Markus Waldner, le directeur de la Coupe du monde masculine, déclarait: «Il n'est pas minuit moins cinq, il est minuit cinq». Traduction: il faut se réveiller et prendre le taureau par les cornes pour éviter une hécatombe de blessures.
Selon nos informations, la sécurité devrait primer; les protège-tibias et autres petits procédés que plusieurs coureurs utilisent vont devoir être rangés au placard, surtout après la chute de Cyprien Sarrazin.
C'est cette cabriole qui a fait jaser dans le petit milieu du ski alpin. L'agressivité du set-up (le matériel) a été critiquée, ainsi que ces protège-tibias, portées par Sarrazin. Ces «carbon socks», comme elles sont appelées dans le milieu, le descendeur français les utilisait au moment de son envolée sur la Stelvio.
Pour faire simple, ce dispositif permet de s'engager davantage dans la pente et d'avoir de meilleures sensations sur les skis.
Un coach explique les avantages d'un tel dispositif pour un skieur comme Marco Odermatt:
De l'avis des coachs interrogés, «cela aide beaucoup». D'autres exemples nous ont été donnés, comme Ramon Zenhäusern qui skie avec ces protège-tibias – ou «carbon socks», c'est selon – depuis 6 ans. «La FIS était persuadée que ce dispositif n'aidait en rien, mais ils avaient des années de retard», nous lâche un coach.
Contacté, Michel Vion, secrétaire général de la FIS, répond:
Le directeur des courses de vitesse de la FIS, Hannes Trinkl, partageait son inquiétude dans les colonnes du Blick, en affirmant qu'au printemps dernier, la fin de l'usage de ces protections avait été demandée. En vain. «Nous n’avons pas obtenu l’accord des fédérations nationales».
Depuis l'épisode de Bormio, les discussions vont bon train, comme nous le confirme Michel Vion: «Une nouvelle réunion a eu lieu hier soir (réd: le 6 février, lors des Mondiaux de Saalbach)».
Selon nos sources, tout ce qui est indépendant du corps devra être retiré.
Or, Michel Vion nuance:
Pour donner un exemple concret, le cas des genouillères d'AJ Ginnis (actuellement blessé), le slalomeur grec, a déjà été traité il y a deux ans. «Elles ne doivent pas aller plus haut ou plus bas que la mesure autorisée. Cela ne doit pas devenir un levier artificiel», renseigne Michel Vion.
Le secrétaire général informe aussi que, dès le printemps, en collaboration avec des universités, une décision sera prise:
L'ancien président de la Fédération française de ski (FFS) souligne que seuls les athlètes qui prouveront une nécessité médicale d'utiliser ces si controversées «carbon socks» pourront les porter. La FIS souhaite surtout verrouiller le détournement de ce genre de matériel, que certains athlètes emploient alors qu'ils n'en ont aucun besoin. Parfois, ce système peut prendre le mollet complet et, plus on avance, plus ces protège-tibias se modernisent.
Les scientifiques et les décideurs vont devoir travailler de concert. «Ensemble, on va essayer de limiter les chutes», se projette Michel Vion.
Et de souffler, déterminé:
Dans le camp des athlètes, ils sont nombreux à défendre ces méthodes à la limite du règlement. «C'est le jeu et tant mieux pour ceux qui cherchent à développer des méthodes novatrices», tranche un coach.
Odermatt plaidait lui pour un usage toléré. Or, si le Nidwaldien ne peut prouver l'usage médical de ses chaussettes magiques, il lui faudra adapter sa manière de skier et le temps pressera lors de la préparation estivale.