Le ski-alpinisme suisse devra faire un choix «difficile»
Jean-Philippe Fartaria s'apprête à vivre une saison doublement particulière. D'abord parce qu'il connaîtra ses premiers JO depuis son engagement comme entraîneur national élites de l’équipe de Suisse de ski-alpinisme, ensuite, et c'est lié, parce qu'il devra écarter plusieurs athlètes talentueux pour le grand rendez-vous de Milan/Cortina. Comment vit-il cette situation? Qui choisir? Et sur la base de quelles critères? Le Valaisan de 34 ans a accepté de répondre à toutes les question brûlantes de cette saison aussi difficile que passionnante.
Jean-Philippe Fartaria, est-ce que vous dormez bien en ce moment?
(il rit) Oui, ça va! J'ai une petite fille de sept mois à la maison, c'est plutôt elle qui m'empêche parfois de trouver le sommeil.
Vous allez devoir faire un choix difficile cet hiver pour les Jeux olympiques.
Oui, car nous avons de très bons candidats pour les JO. Mais tous les choix sont difficiles dans le sport de performance.
Quand est-ce que vous annoncerez les noms des quatre heureux élus (deux hommes et deux femmes) qui iront aux Jeux?
La phase de sélection se terminera officiellement le 5 janvier, et les sélections seront annoncées par Swiss Olympic et le Club alpin suisse au plus tard le 8 janvier. Avant cela, nous aurons une course de Coupe du monde les 6 et 7 décembre à Solitude (Etats-Unis), puis une course de sélection à laquelle les candidats olympiques ne sont pas obligés de participer, et enfin les championnats suisses à La Berra.
Le fait d'annoncer la sélection aussi tard dans la saison, et à seulement 42 jours des épreuves olympiques (les 19 et 21 février à Bormio), peut-il être de nature à perturber les athlètes? Certains pourraient laisser de l'énergie dans la sélection interne et arriver diminués aux JO...
C’est une de nos préoccupations, mais par souci d’égalité des chances, nous ne pouvons pas attribuer une place sur la base des résultats de la saison précédente. Si l’athlète tombe malade ou se blesse, sa place resterait bloquée. D’autres fédérations le font, mais en Suisse, ce n’est pas envisageable. Notre priorité, c’est de maximiser nos chances de médailles et de permettre aux meilleurs athlètes du moment de courir.
Qui désignera les athlètes sélectionnés?
Nous avons un comité de sélection composé de quatre membres de la fédération nationale (le Club alpin): Urs Stöcker, Denis Vanderperre, Esteban Hofer et moi-même. Nous discuterons avec quatre représentants de Swiss Olympic: Ralph Stöckli, ainsi que trois autres membres que l'on ne connaît pas. C'est au terme de ces discussions qu'une décision sera prise.
Et sur quelles bases sera-t-elle prise?
Nous avons un concept de sélection très bien décrit. Le classement mondial joue un rôle, bien sûr, mais nous avons aussi d'autres critères: la qualité technique de l'athlète, la forme de la saison, la progression, le potentiel de progression, les qualités en relais mixte, celles en sprint ainsi que la constance.
Les attentes sont clairement définies, écrites noir sur blanc. On imagine que le fait de connaître le processus de sélection est précieux pour les athlètes.
On a essayé de détailler au mieux, mais il y a aussi une part d'interprétation dans ce processus. Les critères définis ne figurent pas par ordre d'importance, ils ne sont pas pondérés. Mais de toute façon, le job de l'athlète, ça reste de performer et de travailler techniquement.
Les dernières épreuves de relais mixte pourraient vous permettre d'affiner votre choix.
Oui. Pour gagner des places à la Suisse aux JO (des quotas) l'an passé, nous avons gardé la même équipe de relais mixte toute la saison. Cette stratégie a eu le désavantage de ne pas permettre à tous les candidats de montrer ce qu'ils valent dans la discipline. Il reste désormais une course aux Etats-Unis et une autre de sélection pour observer tout le monde, et pouvoir en tenir compte dans notre décision finale.
Combien de médailles la Suisse peut-elle espérer décrocher en ski-alpinisme aux JO 2026?
Lors du test event de la saison dernière, nous avons obtenu cinq médailles: deux chez les hommes, deux chez les femmes et une autre en relais. C'est un petit exploit qu'il ne sera pas facile de réitérer, mais on peut raisonnablement espérer décrocher une médaille dans chacune des trois épreuves au programme olympique.
