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Pourquoi les Suisses sont si forts en course contre-la-montre

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Stefan Bissegger (au centre) et Stefan Küng (à gauche) ont respectivement remporté l'or et l'argent du contre-la-montre aux championnats d'Europe de Munich. Image: keystone

Pourquoi les cyclistes suisses sont si forts en contre-la-montre

Avec deux médailles d'or (Bissegger et Reusser) et une d'argent (Küng), les Helvètes ont fait un carton jeudi dans la discipline aux championnats d'Europe de Munich. Ils ont perpétué une longue tradition dans notre pays.
18.08.2022, 11:4818.08.2022, 11:53
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On pourrait presque devenir blasé tellement c'est devenu une habitude de voir des Suisses sur le podium des épreuves de contre-la-montre. Mais le plaisir reste pourtant intact à chaque fois devant ces exploits. Derniers en date, ceux de Stefan Bissegger, Stefan Küng et Marlen Reusser jeudi à Munich.

Les deux Thurgoviens ont remporté respectivement l'or et l'argent des championnats d'Europe, tandis que la Bernoise a été sacrée chez les dames.

Et c'est tout sauf une surprise: ces trois coureurs cartonnent depuis trois ans dans la discipline. Si Bissegger (23 ans) a remporté son premier grand titre, Küng (28 ans) a été champion continental en 2020 et 2021. Reusser (30 ans), elle, a conservé son titre européen et est, entre autres, vice-championne olympique. Mais il n'a pas fallu attendre ces trois pépites pour voir des Helvètes briller en chrono.

En premier, on pense bien sûr à Fabian Cancellara, quadruple champion du monde et double médaillé d'or olympique (2008 et 2016). Mais il y a aussi eu Alex Zülle (champion du monde 1996) ou encore Karin Thürig (or mondial en 2004 et 2005). C'est simple: chez les hommes, la Suisse est la deuxième nation la plus titrée aux championnats du monde derrière l'Allemagne.

Trait de caractère helvétique

Plusieurs raisons expliquent l'aisance de nos compatriotes en chrono. Pour Rubens Bertogliati, champion national 2009 et 2010 du contre-la-montre, la première est d'ordre culturel: «Le contre-la-montre est une discipline adaptée aux Suisses, tranche le Tessinois. Parce que dans notre pays, on a besoin de certitudes, de tout contrôler. Avant la course, on peut facilement visualiser le parcours et déterminer des objectifs précis de chrono à différents points du tracé. Contrairement aux autres courses, tout est prévisible dans le contre-la-montre.»

Rubens Bertogliati a remporté la première étape du Tour de France 2002 et s'était emparé du maillot jaune.
Rubens Bertogliati a remporté la première étape du Tour de France 2002 et s'était emparé du maillot jaune. image: keystone

Comme le service au tennis, par exemple, le chrono en cyclisme est le seul exercice qui ne dépend pas des autres protagonistes. Moins de risques de (mauvaises) surprises, donc.

Structures de pointe

Au psyché helvétique, il faut ajouter la passion et l'abnégation de certains dès la fin des années 2000 pour développer la discipline. «Le déclencheur, ça a été l'entraînement de la poursuite sur piste avec le coach Daniel Gisiger», analyse Richard Chassot, directeur du Tour de Romandie. Une discipline très proche du chrono sur route, qui requiert les mêmes qualités athlétiques (puissance) et techniques (savoir garder sa ligne et aérodynamisme).

En 2007, l'ancien coureur est devenu l'entraîneur de l'équipe suisse d'endurance sur piste. Il l'a amenée à la deuxième place européenne en 2015, année où Stefan Küng est aussi devenu champion du monde en poursuite individuelle.

«Daniel Gisiger a beaucoup travaillé avec les jeunes talents et s'est aussi focalisé sur leur détection», complète Richard Chassot. «Stefan Küng et Stefan Bissegger sont ses protégés, appuie Olivier Senn, directeur du Tour de Suisse. Depuis le début des années 2010, avec les JO de Rio 2016 en ligne de mire, Daniel Gisiger a organisé des camps d'entraînement plusieurs semaines par année, notamment au vélodrome de Granges.»

Die Schweizer Bahnradfahrer Silvan Dillier, Mitte, und Oliver Beer, rechts, fahren hinter ihrem Trainer Daniel Gisiger auf der Bahn, waehrend einem Training, am Dienstag, 23. Februar 2016, im Velodrom ...
Daniel Gisiger sur son scooter au vélodrome de Granges en 2016. Derrière, Silvan Dillier et Oliver Beer doivent transpirer davantage que le coach. Image: KEYSTONE

Le complexe soleurois a été construit en 2013, sous l'impulsion d'Andy Rihs, ex-propriétaire des équipes Phonak et BMC, aujourd'hui décédé. 11 ans plus tôt, le Centre mondial du cyclisme à Aigle, doté lui aussi d'une piste intérieure, sortait de terre. Deux endroits, donc, où les meilleurs rouleurs du pays peuvent venir s'affûter quand ils le souhaitent, indépendamment de la météo. Ils ont aussi la possibilité de perfectionner leur aérodynamisme dans des souffleries.

Le vélodrome de Granges, construit en 2013.
Le vélodrome de Granges, construit en 2013. image: keystone

Biberonnés au chrono

Mais il n'a pas fallu attendre ces infrastructures haut de gamme pour que les cyclistes suisses développent leurs aptitudes au chrono. Rubens Bertogliati, 43 ans, s'en souvient:

«Déjà quand j'étais junior, je disputais un contre-la-montre au Tour du Pays de Vaud. Dans les courses suisses, il y en avait déjà beaucoup, du coup on pouvait facilement travailler cette discipline. C'est moins le cas en Italie, par exemple, même si nos voisins commencent à en placer davantage dans leurs épreuves»
Rubens Bertogliati, ex-cycliste professionnel

A l'époque, le Luganais avait comme modèle Alex Zülle et Tony Rominger, qui ont été des sources d'inspiration pour lui. Les Küng, Bissegger ou Reusser ont, eux, certainement rêvé d'exceller comme Fabian Cancellara, qui a pris sa retraite en 2016. «Il a donné confiance aux jeunes cyclistes suisses en leur montrant que c’était possible d’y arriver, se réjouit Richard Chassot. Et il peut partager avec eux toute son expérience.»

Fabian Cancellara avec sa médaille d'or aux Jeux olympiques de Rio en 2016.
Fabian Cancellara avec sa médaille d'or aux Jeux olympiques de Rio en 2016.image: keystone

Coup de pouce de la nature

Si «Spartacus» a autant brillé dans la discipline, c'est bien sûr aussi grâce à sa morphologie (1 mètre 86 pour 82 kilos), taillée pour les épreuves de puissance.

Marlen Reusser (180 cm, 70 kg) explique son propre succès uniquement pour la même raison: «Avec Fabian, on a le physique idéal pour le contre-la-montre.» Mais la Bernoise est une coureuse à part. «C'est un phénomène, elle est simplement exceptionnelle au premier sens du terme», valide Olivier Senn.

Et pour cause: elle n'a commencé la compétition qu'en 2017, à 25 ans! Donc sans bénéficier de toute la structure de formation mise en place. «Comme je suis arrivée tardivement dans le cyclisme, le contre-la-montre était la discipline la plus facile pour rapidement performer, analyse la médaillée d'argent olympique. Parce qu'elle demande moins de compétences tactiques et techniques qu'une course en ligne.»

Le 18 septembre prochain, Marlen Reusser, Stefan Bissegger et Stefan Küng tenteront de remporter une première médaille d'or aux championnats du monde, à Wollongong en Australie.

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