Les fans du FC Sion ont dû être surpris mercredi soir en regardant le Teletext après le match. Le nom de l'unique buteur de la victoire contre Lausanne n'est pas le même que celui hurlé cinq fois par le speaker de Tourbillon quelques minutes avant. Sio a remplacé Baltazar. Et pourtant, il semblait bel et bien que le nom scandé dans le micro était le bon.
Et bien non. «Ça fait plus de 20 ans que je travaille pour la Swiss Football League, et c'est l'un des cas les plus difficiles que j'ai vus», avoue d'entrée David Barras, responsable de la communication et des statistiques de la ligue. Et pour cause: Giovanni Sio semble juste effleurer le ballon devant la cage sur le tir – cadré – du Brésilien. Il paraît même faire un mouvement de recul pour éviter la sphère, histoire d'être sûr de ne pas l'empêcher de rentrer.
Mais la ligne de la Swiss Football League (SFL) est très claire pour déterminer les buteurs:
C'est donc aussi valable s'il le fait involontairement ou que c'est son coéquipier qui a exécuté tout le travail, comme mercredi à Sion.
C'est dans les locaux de la Swiss Football League à Volketswil (ZH), juste à côté de la salle de la VAR, que la réussite est officiellement attribuée à tel ou tel joueur, par des employés qui (re)visionnent les scènes du match. Si le doute persiste, un jury interne à la SFL tranche.
Même si elle ne change pas le résultat du match, l'information est cruciale: elle permet d'associer à chaque joueur ses statistiques exactes. Et l'enjeu est tout sauf anecdotique.
David Barras reçoit aussi des messages ou des appels des footballeurs eux-mêmes, qui veulent faire modifier le compte-rendu du match à leur avantage. «Il y a un intérêt pour eux au niveau des primes de but. Mais il arrive aussi que des joueurs nous contactent pour dire que c'est leur coéquipier qui a scoré. Ça fait plaisir de voir qu'il y a toujours des gens honnêtes dans le football», se réjouit l'employé de la SFL.
Il le confirme: personne n'a appelé du côté du FC Sion après le cas très délicat de la semaine dernière. Il n'y avait de toute façon pas de raison économique de le faire, comme en témoigne le boss valaisan, Christian Constantin:
Même si certains contestataires auprès de la SFL sont mal intentionnés, «la grande majorité des réclamations concernant les buteurs sont bon enfant», sourit David Barras. Il en reçoit une dizaine par année. Il fouille dans ses archives WhatsApp pour retrouver un exemple. «Ah là! Ça date du 7 juillet 2020. C'est Dan Ndoye, alors au Lausanne-Sport, qui m'écrit: "Je vous confirme que c'est bien moi qui marque."»
En février 2019, le même Dan Ndoye avait été contacté par David Barras, toujours avec le soucis de livrer les stats justes. «On ne savait vraiment pas si c'était Cabral ou lui qui avait marqué, du coup je lui ai écrit pour lui demander», rembobine l'expert. «Sa réponse? "Je suis sûr à 300% que c'est moi."» David Barras en a pris bonne note et a complété son fichier.
Une dernière petite info importante pour tous les footeux qui pâlissent à l'idée de voir leur nom associé à un autogoal: si vous déviez le ballon dans votre but sur un tir adverse cadré, vous n'aurez pas à subir cet affront. Mais si la frappe sortait du cadre, alors là, vous serez fiché!