Au cours des cinq dernières années, le marathon de l'Engadine a essuyé quelques revers ou, pour reprendre les mots de son CEO Menduri Kasper, «a dû relever des défis». Il y a d'abord eu les annulations en 2020 et 2021 à cause du Covid. L'ombre de la pandémie planait encore sur l'événement en 2022. Il y a eu ensuite le manque de neige en 2023, lorsque la glace sur les lacs a été grattée pour former les pistes. L'an dernier, le redoux et de fortes chutes de neige ont contraint les organisateurs à déplacer la ligne de départ à Silvaplana. Les lacs n'ont pas pu être empruntés.
Mais cet hiver, un véritable marathon de l'Engadine semble à nouveau se dessiner. Seul problème: les inscriptions n'atteignent toujours pas le niveau d'avant-Covid. Ils étaient environ 14 000 à participer aux courses auparavant, contre 12 000 cette année. «C'est bien, mais ce n'est pas un record», estime Kasper.
Certes, la météo ne sera pas parfaite – quelques nuages sont annoncés. Mais il y a suffisamment de neige, et aucune nouvelle chute n'est attendue. «Les pistes sont en bon état», explique le directeur de course Adriano Iseppi. Il promet en outre «une sous-couche très rapide».
Celle-ci est possible parce que les températures sont supérieures au point de congélation en journée et inférieures la nuit. Cela donne des pistes givrées et rapides. Y aura-t-il dès lors un nouveau record, jusqu'ici détenu par Dario Cologna en 1:22:23? Comme souvent en Engadine, tout dépendra du vent. Météo Suisse n'est pas encore en mesure de partager des données fiables.
Le fait que les Championnats du monde de ski de fond se chevauchent cette année avec le marathon est quelque peu défavorable, surtout que ce week-end de compétition est dédié aux 50 kilomètres. L'Engadinoise Nadja Kälin ne courra donc pas à la maison.
Il y aura toutefois du beau monde au départ de la course grisonne. On note la présence de Nadine Fähndrich, double médaillée de bronze en Norvège, qui en a officiellement terminé avec ses Mondiaux. La Suissesse fera face à la Française Maëlle Veyre, victorieuse l'an passé, et à sa compatriote Giuliana Werro, vainqueure en 2023.
Chez les hommes, Valerio Grond et Cyril Fähndrich seront aussi de la partie, de retour de Norvège après cette sublime médaille d'argent, glanée jeudi en relais. Ils font tous les deux partie des favoris, au même titre que Janik Riebli. Les Suisses devront toutefois se méfier des Norvégiens Havard Moseby, cinquième du Tour de Ski, et d'un certain Magne Haga, tenant du titre.
Martin Fourcade, ancienne légende du biathlon, sera également au départ. Cependant, un autre grand nom a renoncé à sa participation: Dario Cologna. On aurait pourtant aimé voir s'il est encore capable de tenir le rythme des meilleurs. Mais Cologna est consultant aux Championnats du monde de Trondheim, et selon Iseppi, il est de toute façon enrhumé.
Il y a une autre raison pour laquelle le marathon de l'Engadine version 2025 se passera mieux que les précédentes éditions: les tests fluor, reconduits cette année à l'arrivée. Après l'interdiction de la substance pour la saison 2023/2024, les organisateurs grisons avaient décidé de mettre en place des contrôles, à leurs frais, sans qu'ils n'y soient obligés. Problème, l'ensemble s'est transformé en une grande débâcle, qui a eu des répercussions sur la réputation de l'Engadine, comme l'explique Iseppi.
Le chaos est venu du fait que les contrôleurs de la Fédération internationale de ski (FIS), engagés par la comité d'organisation, ont repéré du fluor sur les skis de la gagnante Maëlle Veyre. Giuliana Werro a alors hérité de la première place. Mais peu de temps après, Veyre a de nouveau été désignée vainqueure. On a alors parlé d'erreurs de procédure. Or selon Iseppi, il n'y a qu'une seule explication: l'erreur d'un contrôleur de la FIS, qui a partagé des résultats éronnés. En réalité, tout était en ordre avec les skis de la Française.
Les chances qu'une telle situation se reproduise sont faibles, affirme le CEO Menduri Kasper. «Les contrôleurs de la FIS ont appris de leurs erreurs et ont pu acquérir davantage d'expérience en Coupe du monde. Les processus sont devenus plus clairs», assure-t-il. Il n'a jamais été question de supprimer les tests, ajoute Iseppi. Cette année, l'organisation veut même contrôler les skieurs du dimanche, en menant des contrôles au hasard.
Soupçonnée à tort, la tenante du titre Maëlle Veyre ne semble pas en vouloir à l'organisation, puisqu'elle participera dimanche à l'édition 2025. «Peut-être que le fait que nous lui ayons récemment remis ses cornes de bouquetin a contribué à cette décision», explique Iseppi, qui ajoute que celles attribuées lors de la cérémonie protocolaire à la gagnante présumée, Giuliana Werro, resteront en sa possession.