La Nati féminine a deux grands rendez-vous prévus ces prochaines semaines: le premier, c'est évidemment son quart de finale de l'Euro 2025 face à l'Espagne, vendredi prochain au Wankdorf (21h). Le second, c'est celui qui rassemblera l'Association suisse de football et Pia Sundhage après le tournoi, lorsqu'il s'agira de penser à l'avenir. Car une menace pèse sur l'équipe de Suisse: elle risque de perdre sa sélectionneuse.
Officiellement, le contrat de Pia Sundhage court jusqu’à fin 2025. Mais elle pourrait quitter ses fonctions plus tôt, à moins qu’elle ne soit désignée pour mener la Suisse dans les qualifications à la Coupe du monde, qui débuteront en février 2026. Aux commandes de ce dossier: Marion Daube, directrice du football féminin à l’Association suisse de football, et surtout la femme qui, début 2024, a confié le destin de la Nati à Pia Sundhage – une Nati alors laissée en ruines après le limogeage d’Inka Grings.
Actuellement, Marion Daube assure que rien n'est décidé pour la suite:
Ce n’est pas un vibrant plaidoyer en faveur d’une prolongation de l’aventure avec Pia Sundhage. Mais cela tient sans doute moins à une réserve de Marion Daube qu’à Sundhage elle-même, qui pourrait considérer sa mission accomplie avec cette qualification en quart de finale de l’Euro.
Pour le moment, Pia Sundhage dégage une sérénité à toute épreuve. Mais cette même sérénité, elle l’avait déjà affichée dans les mois précédant le tournoi, alors même que les signaux étaient au rouge côté suisse: relégation sans gloire en Ligue B de la Nations League, cadres blessées ou sans temps de jeu en club, incertitude persistante au poste de gardienne – les chantiers s’accumulaient. Sundhage, pourtant, est restée égale à elle-même. D’un calme inébranlable, elle a balayé un à un les nuages noirs au-dessus de l’équipe. Et n’a cessé de marteler le même message: «Quand ça comptera, la Suisse sera prête.»
Depuis le 2 juillet, chaque minute compte. Et après trois matchs de groupe et une qualification en phase à élimination directe, un constat s’impose: Pia Sundhage a tenu parole. Tout ce qui viendra après ce quart de finale sera du bonus.
La qualification est tangible, précieuse, historique – elle restera dans les livres. Mais ce qui frappe surtout, c’est la métamorphose de l’équipe par rapport à la préparation: un autre visage. Du jeu, de la vivacité, de l’engagement, un esprit collectif retrouvé – les problèmes d’hier ont disparu. Et cela, malgré une pression immense du public local sur ses héroïnes. Malgré le fait que, pour beaucoup de joueuses, cet Euro est leur première grande scène face au monde entier. Le résultat est là: la manière a séduit, et une véritable vague d’enthousiasme a déferlé sur le pays.
La liste des reproches adressés à Pia Sundhage était longue – trop longue, semblait-il, pour espérer une campagne réussie à l’Euro. Certaines joueuses, par médias interposés, lui avaient reproché des entraînements trop intensifs. La question du poste de gardienne, restée sans réponse jusqu’à une semaine avant le premier match, laissait présager un déficit de confiance chez l’élue. Une autre interrogation persistait: le prodige Iman Beney était-elle mal utilisée en étant cantonnée au poste d’arrière droite – affaiblissant ainsi le collectif? Plus tôt encore, Sundhage avait dû s’expliquer sur son traitement réservé à Riola Xhemaili, longtemps ignorée malgré une saison de haut niveau à Eindhoven.
Aujourd’hui, les critiques n'ont plus lieu d'être: si la Suisse est au rendez-vous, c’est aussi grâce à une préparation physique sans concessions. Sans cette condition optimale, il aurait été impossible de conserver la victoire à la 90e minute contre l’Islande, ni d’arracher la qualification face à la Finlande dans le temps additionnel. Sundhage le résume ainsi:
Et ce n’était pas la seule décision judicieuse: dans les buts, le choix de Livia Peng s’est révélé payant. Contre la Finlande, un réflexe spectaculaire juste avant la pause a joué un rôle clé dans la qualification. Quant à Iman Beney, elle évolue exactement là où ses qualités d’endurance peuvent s’exprimer pleinement, tant en attaque qu’en défense. Et dans le cas de Riola Xhemaili, Pia Sundhage semble avoir trouvé le bon dosage, une gestion alternant reconnaissance et distance qui porte ses fruits.
«Je suis une tête de mule», avait répondu Sundhage à ceux qui lui reprochaient son manque de souplesse. La tête de mule a eu raison – et elle a écrit une page d’histoire avec la Nati. Reste à savoir si elle en écrire encore d'autres.
(Sebastian Wendel/jcz)