La mauvaise nouvelle tombe juste au bon moment: les primes augmenteront sensiblement en 2025, d'environ 6%. Donner chaque année plusieurs centaines de francs suppémentaires à l’assurance-maladie? Le Parti socialiste et le Centre s'y opposent et ont chacun leur propre initiative, sur lesquelles nous voterons le 9 juin.
La tentation est grande d'accepter, en espérant que tous les soucis disparaîtront d'un coup de baguette magique. Mais le problème de la charge financière ne se résout pas aussi facilement que cela. En effet, la population devra payer de sa poche, via les impôts, les milliards de nouvelles réductions de primes. Parallèlement, l'initiative repose sur une erreur de construction grossière. Ainsi, elle prévoit que la Confédération prenne en charge au moins deux tiers des coûts.
Mais tant que les cantons gèrent la planification hospitalière et l'admission des médecins, ils doivent également assumer la responsabilité financière. Si c'est la Confédération qui paie la facture, il n'y a pas d'incitation à changer cela.
Le contre-projet qui entrera en vigueur en cas de non à l'initiative sur l'allègement des primes intervient précisément à ce niveau: il met les cantons dans l'obligation de mieux soutenir les personnes à faible revenu. L'initiative a un deuxième effet négatif: elle récompense les cantons qui gaspillent dans le domaine de la santé et punit ceux qui planifient avec parcimonie.
Le frein aux coûts, quant à lui, fait miroiter une solution qui n'existe pas. Pendant la pandémie, il s'est démenti lui-même lorsque les coûts de la santé ont augmenté et que la performance économique a baissé. De plus, les dépenses ne peuvent pas être freinées d'un coup de baguette magique.
Et c'est très difficile. Car la contradiction entre des soins de qualité et des coûts bas freine de nombreux développements. A commencer par les assurés, qui ne se contentent pas d'obtenir davantage de prestations, mais veulent aussi bénéficier des meilleurs soins possibles. Ces préoccupations sont peut-être légitimes. Mais elles coûtent aussi. Et personne ne veut réduire les coûts en fermant des hôpitaux.
Cette spirale d'exigences et de coûts croissants est difficile à briser. Et elle est accélérée par la démographie: le nombre de patients atteints de maladies chroniques et de pathologies multiples augmente. Dans cette situation, mettre un frein aux coûts serait faire preuve de négligence.
La difficulté est d'imposer des solutions, même désagréables, dans un système complexe, le parti du Centre a raison sur ce point. La résistance est grande, il y a beaucoup d'argent en jeu. Mais il est faux de croire que la politique reste inactive. Deux grandes réformes mûrissent depuis des années et sont sur le point d'aboutir.
Avec un financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires (EFAS), la Suisse donnera l'impulsion nécessaire à l'«ambulantisme». Pour de nombreuses interventions, les patients ne devraient plus passer la nuit à l'hôpital. L'ancien système favorise surtout les hôpitaux et les assureurs, mais il est coûteux. Deuxièmement, le Conseil fédéral approuvera cet été une nouvelle structure tarifaire qui éliminera des incitations grossièrement erronées.
Dernièrement, les projets de réduction des coûts se sont fait attendre. Cela met à l'épreuve la patience Suisses. Mais ceux qui cherchent dans ces deux initiatives un soulagement à court terme se trompent: leur contenu n'est tout simplement pas assez mûr pour cela.
Traduit et adapté par Noëline Flippe