Vous êtes Finlandais, mais vous chantez pour la Suède. Vous nous expliquez cette pirouette?
Jakob Norrgård: La Suède a voté pour nous au Melodifestivalen (réd: les éliminatoires du concours en Suède). Elle voulait qu'on la représente pour la compétition. Mais ce qui est merveilleux avec la Finlande, c'est qu'elle est très fière lorsqu'elle attire l'attention à l'étranger. C'est donc la première fois que la Finlande veut que la Suède gagne.
Avant d'arriver à Bâle, vous avez donné plusieurs concerts à Madrid et en Grande-Bretagne. Racontez-nous.
Axel Åhman: Les fans étaient géniaux! Ils connaissaient toutes les paroles, même les couplets, et ils nous ont immédiatement suivis.
Jakob: C'était surréaliste d'entendre notre chanson en dialecte, mais avec un accent espagnol. C'était vraiment marrant!
Le titre que vous présentez à l'Eurovision, Bara bada bastu, est en suédois finlandais. Pouvez-vous nous en dire plus?
Peu de gens le parlent, peut-être 9000 personnes. Et on ne l'a jamais entendu sur la scène de l'Eurovision. C'est incroyable de pouvoir représenter notre culture et notre langue lors d'un si grand événement.
Depuis des années, la Suède propose des morceaux en anglais pour le concours. Pourquoi avez-vous choisi de chanter en dialecte?
Kevin Holmström: Il nous a semblé naturel de chanter dans notre dialecte. Et il n'a jamais été question de réécrire le texte en anglais. La langue représente une très grande partie de la chanson et de la performance. Je trouve impressionnant qu'autant de participants s'expriment dans une langue nationale cette année.
Selon les agences de paris, vous partez favoris. Les gens misent beaucoup d'argent sur votre victoire.
Jakob: Même si tout peut arriver à l'Eurovision, je ne préfère pas m'avancer.
Axel: Il faut parier sur nous (rires)! (Tout le monde rit.)
Jakob: OK, on prend l'argent d'Axel et on parie.
Ce statut de favoris vous met une pression?
Jakob: On essaye de se concentrer sur notre spectacle et notre travail. Ce serait facile de tout remettre en question maintenant. Mais on va éviter. Sinon, la légèreté dont on a besoin sur scène disparaîtra.
La critique parle d'un millésime 2025 plutôt léger. Que pensez-vous du répertoire de l'Eurovision cette année?
Jakob: La Suède voulait afficher un tout autre style, raison pour laquelle elle nous a retenus.
Axel: Ce serait une erreur de discréditer les titres qui ne sont pas des ballades sentimentales, qui ne parlent pas de chagrin d'amour ou qui n'abordent pas un sujet sérieux. Nous écrivons des chansons sur des thèmes légers, mais nous prenons tout de même ce concours au sérieux. Je pense qu'il est possible de combiner les deux. Au final, c'est ce mélange qui réjouit tout le monde.
Venons-en à votre chanson. Votre titre parle de... sauna! Vous y allez souvent?
Jakob: Toutes les semaines! J'en ai un chez moi, à Helsinki, sur la terrasse du toit. Et en été, je suis souvent dans notre maison d'été.
Kevin: Pareil pour moi en été. En hiver, je vais au sauna une fois par semaine. C'est particulièrement agréable après le sport.
Axel: Pour moi, le sauna est plus important en hiver, car il fait très froid chez nous. Même si en hiver, je fais aussi des bains de glace.
Pourquoi écrire une chanson là-dessus?
Axel: Nous savions qu'au Melodifestivalen, tout le monde se focaliserait sur notre origine. Du coup, autant faire les choses jusqu'au bout. Et ça a payé!
Vous avez également une chorégraphie. Est-ce que les fans la connaissent? Et d'où vient-elle?
Axel: Nous avions une très bonne chorégraphe au Melodifestivalen. Nous lui avons expliqué que nous avions déjà joué dans des comédies musicales et c'est comme ça que tout a commencé. Elle a vraiment cerné notre style.
Vous n'êtes pas seulement un groupe, mais aussi des amis. Quels sont les rôles de chacun?
Jakob: Je pense que Kevin du calme. Il fait redescendre Axel et moi sur terre lorsque nous sommes trop excités ou en colère. Axel est notre manager. Il gère notre emploi du temps et nous motive.
Axel: Je suis le plus extraverti des trois. Je dois parfois les pousser et, parfois, dire à Jakob: «Stop pour aujourd'hui!» (Rires)
Jakob: Il y a quelques jours, Axel m'a apporté un morceau de gâteau avant une interview. C'était merveilleux, je t'en remercie.
Jakob: Et moi, quel est mon rôle?
Kevin: Tu amènes une énergie positive avec ton sourire de Mona Lisa. (Rires)
Axel: Jakob n'a rien de mystérieux!
Comment vous êtes-vous rencontrés?
Jakob: Nous avons grandi ensemble. À l'âge de dix ans, Axel et moi jouions au football. On a ensuite rencontré Kevin en boîte de nuit. Rapidement, nous avons remarqué que nous avions les mêmes intérêts: la comédie et la musique. Alors, on s'est mis à écrire des chansons et des sketchs.
Que diraient vos moi de l'époque s'ils vous voyaient aujourd'hui?
Jakob: Je pense que mon jeune moi serait horrifié, mais certainement aussi très fier d'avoir osé et de désormais pouvoir se produire sur cette scène immense
Kevin: Mon jeune moi aurait peur s'il avait su qu'il allait se retrouver face à un public. Mais j'ai eu de nombreuses années pour me préparer. C'est le résultat de 15 ans de travail.
Votre métier, c'est l'humour. Savez-vous aussi être sérieux?
Kevin: On prend le travail très au sérieux. On est structurés, on soigne les détails et on planifie tout, précisément pour donner une impression de spontanéité. Après les représentations, on prend beaucoup de temps pour réfléchir à ce qu'on pourrait améliorer. La comédie est une forme de divertissement très délicate.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)