Cela semble couler de source, et on en parlait déjà avant l'évacuation de Brienz / Brinzauls en 2023. Ne faudrait-il pas procéder à une explosion contrôlée pour «aider» un peu la nature? Cette intervention mettrait fin à la pénible attente d'un événement redouté. La question a ressurgi lors d'une séance d'information à la population samedi dernier.
Andreas Huwiler, géologue à l'Office des forêts et des dangers naturels des Grisons, s'est donc exprimé sur le sujet mardi soir devant les habitants d'Albula/Alvra. Et il a douché les espoirs.
Video der rutschenden Schutthalde ob Brienz/Brinzauls. Rund 1,2 Mio m3 bewegen sich mit 20-35 cm pro Tag talwärts.
— Gemeinde Albula/Alvra (@AlbulaAlvra) November 13, 2024
Der Film zeigt Bilder seit Anfang September.
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En règle générale, explique le spécialiste, il faut environ 300 grammes d'explosif par mètre cube de matériau pour une opération efficace. Et cet explosif ne peut pas être utilisé simplement en surface. Il faudrait plutôt l'introduire dans le sous-sol par des forages, tous les deux à quatre mètres.
Selon ses calculs, environ 10 000 forages et 360 tonnes d'explosifs seraient donc nécessaires pour éliminer la masse de gravats qui menace actuellement le village. A titre de comparaison: la «Massive Ordnance Air Blast», ou Moab, la bombe aérienne conventionnelle la plus puissante de l'arsenal des forces armées américaines selon Wikipedia, développe une force d'environ onze tonnes de TNT. Il en faudrait donc plus de 30 pour déloger les amas qui surplombent pour l'instant encore la localité grisonne.
Mais il y aurait encore d'autres problèmes: en forant, on s'exposerait constamment à des chutes de rochers provenant de la zone de glissement, et ce pendant une très longue période, selon les estimations d'Andreas Huwiler. 10 000 forages, cela prend du temps:
Et enfin, les trous déjà creusés risqueraient d'être détruits au fur et à mesure, car la montagne est en perpétuel mouvement.
Des explosions partielles plutôt qu'une explosion totale ne résoudraient pas non plus le problème, d'après le géologue. Si l'on commence par le haut, le matériau détaché pourrait tomber sur l'éboulement et le déclencher de manière incontrôlée. En partant du bas, on risquerait d'ébranler la partie qui précisément le stabilise. Pour l'expert, cela pourrait provoquer un glissement de terrain ou une avalanche de pierres «qui détruirait Brienz/Brinzauls à jamais».
Le pire des scénarios ne serait alors pas complètement exclu: une déstabilisation du plateau tout en haut, avec comme conséquence potentielle un éboulement jusqu'à l'Albula.
Quoi qu'il en soit, le canton ne veut pas fermer complètement la porte à l'option de dynamitage. Andreas Huwiler précise qu'une entreprise spécialisée dans les explosions de grande envergure examinera tous les procédés de minage entrant en ligne de compte. Mais il a déjà annoncé la couleur mardi:
Comme l’a encore confirmé le maire Daniel Albertin, la durée de l’évacuation ne peut être prédite, mais elle durera probablement jusqu’au printemps 2025. Selon le géologue et responsable du service d'alerte Stefan Schneider, une levée ne sera possible qu'une fois qu'un «changement significatif» se sera produit sur la montagne.
Selon Pascal Porchet, chef de l'état-major cantonal, une évacuation complète des maisons n’est pas non plus nécessaire cette fois-ci:
Selon le commandant Roland Farrér, les pompiers de l'Albula ne procéderont à aucune intervention dans le village abandonné. «Le risque pour la sécurité de notre population serait bien trop grand», a-t-il expliqué en réponse à une question du public.
Traduit et adapté par Valentine Zenker