L'accident de Dettwiler pose une question dérangeante
Une bonne nouvelle venue d’Asie: le pilote suisse de Moto3 Noah Dettwiler, 20 ans, n’est plus en danger de mort. «Selon les médecins, l’état de Noah est désormais stable et n’est plus critique. Il reste cependant sous surveillance en soins intensifs», a annoncé son équipe française sur les réseaux sociaux.
Depuis le grave accident survenu dimanche avant le Grand Prix Moto3 de Malaisie, Noah Dettwiler est hospitalisé dans une clinique de Kuala Lumpur. Lors du tour de reconnaissance, alors qu’il rejoignait la grille de départ depuis les stands, il a été percuté de plein fouet par José Antonio Rueda. Le champion du monde espagnol a violemment heurté l’arrière de sa moto. Les deux pilotes ont dû être réanimés sur la piste avant d’être transportés à l’hôpital.
Dettwiler souffre de lésions à la rate et aux poumons ainsi que d’une fracture ouverte à la jambe. Son cœur s’est arrêté à plusieurs reprises. Rueda, lui, s’en sort avec une commotion cérébrale, un thorax contusionné et une main fracturée. Il doit rentrer en Espagne cette semaine.
Pour l’heure, la santé de Noah Dettwiler est la seule priorité. C’est tout ce qui compte. On ignore encore s’il pourra un jour reprendre la compétition. Mais après un tel drame, l’heure est aussi au bilan. Et une question dérangeante se pose:
Noah Dettwiler partageait son rêve avec toute sa famille. A ses débuts, l’espoir était grand de le voir devenir le prochain Tom Lüthi ou Dominique Aegerter. Jamais un jeune pilote suisse n’avait disposé d’aussi bonnes conditions de départ. Né à Bâle, il a grandi à Hofstetten-Flüh, dans le canton de Soleure. Très tôt, il découvre sa passion pour la moto de compétition et, dès 14 ans, il organise toute sa vie autour du sport mécanique.
Il ne sera pas le nouveau Tom Lüthi
Fils de parents aisés, actifs dans le bâtiment, Noah Dettwiler s’installe à Valence pour s’entraîner dans les meilleures conditions pendant l’hiver. Il apprend rapidement l’espagnol et parle aujourd’hui cinq langues.
A chaque étape de sa progression – des catégories juniors, notamment le Red Bull MotoGP Rookies Cup, jusqu’à son accession à la troisième division mondiale, la Moto3 – il bénéficie de tout: du meilleur matériel, d’un encadrement complet, et d’un mentor avisé en la personne de Tom Lüthi, le compagnon de sa sœur. A cela s’ajoute un excellent chef d’équipe en Moto3, le Français Alain Bronec, qui avait déjà conduit Dominique Aegerter à la victoire en Grand Prix.
En 2024, Noah Dettwiler dispute sa première saison complète au plus haut niveau, en Moto3. Et au fil de cette deuxième saison mondiale, le constat devient évident: il ne sera pas le nouveau Tom Lüthi.
Sur le plan du championnat, il est dépassé. Malgré une seconde année d’expérience, il n’a montré aucun réel progrès. Depuis le début de sa carrière en 2019, il n’est jamais monté sur un podium international et n’a marqué des points qu’une seule fois en Moto3 (un top 15). Noah Dettwiler est un pilote intelligent, sympathique, mais condamné à rester dans le peloton, sans le potentiel d’une grande carrière – dans un sport où la mort rôde à chaque virage, à l’entraînement comme en course.
