Le FC Aarau a perdu contre Neuchâtel Xamax, vendredi soir à la Maladière (2-1) et cette fois-ci, il n'y avait rien à redire. Mais il en était tout autre dimanche dernier: après le match nul du FCA contre Wil (1-1) au stade du Brügglifeld, les joueurs argoviens étaient fous de rage. Ils avaient l'impression qu'un but leur avait été injustement refusé, et ils n'étaient pas les seuls. Les spectateurs criaient eux aussi au scandale et l'Aargauer Zeitung, le journal local, avait par la suite écrit un article dans lequel il évoquait carrément un «vol».
«Je ne comprends pas comment on peut ne pas voir que le ballon a franchi la ligne», avait pesté Nikola Gjorgjev, l'auteur du 2-0 injustement refusé. Sur l'action litigieuse, qui aurait pu mettre Aarau à l'abri juste avant la mi-temps, le cuir avait roulé sur la ligne de but avant d'être repoussé du pied par le défenseur de Wil Ivan Martic. L'arbitre Stefan Horisberger avait laissé le jeu se poursuivre normalement, et les assistants n'étaient pas intervenus non plus, ce qui était une erreur.
On pouvait toutefois comprendre qu'il était difficile pour l'arbitre, depuis la surface de réparation, d'avoir une vision parfaite du ballon sur la ligne, mais ce n'était pas l'avis de Gjorgjev, remonté comme une pendule. «Il fallait voir ça, désolé», avait répété avec insistance le prétendu double buteur au coup de sifflet final. Et d'ajouter:
Gjorgjev avait ainsi élevé le sujet à un niveau qui dépasse le maigre 1-1 entre le FC Aarau et le FC Wil. En se référant au statut professionnel de la ligue, il avait certes critiqué la performance de l'arbitre, mais aussi indirectement posé la question qui a probablement préoccupé la plupart des spectateurs du Brügglifeld: pourquoi existe-t-il un système d'assistance vidéo en Super League, mais pas en Challenge League?
Les supporters estimeront que la VAR aurait pu reconnaître l'erreur de Horisberger et donc la corriger. Et ils souligneront qu'avec une avance de deux buts à la pause, Aarau aurait été très proche de la victoire. Alors pourquoi n'y a-t-il pas d'assistance vidéo en Challenge League?
Depuis son introduction en 2019, la Super League doit faire face à des coûts considérables de 1,5 million de francs par saison. C'est un montant qui - réparti équitablement - doit être supporté par les clubs de Super League. Or il est impensable que des clubs de Challenge League (qui s'en sortent tous avec des budgets nettement plus modestes et génèrent beaucoup moins de recettes) puissent se permettre d'investir dans la technique, la couverture du terrain par des caméras et l'investissement de personnel supplémentaire. C'est pourquoi son introduction dans la deuxième division suisse n'a jamais été sérieusement envisagée.
De plus, même l'intervention de la VAR n'aurait peut-être pas permis de déterminer si le ballon avait ou non entièrement franchi la ligne de but dimanche dernier en Argovie. Pour une parfaite lecture de l'action, il aurait fallu une caméra sur la ligne de but. Or celles-ci ne sont pas installées, même dans les stades de Super League. Il est évident qu'il n'est pas réaliste de les installer dans une enceinte telle que le Brügglifeld, qui ne possède pas de toit.
Les ballons avec une puce permettant de géolocaliser le cuir à tout instant sur le terrain seraient également une possibilité. Mais là encore, ces technologies ne sont pas utilisées en Super League, et ne sont même pas un sujet de discussion en Challenge League. Pourquoi? Tout simplement parce que c'est trop cher.