Murat Yakin vit une relation compliquée avec ses assistants, depuis qu'il est devenu sélectionneur de la Nati il y a plus de trois ans maintenant. C'était pourtant différent avant lui, parce qu'il y avait une certaine continuité. Mais aussi parce que les assistants étaient des hommes de l'ombre.
Michel Pont a été le «numéro deux» pendant 13 ans. D'abord sous Köbi Kuhn, puis sous Ottmar Hitzfeld. Mais qui a collaboré avec Petkovic? Aucune idée? Ce n'est guère surprenant. Il s'agissait en fait d'Antonio Manicone. Un homme discret, ayant eu pour seul et unique objectif de servir la Nati, sans chercher à mettre en avant ses qualités de manager ou tirer un quelconque bénéfice personnel de sa collaboration avec l'Association suisse de football (ASF).
Lorsque Yakin a succédé à Petkovic à la tête de l'équipe nationale en 2021, Manicone est parti et Vincent Cavin a été installé. La transition semblait toutefois se faire en douceur. D'un côté, un sélectionneur charismatique, figure de proue de la Nati. De l'autre, un assistant loyal et lui aussi discret. Seule différence avec l'ère Petkovic: Cavin n'était pas l'homme de Yakin, mais celui du directeur des équipes nationales Pierluigi Tami.
Tout s'est bien déroulé jusqu'à ce que Cavin décide de suivre son propre agenda. Murat Yakin, qui a un sens aigu des conflits interpersonnels, a alors attiré l'attention sur ce point en interne. Mais Cavin était l'homme de Pierluigi Tami, et le sélectionneur faisait face au même moment à une série de mauvais résultats. Nous étions à l'automne 2023. Sa position était affaiblie. Même Tami doutait de Yakin.
Une fois la tempête passée, l'ASF a affiché son soutien à Yakin, puis Cavin est parti. La recherche d'un nouvel assistant a alors commencé en vue de l'Euro. Le plan Davide Callà n'a pas fonctionné. Et c'est finalement Giorgio Contini qui a été nommé, même si ce dernier se considérait comme l'entraîneur principal et avait dans son entourage des personnes défavorables à Yakin.
Mais tout a parfaitement fonctionné entre ces deux-là. Il fallait donc s'attendre à des propositions alléchantes, et à un potentiel départ de Contini. C'est ce qu'il s'est passé en décembre, lorsque Berne a fait des avances au technicien de 51 ans.
Cela a signifié le retour à la case départ pour Yakin. Dans son analyse, il était pourtant arrivé à la conclusion que Giorgio Contini ne devait pas être remplacé. Il avait en tête une idée empruntée au sport américain, selon laquelle plusieurs spécialistes aux compétences spécifiques devaient commander l'équipe.
Très vite, des noms ont filtré pour remplacer l'homme devenu entraîneur d'YB. Celui de Callà, l'assistant du FCB, évidemment. Mais aussi celui de Stephan Lichtsteiner. Diego Benaglio a également été évoqué. Les deux derniers cités sont des grands noms du football suisse.
Toutefois, aucun collaborateur n'a été signé, alors que Contini est parti depuis un long moment. Et puisque Lichtsteiner vient de déclarer dans les colonnes du Blick alémanique qu'il n'était «pas disponible pour ce poste pour l'instant», il semble que la recherche d'un nouvel assistant soit en train de tourner au fiasco.
Pourquoi l'ancien joueur a-t-il fermé la porte? Poussé par une ambition remarquable, Lichtsteiner a eu une carrière phénoménale en tant que défenseur. Mais en tant que coach, il n'apporte qu'une expérience de six mois à Wettswil-Bonstetten (1re ligue), ainsi que deux années à la tête des jeunes du FCB. En outre, la question de la distance avec les joueurs se pose, puisqu'il a joué avec certains d'entre eux. Son engagement serait un pari risqué.
Callà, qui a le même âge que Lichtsteiner (41 ans), affiche plus de distance avec le groupe actuel, en comparaison avec le capitaine de longue date de la Nati. Il a toutefois un travail qui ne permet pas un double mandat. C'est pourquoi il n'a pas suivi Yakin il y a un an, lorsque ce dernier tentait de le recruter.
Mais ce qui était impossible hier ne semble plus l'être aujourd'hui. Le dossier Callà est loin d'être clos. Des négociations intensives sont en cours entre l'ASF et le FCB. En sondant le club, on comprend que Bâle ne veut pas se passer de Càlla alors qu'il lutte pour le titre. Mais on pourrait peut-être lui ouvrir la porte durant la fenêtre internationale du mois de mars, avant qu'il ne rejoigne définitivement la Nati en fin de saison.
Quid de Benaglio? Selon nos informations, l'ancien gardien de l'équipe nationale n'aurait jamais véritablement été envisagé pour assister Murat Yakin, alors que l'on parle aussi d'une alternative à Lichtsteiner. Nous en saurons certainement plus dans les jours à venir.