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Cette astuce permet à des Suisses de zapper l'armée et la taxe

Ces Suisses évitent l'armée avec l'aval du Conseil fédéral et ça agace.
De nombreux binationaux utilisent une astuce administrative pour éviter l'armée en Suisse. Image: watson/agences

Cette astuce pour éviter de payer la taxe militaire est menacée

A l'initiative du sénateur genevois Mauro Poggia, le Conseil fédéral est invité à mettre fin à une pratique permettant à des Franco-Suisses de se dérober à leurs obligations militaires en Suisse. Débat le 17 septembre à Berne.
12.09.2025, 09:2412.09.2025, 09:24
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Guillaume (prénom modifié) «regrette» sa décision prise il y a près de vingt ans. Agé aujourd’hui de 34 ans, ce binational franco-suisse en avait 16 à l’époque. Accompagné de sa mère, une Française, il s’était rendu au consulat de France à Genève pour un entretien en vue d’un service volontaire dans l’armée française.

«La personne qui nous avait reçus m’avait vanté le côté action et aventure de l’armée française, sous-entendu des sensations fortes que je n’aurais pas dans l’armée suisse»
Guillaume

Séduit, l’adolescent avait signé, sous l’œil de sa mère, une promesse d’engagement au cas où la France aurait besoin de lui. Elle ne l’a jamais appelé. Et Guillaume, un Vaudois devenu juriste de profession, n’a donc fait l’armée ni France ni en Suisse.

Régime d’exemption

Mauro Poggia veut mettre fin à ce régime d’exemption qui ne dit pas son nom. Le conseiller aux Etats genevois du MCG (Mouvement des citoyens genevois) a déposé une motion en ce sens qui sera débattue le 17 septembre par la Chambre haute lors de la présente session du Parlement. Il demande au Conseil fédéral de ne plus considérer la participation des Franco-Suisses à la «Journée défense et citoyenneté» comme un «service de remplacement» déchargeant les Franco-Suisses de leurs obligations militaires suisses – sont concernés les double-nationaux franco-suisses résidant en Suisse.

Actuellement, le simple fait de prendre part à cette journée d’orientation – un rendez-vous civique qui s’adresse aux 16-25 ans et qui permet aux jeunes Français de se présenter à l’examen du permis de conduire, par exemple – vaut accomplissement des obligations militaires aux yeux du Conseil fédéral. Lequel se réfère à une convention signée en 2010 avec le gouvernement français, ainsi qu'à l'article 5 de la loi sur l’armée, qui dispose que les Suisse possédant la nationalité d’un autre Etat et dans lequel ils ont accompli leurs obligations militaires ou des services de remplacement ne sont pas astreints au service militaire en Suisse.

La secretaire d Etat aupres de la ministre des Armees), et Gabriel ATTAL (secretaire d Etat aupres du ministre de l Education nationale et de la Jeunesse), se sont rendus, le 25 octobre 2018, au Fort  ...
Une Journée défense et citoyenneté, en France, en 2018.Image: Hans Lucas

«Absence d’équité»

La situation présente témoigne d’une «absence d’équité», déplore Mauro Poggia, joint par watson. En effet, il suffit d’un jour d'astreinte citoyenne en France pour se dérober aux 245 jours obligatoires du service militaire suisse ou à son pendant non armé, le service civil.

«Il me semble important que les jeunes hommes binationaux franco-suisses domiciliés en Suisse remplissent leurs obligations militaires dans le pays où ils vivent, c’est-à-dire en Suisse, pour peu qu’ils ne choisissent pas d'accomplir un service volontaire dans l’armée française, qui peut aller de un à cinq ans. Mon propos vaut aussi pour le service civil.»
Mauro Poggia, conseiller aux Etats (MCG/GE)

Le conseiller aux Etats ajoute:

«La donne actuelle est d’autant plus inégalitaire que les participants à la "Journée défense et citoyenneté" ne sont pas assujettis à la taxe payée par ceux qui, en Suisse, n’accomplissent ni service militaire ni service civil.»
Mauro Poggia, conseiller aux Etats (MCG/GE)

Selon Mauro Poggia, il n’est pas nécessaire de changer la loi pour mettre fin à cette pratique.

«Il suffit que le Conseil fédéral change les modalités d’application de la loi. Il peut le faire sans vote du parlement»
Mauro Poggia, conseiller aux Etats (MCG/GE)

Dans sa réponse à la motion du conseiller aux Etats genevois, le Conseil fédéral s’inquiète du nombre plus important qu’il ne l’imaginait des Franco-Suisses optant pour un «service militaire» en France, dont on sait qu’il peut se résumer à ce seul jour d’orientation. En moyenne, au cours des dix dernières années, 731 binationaux franco-suisses n’ont pas effectué leur service militaire en Suisse. Le Conseil fédéral tablait sur un nombre de 600 pas an.

Pression sur le Conseil fédéral

Si Mauro Poggia tient à ce qu’un débat ait lieu la semaine prochaine sur cette question, «c’est pour faire en sorte que le Conseil fédéral ne temporise pas dans ses démarches».

«Il m’étonnerait que la France, étant donné les difficultés qu’elle traverse en ce moment, complique les choses»
Mauro Poggia, conseiller aux Etats (MCG/GE)

Si c’était à refaire, Guillaume, le Franco-Suisse cité plus haut, choisirait d’effectuer son service militaire en Suisse.

«C’est important de servir le pays où l’on réside. Par ailleurs, cela m’aurait permis de remplir des missions auxquelles j’ai dû renoncer faute d’avoir fait mon armée en Suisse, comme servir au sein de certaines unités de la KFOR au Kosovo.»
Guillaume
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source: sda / peter klaunzer
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