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Vers un retour des skieurs russes? «C'est grâce à Donald Trump»

Vers un retour des skieurs russes? «C'est grâce à Donald Trump»
Le triple champion olympique Alexander Bolshunov défendra-t-il ses titres en 2026?Getty Images Europe

Vers un retour des skieurs russes? «C'est grâce à Trump»

Sensation dans le milieu du ski de fond: le triple champion olympique Alexander Bolshunov a couru mi-février en Italie, trois ans après sa dernière apparition dans les Alpes, guerre en Ukraine oblige. Ce pourrait être un premier pas vers une réintégration officielle des athlètes russes, un retour que le Valaisan Candide Pralong estime bon pour son sport.
23.02.2025, 11:5523.02.2025, 12:21
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Jamais la Moonlight Classic n'avait suscité autant d'intérêt. Et ce n'est pas pour son format original, une nocturne des plus festives, que la course organisée à l'Alpe di Siusi dans les Dolomites a agité la semaine dernière le petit monde du ski de fond.

Un certain Alexander Bolshunov était au départ de l'épreuve populaire italienne. Il n'est autre que le champion olympique en titre du skiathlon, du 50 kilomètres et du relais 4x10 kilomètres. Cela faisait trois ans qu'un athlète russe de niveau international n'avait plus couru, que ce soit dans les Alpes ou en Scandinavie, en raison du bannissement instauré par la Fédération internationale de ski (FIS), mais aussi par le circuit Ski Classics, suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

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Alexander Bolshunov a eu le privilège de recevoir sa médaille du 50 kilomètres durant la cérémonie de clôture des Jeux olympiques.image: Getty

Dès lors, comment le double vainqueur du Tour de Ski a-t-il pu participer à la Moonlight Classic? L'explication est relativement simple: la course ne répond à aucune des deux instances mentionnées précédemment. Présent dans la région afin de repérer les pistes de Val di Fiemme, sur lesquelles se tiendront les Jeux olympiques de Milan-Cortina, événement auquel Alexander Bolshunov compte bien prendre part, le Russe a purement demandé aux organisateurs l'autorisation de s'aligner aux côtés des autres fondeurs. Ceux-ci ont accédé à sa demande.

«Nous devons différencier dans un contexte sportif les opinions personnelles des athlètes des opinions politiques. Le sport doit être un espace de justice, de respect et de compréhension internationale, ce qui, à notre époque, est plus que jamais nécessaire.»
Propos des organisateurs de la Moonlight Classic recueillis par l'agence de presse russe Tass

Cette décision a toutefois provoqué de nombreuses réactions, notamment en Europe du Nord. «Quel que soit le point de vue que l'on adopte, la politique et le sport sont liés. Je ne pense pas qu'il faille utiliser le sport pour légitimer une guerre», a par exemple déclaré la fondeuse suédoise Linn Svahn auprès de la NRK, ajoutant: «Je soutiens le choix de la FIS selon lequel il ne devrait pas y avoir d’athlètes russes dans les compétitions tant que la guerre se poursuit. C’est ce qu'il faut soutenir, peu importe les organisateurs». VG a également rapporté la présence de drapeaux ukrainiens, élevés par des concurrents au moment de la cérémonie protocolaire.

Ursi Meier-Grau était présente sur place. Cette physiothérapeute du sport établie dans le canton de Saint-Gall prenait part à sa première compétition de ski grand public. Elle précise à watson que l'atmosphère le soir de l'épreuve est restée saine. «Au début, je ne savais pas qu'Alexander participait. Mon mari me l'a appris à l'arrivée. Il a été suivi par un caméraman durant toute la course. Les gens ont pu admirer sa performance sur écran géant. Mais je n'ai entendu aucune réaction au sujet de sa participation», confie-t-elle, impressionnée par le fait d'avoir pu skier aux côtés d'un «athlète extraordinaire».

«La participation des athlètes russes est un sujet vaste et délicat. Mais je crois que, pour un athlète, il est important de faire ce que l'on aime le plus, et d'avoir la possibilité de se montrer, de se confronter aux autres. Mais toujours dans l'esprit de Swiss Olympic: Cool and Clean.»
Ursi Meier-Grau

Cette course de Bolshunov est bien sûr parvenue jusqu'aux oreilles des fondeurs suisses, notamment celles de Candide Pralong. Le Valaisan figure parmi les cadres B de Swiss-Ski et reste sur une belle 17e place en Coupe du monde aux Rousses en France voisine. Interrogé par watson, il balaye d'entrée les considérations politiques. «Tout ce qui touche à cela m'intéresse moins. Je me concentre surtout sur l'aspect sportif», souffle-t-il, après avoir pris le temps d'analyser la prestation du champion russe.

«Ma première réaction, cela a été d'interpréter son résultat. J'ai constaté qu'il avait gagné avec une avance pas non plus énorme sur le deuxième, et que le deuxième était un fondeur italien qui n'a pas non plus un très grand niveau. J'ai aussi vu une vidéo sur les réseaux sociaux. Il n'avait pas l'air vraiment frais au moment de franchir la ligne d'arrivée. Je me suis dit qu'il pouvait mieux faire. Je pensais qu'il serait mieux que ça. Enfin, cela reste très subjectif.»
Candide Pralong au sujet d'un athlète que l'on dit handicapé cet hiver par diverses maladies
Candide Pralong of Switzerland reacts in the finish area during the men?s 20km mass start free style cross country skiing world cup, on Sunday, January 26, 2025, in Silvaplana, Switzerland. (KEYSTONE/ ...
Candide Pralong était au départ de la récente Coupe du monde en Engadine.Image: KEYSTONE

La Moonlight Classic marque-t-elle une première étape en vue du retour des athlètes russes à la compétition? «Nous verrons bien. J'espère que cela ne fera que s'améliorer à l'avenir. Mais le plus important est que nous puissions participer à cette course. Nous avons reçu l'autorisation de Donald Trump lui-même», a plaisanté Bolshunov dans les colonnes de la NRK, avant d'enfiler à nouveau un dossard dans les Alpes. Le fondeur faisait ici référence aux récentes discussions entre les présidents américain et russe.

Le temps passant, les protestations s'apaisant, le média norvégien est quoi qu'il en soit convaincu de la réintégration imminente des skieurs russes. Il faut dire que la Fédération internationale de ski semble de plus en plus encline à s'aligner sur le modèle préconisé par le Comité international olympique (CIO).

«Le modèle mis en place pour les Jeux de Paris a bien fonctionné. Il est important de maintenir une neutralité sur ces questions. Et il faut également souligner que les athlètes ne sont pas responsables de l'endroit où ils sont nés, et ne doivent pas en subir les conséquences. Les athlètes qui reviendront s'aligneront sous drapeau neutre, sans hymne national. Chaque sportif ne devra avoir aucun lien avec l'armée.»
Johan Eliasch, président de la FIS, auprès de la radio suédoise Radiosporten

Pour rappel, 32 sportifs russes et biélorusses ont participé aux Jeux olympiques de Paris 2024 sous bannière neutre. Ces derniers ont dû prouver leur absence de soutien à la guerre en Ukraine. Cependant, ils ont parfois été qualifiés de «traîtres» dans leur pays.

De son côté, Alexander Bolshunov a été élevé capitaine de la Garde nationale. Il a également reçu le prestigieux Ordre de Saint-Alexandre Nevski, à son retour de Pékin. Or il se serait depuis éloigné du régime russe, et sa présence en Italie confirme sa volonté de participer coûte que coûte aux Jeux olympiques de Milan-Cortina.

BEIJING, CHINA - February 19: Alexander Bolshunov of ROC wins the gold medal in the Men's 50km Mass Start Olympic Cross-Country ski race, reduced to 30km because of the freezing weather at the Zh ...
Alexander Bolshunov à Pékin.Image: getty

Loin de toutes ces préoccupations liées à la guerre, Candide Pralong, lui, aimerait simplement revoir Bolshunov (et les athlètes russes de manière générale) sur le circuit international, «pour la beauté du sport».

«Cela fait quelques années que les athlètes russes ne sont plus au départ. Je crois qu'ils manquent quand même à notre sport, parce qu'ils ont une grande culture du ski de fond. Ils sont vraiment très performants. Avant qu'ils soient bannis, ils étaient tous devant, surtout chez les hommes. Je trouverais intéressant de les revoir en compétition, de les comparer aux athlètes du reste du monde, de voir où ils en sont et ce qu'ils sont capables de faire. (...) Je suis même certain qu'ils peuvent apporter quelque chose au ski de fond.»
Candide Pralong

Cette dernière phrase fait écho aux récents propos du président de Swiss-Ski Urs Lehmann. «Le ski de fond a moins de valeur aujourd'hui qu'il y a dix ans, à cause de la domination des Norvégiens», a-t-il clamé dans une interview accordée à CH Media, groupe auquel watson appartient. Une telle hégémonie ne serait pas aussi flagrante en présence des athlètes russes.

Rappelons enfin qu'avant même l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Agence mondiale antidopage (AMA) avait décidé le 9 décembre 2019 d'exclure la Russie des compétitions internationales pour une durée de quatre ans, ce qui avait conduit Alexander Bolshunov à concourir aux Jeux olympiques de Pékin sous bannière neutre.

«S’ils reçoivent le même traitement que tout le monde, sur tous les contrôles antidopage, et bien oui, j'aurai confiance, assure Candide Pralong. Je pars du principe qu'elle doit être accordée à tous les athlètes qui n'ont jamais été contrôlé positif», estime le Valaisan, sélectionné pour le 50 kilomètres des Mondiaux de Trondheim, course à laquelle il se prépare activement, à la différence des fondeurs russes.

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