Il y a eu des conditions dantesques sur le front de la Coupe du monde ce week-end. En ski alpin par exemple, la deuxième manche du géant de Val d'Isère s'est courue sans visibilité ou presque peu après le passage des premiers concurrents, ce qui a eu le don d'énerver des garçons comme Henrik Kristoffersen.
Températures proches de zéro, vent tourbillonnant, chute de neige: c'était également l'hiver à Titisee-Neustadt en Forêt-noire où s'est arrêtée en fin de semaine la caravane du saut à ski. Or là-bas, l'équité a davantage été respectée, grâce aux points de compensation et au travail d'une vingtaine de volontaires.
Installés le long de la rampe d'élan, souffleur de feuilles d'une célèbre marque autrichienne sur le dos, ils ont entamé leur ballet synchronisé dès que les premiers flocons sont tombés sur le tremplin de Hochfirst. L'objectif? Extirper la neige des rails entre deux passages et ne pas ralentir les sauteurs.
Les bénévoles ont mené là une danse gracieuse, toutefois loin d'être silencieuse, puisqu'elle couvrait presque le bruit pourtant persistant des vuvuzelas. La technique ici importe peu. Il convient surtout de résister au froid et au vent sur les hauteurs du tremplin. «La résistance aux intempéries est l'exigence la plus importante», écrivaient ainsi les organisateurs des concours d'Engelberg, lorsqu'ils cherchaient le mois dernier des volontaires pour manier leurs souffleurs le week-end prochain. Ils ont quand même oublié de préciser que le vertige peut en freiner plus d'un.
L'utilisation de ces outils par mauvais temps n'est pas nouvelle en saut à ski. Ceux-ci ont été introduits pour la première fois à Oberstdorf il y a plus de dix ans, en remplacement des traditionnels balais. A l'époque, le numéro n'était toutefois pas très harmonisé, de quoi subir quelques moqueries. «Autrichiens, Norvégiens...: ils ont tellement ri» à la vue de cette innovation, expliquait il y a plusieurs années Albert Schmid, responsable de la piste d'élan bavaroise, auprès de l'Allgäuer Zeitung.
Les souffleurs ont depuis été adoptés sur toutes les étapes de Coupe du monde et il y a une raison à cela. «Vous aviez l'habitude de balayer les rails et c'était terminé. Un sauteur descendait toutes les 20 secondes. Il ne pouvait pas y avoir trop neige qui s'accumule», détaillait Schmid. Or de nos jours, les interruptions sont plus fréquentes et plus longues, en raison notamment des coupures publicitaires, ce qui signifie que la neige peut facilement prendre ses aises dans les rails.
Cet outil professionnel est donc d'une sérieuse aide. Or s'il est devenu aussi indispensable, c'est parce que la vitesse générée durant la prise d'élan impacte considérablement le vol. Celle-ci est d'ailleurs flashée juste avant que les sauteurs ne décollent, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les athlètes suisses vont vite sur les différents tremplins de la Coupe du monde depuis le début de la saison.
Rien qu'en qualification ce samedi, les quatre représentants helvétiques ont affiché une vitesse comprise entre 90,3 km/h et 90,7 km/h, et se sont donc logiquement classés parmi les sept sauteurs les plus rapides à la table. Preuve que les skis glissent et que la posture adoptée est aérodynamique. Or d'autres variables entrent en considération en vol et la vitesse n'est pas unique gage de performance. La preuve, seuls Gregor Deschwanden, deuxième ce samedi, et Killian Peier, excellent 16e lors du premier des deux concours, ont scoré ce week-end en Allemagne.