C'est l'un des scandales sportifs des Jeux olympiques de Paris 2024. Il est d'une telle ampleur que le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, a annoncé vouloir boycotter la cérémonie de clôture, tenue dimanche au Stade de France. «Nos athlètes ont été traitées de manière tout à fait déshonorante. Quelque chose ne tourne pas rond dans le système», a-t-il déclaré en condamnant «une injustice flagrante».
L'affaire a débuté le lundi 5 août lors de la finale du sol féminin, remportée par la Brésilienne Rebeca Andrade devant la star Simone Biles. La Roumaine Ana Barbosu, elle, célébrait sa troisième place, avant qu'une réclamation américaine ne vienne briser son rêve. La note de Jordan Chiles, dernière concurrente à se présenter, n'était en effet pas suffisante. Il manquait à juste titre +0,100 à ses 13,666 points et la correction apportée lui a permis de passer de la cinquième à la troisième place.
Ana Barbosu, alors quatrième, quittait Bercy en pleurs. Sa délégation s'indignait d'une injustice, la réclamation américaine ayant été portée une minute et quatre secondes après l'annonce de la note, alors que le règlement international n'offre qu'une minute aux équipes pour réagir. Autre Roumaine en détresse: Sabrina Maneca-Voinea. Initialement quatrième, elle perdait ainsi une place, alors qu'elle contestait déjà sa notation.
La reine Nadia Comaneci a alors pris position et a demandé à ce que la performance de Sabrina Maneca-Voinea soit revue. C'est dans ce contexte houleux que la Fédération roumaine de gymnastique a déposé deux plaintes auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS).
I don’t see the heel touching down.. do you? #sabrinavoinea pic.twitter.com/KZzmj5kcoD
— Nadia Comaneci (@nadiacomaneci10) August 6, 2024
Celui-ci a rendu son verdict samedi et a «accepté partiellement» le recours roumain. Si aucun commentaire n'a été fait concernant la pénalité de Sabrina Maneca-Voinea, le tribunal a désapprouvé la réclamation américaine et a demandé à la Fédération internationale de gymnastique (FIG) de rétablir le classement initial conformément à sa décision, lui laissant par ailleurs le soin de décider de ce qu'il adviendra de la médaille. Ana Barbosu récupère officiellement sa troisième place au classement et Jordan Chiles pourrait donc être amenée à rendre sa breloque.
La Fédération roumaine de gymnastique a salué un choix juste alors que son homologue américaine s'est dite «dévastée par la décision du Tribunal arbitral du sport concernant le sol féminin», s'indignant dans le même temps contre le cyberharcèlement subi par sa gymnaste. Le cœur brisé, Jordan Chiles a indiqué se retirer des réseaux sociaux pour le bien de sa santé, après cette décision et les nombreuses attaques reçues cette semaine, parfois racistes. Elle perd sa troisième place pour quatre secondes. Cruel.
(roc)