La Suisse votera dimanche – mais il serait plus correct de dire que seule une partie des Suissesses et des Suisses le feront. Car pour beaucoup, les bulletins de vote finissent au vieux papier plutôt que dans l'urne. Lors des élections fédérales de 2019, la participation avait été étonnamment faible: il est tombée à 45,1%, malgré les manifs pour le climat et la grève des femmes.
L'envie de désigner ses représentants sera-t-elle plus forte cette fois-ci? La réception des votes par correspondance par les communes pourrait aider à se faire une idée. D'ailleurs, c'est aujourd'hui le dernier moment pour envoyer par la poste votre enveloppe électorale. Sinon, il faudra aller à l'urne dimanche ou glisser votre pli dans une boîte aux lettres spéciale mise à disposition par votre commune.
Pour en revenir à la participation, nos demandes auprès de différentes administrations ne permettent toutefois pas de dégager une tendance claire. Voici néanmoins, ce que l'on retient (renseignement pris avant le 14 octobre):
Le tableau s'avère donc plutôt contrasté, sans tendance claire.
Selon le dernier baromètre électoral de la SSR, la population accorde moins d'importance au scrutin qu'il y a quatre ans. Une donnée qui laisse présager une participation en baisse, peut-on lire. Mais il est impossible de prévoir si les électeurs seront effectivement moins nombreux à glisser leur bulletin dans l'urne, explique Michael Hermann, directeur de l'institut de recherche Sotomo: «C'est un indice, rien de plus».
Personne ne sait à combien s'élèvera la participation aux élections. Hermann se risque néanmoins à un pronostic: il ne devrait pas y avoir de grands bonds:
La participation électorale n'avait cessé de baisser pendant des décennies – jusqu'au milieu des années 1990. «Ensuite, la montée de l'UDC a ravivé la flamme et la tendance s'est inversée», explique Hermann. Elle s'est ensuite stabilisée à un peu plus de 48% et a étonnement légèrement baissé en 2019. Les 45,1% d'il y a quatre ans sont, en effet, la troisième valeur la plus basse depuis les années 1970.
Le politologue Georg Lutz ne croit pas à un nouvel engouement. Selon lui, la participation électorale sera similaire ou légèrement inférieure. «Je serais surpris qu'il y ait une augmentation», déclare le directeur du centre de recherche Fors à Lausanne. Il ne voit aucun signe d'une mobilisation supérieure à la moyenne.
Avec l'éviction de Ruth Metzler (PDC) en 2003 et de Christoph Blocher (UDC) en 2007 du Conseil fédéral, la participation électorale a temporairement augmenté. Lutz explique:
Mais cette fois-ci, un changement au sein du Conseil fédéral est peu probable.
En comparaison internationale, la participation électorale reste faible en Suisse. Cela s'explique d'abord par la régularité des scrutins, qu'il s'agisse d'élections ou de votations, détaille Lutz:
«En outre, il existe des raisons individuelles», ajoute-t-il. En 2019, Lutz et son équipe avaient étudié le profil des électeurs et leurs motivations. Il en ressortait les mêmes schémas que par le passé:
Verdict ce dimanche.
Traduit et adapté par Valentine Zenker