Vendredi matin 15 décembre, une camionnette blanche Fiat Ducato, immatriculée en France, échappe à un contrôle dans la région de Côme et prend la direction du nord. La police du canton d'Uri s'empresse d'installer un poste de contrôle à Göschenen. En sortant du tunnel routier du Gothard, la Fiat ignore l'ordre de s'arrêter et s'enfuit à travers la vallée de la Reuss.
Plusieurs véhicules de police se lancent alors à sa poursuite. Le chauffeur du véhicule utilitaire appuie sur l’accélérateur. Après une course-poursuite d'environ une demi-heure, la camionnette termine sa course contre un ponton pour bateaux, à Flüelen, au bord du lac des Quatre-Cantons. A l'arrière, la police découvre 14 Syriens qui tentaient d'entrer illégalement sur le territoire suisse.
L'affaire rappelle un fait similaire survenu en septembre 2022. A cette époque, la police cantonale de Nidwald avait arrêté un passeur venu de Gambie qui avait entassé 23 personnes dans une remorque de 5,4 mètres carrés avec le risque qu'elles meurent étouffées. Lorsque la police les avaient secourus, les migrants étaient complètement amorphes.
Le tribunal cantonal de Nidwald a condamné le Gambien de 27 ans à trois ans de prison pour séquestrations répétées et pour avoir facilité des entrées illégales. Jusqu'à présent, cette affaire constituait un cas unique. Jusqu'à ce qu'il se reproduise un an plus tard.
Les 14 Syriens s'en sont tirés indemnes vendredi dernier. Ils ne souffraient d'aucun problème de santé, comme l'a indiqué la police uranaise. Ils avaient sur eux des bouteilles d'eau et de la nourriture, des sacs de couchage se trouvaient dans l'habitacle, où il voyageaient sans aucune sécurité.
Rien qu'en octobre, sept personnes sont mortes en Allemagne lorsqu'un passeur a tenté d'échapper à la police en roulant à près de 180 km/h. Le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule à une sortie d'autoroute. Des accidents similaires ont également fait la une des journaux en Autriche ces dernières années. Pour les filières de passeurs, la mort fait partie du «métier».
Les Syriens tentaient en réalité de rejoindre un autre pays européen. Au lieu de cela, ils ont été placés au Centre fédéral pour demandeurs d’asile de Chiasso. Ils y ont déposé une demande d’asile. Le conducteur français reste en garde à vue. Le parquet a demandé sa détention provisoire et mène une enquête pénale à son encontre pour violation de la loi sur les étrangers et la circulation routière.
La police cantonale d'Uri pense que les Syriens ont probablement payé plusieurs milliers de francs pour ce voyage au péril de leur vie. Le montant que le Français aurait perçu pour son service de convoyage fait l'objet d'une enquête. Cet homme appartient-il à un réseau de trafiquants? Les investigations auront à le déterminer.
Dans le cas du Gambien arrêté dans le canton de Nidwald, ses clients facturaient 500 euros par migrant et payaient 200 euros au chauffeur, qui supportait le risque de se faire arrêter.
Le nombre de migrants augmente chaque année en Suisse. Le gouvernement fédéral s'attend à 30 000 demandes d'asile d'ici la fin de l'année. A titre de comparaison, il y en a eu 25 000 en 2022. Fin octobre, les gardes-frontières avaient appréhendé près de 41 000 migrants irréguliers, soit environ 2 600 de plus qu’à la même période l’année dernière. Par ailleurs, 334 passeurs présumés ont déjà été identifiés cette année. (aargauerzeitung.ch)