les distraire du pilotage de leur vélo.

«On peut avoir un oeil dessus, moi le premier, reconnaît le Français Adrien Petit. Ça peut être dangereux sur le plat si tu jettes un coup d'oeil 200 mètres avant un virage, tu peux toucher une roue. Mais quand tu es à 100 à l'heure dans une descente, tu es bien content de voir que le prochain virage est une courbe qui se referme. Il faut peser le pour et le contre.»
Adrien Petit, coureur d'Intermarché- Circus-Wanty

En cas de crainte de bordures, quand le peloton est disloqué sous l'effet d'un fort vent de côté, Windfinder est l'outil prisé des directeurs sportifs détaillant orientation et force des rafales.

«Il n'y a plus moyen de surprendre», constate avec mélancolie le Français Tony Gallopin qui a annoncé sa retraite en fin d'année à 36 ans.

«Tout le monde a les mêmes informations, le même système météo, le même système GPS»
Tony Gallopin

Après 16 ans dans le peloton, ses débuts semblent bien lointains au maillot jaune d'un jour en 2014: «Ça va paraître un peu ringard mais pour mon premier Tour d'Espagne (réd: en 2010), je suis parti avec la carte Michelin dans la valise.»

(ats/afp/jcz)

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