Andrey Rublev a connu une deuxième partie d'année 2024 très compliquée. Il n'a gagné aucun titre (son dernier sacre remontait à Madrid, en avril) et s'est fait balayer au Masters de Turin, avec trois défaites en autant de matchs. Pire: après son élimination au 1er tour de Wimbledon, le Russe avouait souffrir de dépression et ne voyait «plus aucune raison de vivre».
Son comportement sur le court avait aussi de quoi inquiéter: plusieurs fois, il s'est mutilé en se frappant violemment avec sa raquette après des coups ratés. Au point de s'ouvrir le genou et saigner, en octobre à Paris-Bercy...
Mais les choses semblent s'arranger pour l'actuel 9e joueur mondial, qui a à nouveau soulevé un trophée samedi. Au tournoi ATP 500 de Doha, il s'est adjugé son 17e titre sur le circuit principal en battant, en finale, Jack Draper.
Il faut dire que Rublev a mis les moyens pour retrouver de la sérénité. Depuis plusieurs mois, il est accompagné par un psychologue et a eu des discussions avec son compatriote et double vainqueur en Grand Chelem, Marat Safin.
Le champion olympique de Tokyo en double mixte a aussi une nouvelle astuce, que seuls les plus fins observateurs ont remarqué: depuis plusieurs semaines, il porte sur la pointe de sa chaussure le mot «Responsibility» («responsabilité», en français), écrit au stylo. Une démarche originale qui lui permet de garder un état d'esprit positif, comme il l'a expliqué dans des propos repris par L'Equipe:
Andrey Rublev n'a pas dû chercher trop loin pour trouver l'inspiration: il est fan des Golden State Warriors de San Francisco, où joue Stephen Curry. Le basketteur américain inscrit, lui, le message suivant sur ses chaussures: «I can do all things» («Je peux tout faire»).
L'astuce n'est néanmoins pas à chaque fois décisive: Rublev – sans doute fatigué après son superbe parcours au Qatar – s'est incliné mardi au premier tour du tournoi de Dubaï, contre le Français Quentin Halys.
A Doha, Rublev a aussi laissé voir une autre stratégie pour rester focus et ne pas perdre ses nerfs, comme le fait remarquer le site tennis.com: lors des changements de côté, le Russe ferme les yeux et respire profondément. Une technique bien connue en psychologie pour réguler les émotions.
Plus insolite: après avoir galvaudé des balles de match en quarts de finale, on a vu le natif de Moscou se forcer à rire brièvement sur son banc avant de brusquement reprendre son sérieux. Là encore, cette technique est réputée pour évacuer les émotions négatives (stress, peur ou colère), qui sont néfastes pour un tennisman.
La scène a d'ailleurs valu à Andrey Rublev plusieurs mèmes sur les réseaux sociaux, où il est par exemple comparé au Joker (un personnage au fou rire pathologique, récemment incarné au cinéma par Joaquin Phoenix).
C'est toujours mieux que de se fracasser le genou avec sa raquette et, en plus, ça permet apparemment de gagner des tournois.