Par Daniel Huber
L'histoire du monde est criblée d'erreurs qui ont eu un impact énorme. Par nécessité, cette liste est donc arbitraire – mais il reste assez de place dans les commentaires pour tes suggestions.
Le cheval de Troie n'a probablement pas existé tel qu'on le connaît. Mais la légende de la chute de la ville de Troie est bien vivante – on l'utilise même en informatique pour désigner une catégorie de programmes malveillants.
Les Grecs se sont heurtés en vain contre les murs de Troie pendant dix ans. Ils ont alors fais usage à la ruse: ils construisirent un énorme cheval de bois dans lequel les soldats se cachèrent, et l'abandonnèrent sur la plage pendant qu'ils prétendirent se retirer.
Le prêtre Laocoon et la prophétesse Cassandre – qui avait été frappée par Apollon d'une malédiction par laquelle personne ne croyait ses prophéties – mirent les citoyens en garde du cadeau des Grecs, sans succès. Les Troyens introduisirent le cheval dans leur ville. La suite est bien connue.
Le monarque de Macédoine n'avait pas 33 ans lorsqu'il mourut à Babylone à la suite d'une beuverie immodérée. Pendant son court règne, Alexandre avait conquis un vaste empire. Mais son empire qui s'étendait des frontières de l'Inde jusqu'au désert libyen se désintégra après sa mort.
Alexandre se refusa obstinément à désigner un héritier, même lorsqu'il il était à l'agonie. Sous l'insistance de ses officiers, il aurait déclaré qu'il devrait incomber: «Au plus fort!» Le résultat fut que ses ambitieux généraux – les Diadoques – se disputèrent le contrôle de l'empire, pour finalement le diviser.
Ce qui aurait pu être un royaume stable et paisible où la culture grecque et perse pouvaient fusionner devint pendant des décennies un champ de bataille aux mains des Diadoques.
En l'an 410, les Romains retirèrent leurs troupes des îles britanniques définitivement. La population celto-romaine restée sans défense dans ce qui est actuellement l'Angleterre gémissait sous les attaques des barbares Pictes et des Scots du nord. C'est dans cette situation difficile que le chef de guerre Vortigern – dont l'existence n'a toutefois pas été indubitablement prouvée – engagea des tribus germaniques expérimentées comme mercenaires et les amena du continent à l'île.
Les guerriers étrangers accomplirent leur mission et éliminèrent la menace venant du nord. Mais ces invités armés restèrent ensuite sur place, et ramenèrent même des renforts. Les Angles, les Saxons et les Jutes prirent le pouvoir et repoussèrent les Britanniques celtiques vers l'ouest. Ils restèrent maîtres du pays jusqu'à l'invasion normande en 1066.
Le royaume du Khwarezm était une grande puissance. Il comprenait l'Iran ainsi qu'une large partie de l'ouest de l'Asie centrale. Mais son effondrement fut abrupt: Lorsque le souverain mongol Gengis Khan, après avoir conquis une vaste partie de la Chine, envoya une délégation d'une centaine d'hommes à la cour de Muhammad, ce-dernier soupçonna que les Mongols voulaient espionner son royaume. Il fit donc arrêter les délégués et confisqua leurs biens.
Gengis Khan envoya trois autres groupes d'émissaires à Khwarezm, mais Muhammad fit exécuter leurs chefs et mis le feu aux barbes du reste. La vengeance du souverain mongol fut terrible: une armée d'invasion pénétra le royaume en 1219, brûla les villes et assassina des centaines de milliers de personnes. Ce fut probablement le pire bain de sang que le monde ait connu avant le 20e siècle. Khwarezm, qui aurait pu devenir le berceau d'une renaissance islamique, sombra dans la fumée et le sang.
En 1422, avant même que Christophe Colomb découvrit l'Amérique, une vaste flotte chinoise navigua depuis Zanzibar jusqu'en Afrique de l'Est. L'Armada de l'amiral Zheng He comprenait presque 300 navires – certains des neuf-mâts de 120 mètres de long – avec un équipage de 27'000 hommes. La flotte chinoise visita les ports de la péninsule arabique, d'Inde et de Sumatra. Mais l'amiral décéda en 1433, après quoi sa flotte perdit de l'envergure. En 1503, il ne restait plus qu'un dixième des 300 navires qui avaient quitté la Chine.
Les isolationnistes de la cour impériale interdirent ensuite la construction de bateaux de plus de deux mâts, sous peine de mort. L'empereur Jiajing fit détruire en 1525 tous les navires de haute mer. La Chine, qui aurait été en position de découvrir les Amériques avant les Européens, se coupa du reste du monde – pendant que les puissances maritimes européennes se préparaient à conquérir le monde.
Le navigateur génois au service de l'Espagne resta convaincu toute sa vie d'avoir atteint l'Asie sur son voyage maritime vers l'ouest. En réalité, comme nous le savons tous, Christophe Colomb avait découvert un nouveau continent: l'Amérique.
Contrairement à ce que veut la légende, Colomb ne dut pas convaincre ses investisseurs du fait que la terre était ronde. Les géographes à la cours d'Espagne le savaient bien, et ils savaient également que l'ambitieux génois sous-estimait largement les distances à parcourir.
Colomb se basa sur les données du géographe antique Posidonius, dont le calcul de la circonférence de la terre était d'un cinquième trop court. En outre, des erreurs lui échappèrent dans la conversion des miles nautiques grecs en miles romains, qu'il confondit avec les miles arabes.
C'est ainsi que Colomb s'élança avec sa mini-flotte de trois navires en 1492, fermement convaincu que les richesses de l'Asie l'attendaient à seulement 4400 km à l'ouest des Açores. Ce qui n'était pas le cas, mais il eu la chance de tout de même heurter terre, ce qui permit à l'Espagne de devenir un empire mondial.
En 1532, l'empereur inca Atahualpa vainquit son demi-frère Huascar et assura sa domination de l'empire. Il ne put toutefois pas se réjouir longtemps de sa victoire: la même année, une troupe de conquistadors espagnols aborda la côte péruvienne sous le commandement de Francisco Pizarro.
Le 16 novembre, les espagnols furent reçus à Cajamarca par Atahualpa, qui se croyait sûr sous la protection de sa grande armée. La rencontre finit dans un bain de sang durant lequel moins de 200 Espagnols vainquirent en embuscade contre plus de 4000 combattants indiens et capturèrent le chef inca.
L'empire inca qui était déjà affaibli par la guerre civile tomba aux mains des conquérants. Atahualpa paya son erreur de sa vie: Les Espagnols l'exécutèrent, malgré ses offres de grandes quantités d'or et d'argent comme rançon.
En 1606, l'explorateur néerlandais Willem Jansz accosta la côte du Queensland. Durant les années suivantes, d'autres explorateurs d'Hollande firent le voyage et la décision fut prise en 1642 par la puissante Vereenigde Oostindische Compagnie (la compagnie néerlandaise des Indes orientales) d'envoyer une expédition pour explorer cette terre inconnue.
Avant la fin du 17e siècle, les néerlandais découvrirent la Tasmanie et cartographièrent la côte ouest du continent. Mais ils perdirent alors leur intérêt pour l'Australie. Contrairement aux Britanniques qui arrivèrent en 1770 à la côte est et prirent immédiatement possession de la région au nom de la couronne britannique – et mirent ainsi en place les fondations qui permirent l'anexation par l'énorme empire colonial britannique de l'ensemble du continent.
L'Empereur français attaqua le 24 juin 1812. Sa Grande Armée composée de plus de 600'000 soldats venants de toute l'Europe franchi le Niémen et envahit la Russie. L'armée napoléonienne progressa rapidement, les Russes se retirèrent. A la mi-septembre, la Grande Armée atteignit Moscou. Mais la ville fut mise à feu dès le lendemain – contre toute attente, le tsar n'implora pas la paix.
La seule option restante fit la retraite. La Grande Armée ne comptait plus que 95'000 hommes lors de sa retraite de Moscou. La retraite devint l'un des plus grands désastres militaires de tous les temps: le 16 décembre, à peine 16'000 soldats atteignirent la frontière. Les températures glaciales, des combats dévastateurs, la faim et les maladie avaient presque réduit cette fière armée au néant.
Ce désastre à l'est scella la défaite de Napoléon. Ses alliés changèrent de camp. Il dut abdiquer en 1814 et partit en exil – et la carte de l'Europe fut réarrangée au Congrès de Vienne.
La Russie est le plus grand pays du monde, avec une superficie de plus de 17 millions de km². En 1867, l'empire Russe s'étendait sur presque 25 millions de km². Jusqu'à ce que le tsar Alexandre II, dont les caisses d'état étaient vides, passe un accord qui lui apporta un revenu de 7.2 millions de dollars, pour la vente de 1.6 millions de km² de son territoire: la Russie céda l'Alaska aux États-Unis.
Ce fut une aubaine pour les USA: ils acquirent ainsi le territoire qui constitue aujourd'hui environ un cinquième de leur superficie totale pour seulement 5 cents par hectare. L'achat était surtout dirigé envers l'Empire britannique: Les Américains craignaient que les Britanniques annexent la colonie russe; les Russes savaient qu'elle n'était pas défendable. Aujourd'hui, l'Alaska est le 49e, et de loin le plus grand, état des Etats-Unis. Il est riche en ressources naturelles et d'une importance stratégique inestimable.
Ce ne fut pas une bonne idée: l'archiduc autrichien Franz Ferdinand, héritier de la monarchie austro-hongroise, visita avec son épouse la capitale bosnienne Sarajevo, malgré la résistance croissante que les Habsbourgs y rencontraient. A peine arrivés dans la ville, Franz Ferdinand et sa femme Sophie furent victime d'un attentat. Cette première tentative échoua, mais elle bouleversa le programme de leur visite.
L'archiduc voulait rendre visite à l'hôpital aux officier blessés par l'attentat. En chemin, le conducteur pris un mauvais tournant car il suivait le chemin de la visite prévu initialement. Lorsqu'il remarqua son erreur, il s'arrêta et revint en arrière. C'est là que Gavrilo Princip les attendait, d'où il pu réaliser son attentat en tirant sur ses victimes à distance rapprochée. Ses coups de feu tuèrent Sophie et Franz Ferdinand et déclenchèrent la Première Guerre mondiale.
En janvier 1933, les nazis n'avaient pas le vent en poupe. Le parti nazi avait perdu des voix lors des dernières élections, il était pratiquement en faillite, l'arrivée au pouvoir de leur chef Adolf Hitler semblait complètement entravée. C'est dans cette situation que les secteurs nationalistes de droite amenèrent Hitler au pouvoir.
L'homme qui nomma Hitler chancelier du Reich le 30 janvier 1933 était le président grisonnant, Paul von Hindenburg, héros vénéré de la Première Guerre mondiale. Le maréchal de 85 ans méprisait ce «brigadier autrichien», mais il se laissa convaincre par son fils Oskar et l'ex-chancelier Franz von Papen d'amener Hitler au pouvoir.
Les instigateurs pensaient qu'ils pourraient garder les nazis, une minorité dans le cabinet, sous contrôle; leur stratégie était de les «encadrer». Von Papen le formula de cette façon: «Dans deux mois, nous aurons poussé Hitler au pied du mur, il en grincera.» Il en alla tout autrement: dès mars, Hitler avait saisi les pouvoirs dictatoriaux. La catastrophe suivit son cours.
En 1941, Adolf Hitler se trouvait dans une situation similaire à celle de Napoléon 130 ans auparavant: il régnait sur le continent, mais l'empire britannique lui résistait. Comme Napoléon, le «Führer» se tourna vers l'Est: le 22 juin commença «l'opération Barbarossa», l'invasion de l'Union soviétique.
Tout comme les troupes de Napoléon, l'armée allemande enregistra tout d'abord des grands succès. Mais l'arrivée de l'hiver empêcha l'offensive sur Moscou, et les soviétes ajoutèrent de nouvelles troupes de Sibérie à leur front. L'opération militaire voulue éclair se transforma en un massacre sans précédent.
Après le tournant que fut Stalingrad, l'armée rouge repoussa les troupes allemandes jusqu'à Berlin tout en entraînant des pertes effroyables. Mais Hitler n'eut pas droit à un exil napoléonien: il se suicida dans son bunker.
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