Cette célèbre équipe mise sur un grand-père pour se sauver
Début novembre, tout roulait encore. Les Indianapolis Colts caracolaient en tête de l’American Football Conference (AFC) – l'une des deux conférences de la prestigieuse NFL – avec sept victoires en huit matchs, la confiance était au top et la franchise se voyait déjà dans la course au Super Bowl (qu'elle a déjà remporté deux fois, en 1971 et 2007).
Pour se donner toutes les chances, elle avait même validé un énorme transfert pour attirer la star défensive Sauce Gardner. Un pari risqué, tant le prix était élevé.
Un mois plus tard, ce plan «all-in» d’Indianapolis – et l’idée de bâtir l’avenir avec Daniel Jones comme quarterback – s’est écroulé comme un château de cartes. Les Colts ont perdu quatre de leurs cinq dernières rencontres et, à ce rythme, ils manqueraient les play-offs.
Et ce n’est pas tout. Gardner s’est blessé au mollet il y a deux semaines, sans qu’on sache quand il reviendra. Dimanche dernier, Jones a lui aussi lâché, victime d’une rupture du tendon d’Achille lors de la défaite face aux Jacksonville Jaguars. A 28 ans, il est probablement out pour le reste de la saison.
Une seule alternative et un record en vue
Le problème, c’est que les Colts ont cédé leurs choix de premier tour des deux prochains drafts aux Jets pour récupérer Gardner. Autrement dit: plus ils perdent, plus New York en profite. Et quand, lundi, le remplaçant Riley Leonard a à son tour signalé des soucis physiques, Indianapolis s’est retrouvé au pied du mur. L’ancien prodige Anthony Richardson, lui, soigne toujours une blessure à l’œil.
Alors le manager général Chris Ballard et le coach Shane Steichen ont tenté un coup osé: appeler un vieil ami. Philip Rivers. Le même Rivers qui avait disputé sa dernière saison NFL avec les Colts en 2020/21, après seize années passées à San Diego et Los Angeles chez les Chargers – où Steichen était coordinateur offensif. Les deux hommes sont restés proches.
Rivers s’était retiré en janvier 2021, après avoir mené les Colts à onze victoires en seize matchs et frôlé un exploit en play-offs à Buffalo. Depuis, plus de NFL: il entraînait une équipe de lycée en Alabama, où il coachait notamment son fils Gunner. Il a neuf autres enfants et, depuis fin 2024, même un premier petit-enfant, né de sa fille aînée Halle.
Malgré cette vie bien remplie, les Colts ont pensé à «Papi» Rivers. Pas vraiment par choix: les transferts ne sont plus possibles à ce stade de la saison et les alternatives sont rarissimes. Rivers, lui, connaît déjà l’attaque de Steichen et les coulisses de la franchise. Lundi, jour de son 44e anniversaire, il s’est pointé à l’entraînement pour un essai. Mardi, il signait un contrat. Pour l’instant, il est membre du practice squad: il s’entraîne, mais ne joue pas. Mais Steichen a déjà prévenu: il pourrait être sur le terrain ce week-end. Il deviendrait alors le joueur actif le plus âgé de la NFL.
Lors de ce premier entraînement, plusieurs employés ont confié à ESPN avoir été bluffés par sa forme. Certes, il n’est pas prêt pour un match demain matin… mais «il peut encore lancer le ballon», assure l’un d’eux. Un autre explique même préférer Rivers «dans son état actuel à la plupart des remplaçants de 22 ou 23 ans».
Un des plus grands quarterbacks de l’Histoire
Que Rivers lui-même pense pouvoir encore rivaliser ne surprendra personne. L’homme aux 421 passes de touchdown (sixième total de l’histoire) et aux 63 440 yards parcourus à la passe (septième) déclarait encore cet été:
Michael Pittman Jr., star des Colts et déjà coéquipier de Rivers à l'époque, a admis sa surprise dans l’émission Up & Adams. Avant d’ajouter:
Michael Pittman Jr. (28 ans) croit encore au titre: «On est encore vivants.»
Pour rester dans la course, les Colts misent donc sur un quarterback de 44 ans. Rivers a disputé douze matchs de play-offs, mais en a perdu sept. Pour se qualifier en play-offs, Indianapolis devra sans doute gagner au moins deux de ses quatre derniers matchs. Et vu le programme – Seattle, San Francisco, puis Jacksonville et Houston – rien n’est acquis.
«C’est un de ces moments où une porte s’ouvre, et tu dois choisir si tu y vas ou si tu prends la fuite», a résumé Rivers en parlant de son retour.
Philip Rivers est habile à la passe, la preuve 📺
Grandpa Phil slinging the rock 🚀 pic.twitter.com/rtZ9vavBzu
— NFL (@NFL) December 9, 2025
Fuir n’a jamais été son style, même avec quelques kilos de plus qu’à ses grandes heures. De toute façon, il avoue ne plus trop savoir combien il pèse. Le colosse de 196 cm veut simplement voir s’il en a encore sous le capot.
Adaptation en français: Yoann Graber
