watson: Zoë Më, vous enchaînez les interviews cet après-midi, vous tenez le coup avec votre agenda chargé?
Zoë Më: Oui, ça va. Les interviews s'enchaînent depuis quelques jours, mais sinon je n'ai pas de stress particulier.
Nous allons tout d'abord parler de votre titre Voyage qui a été choisi parmi des centaines de chansons pour représenter la Suisse cette année. Lorsque vous l'avez composé, avez-vous pensé uniquement à l'Eurovision ou l'avez-vous écrit pour qu'elle vous ressemble?
Un peu des deux. Tout d'abord, j'ai été contactée pour rejoindre un camp d'écriture de la Suisa pour l'Eurovision, je savais donc que le morceau était destiné au concours. Ensuite, j'avais aussi en tête d'écrire quelque chose qui me correspond à 100% et qui pourrait paraître dans un de mes albums.
Les chansons que je préfère à l'Eurovision sont celles qui tissent un lien avec l'artiste et qui me semblent les plus authentiques.
Vous avez dit dans d'autres interviews que votre chanson parlait de douceur et de gentillesse. Vous n'avez pas peur d'être perçue comme trop candide ou trop gentille?
Pas du tout. Lorsque je dis dans la chanson que les fleurs sont plus belles quand on les arrose que lorsqu'on les coupe, c'est vraiment ma manière de voir le monde.
Je pense que le monde a besoin de bienveillance. Vous connaissez la règle, les chansons de l'Eurovision ne doivent pas dépasser trois minutes, j'avais donc peu de temps pour faire passer mon message, et la gentillesse est la philosophie que je voulais transmettre dans ce morceau.
Avez-vous lu les commentaires à propos de votre chanson sur les réseaux sociaux?
Je suis amie avec Gjon's Tears qui a fait l'Eurovision en 2021 et il m'avait conseillé de ne pas trop prêter attention aux réseaux sociaux par crainte que cela me touche. Mais lorsque Voyage est sorti, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder les commentaires.
Et alors?
Et bien, dans la bulle Eurovision, les commentaires étaient en grande majorité positifs et cela m'a rassuré. J'étais très surprise de la bonne réception de la chanson, cela m'a ému aussi. Je suis dans une bulle positive et je me sens bien. Maintenant que le concours approche, j'ai décidé de ne plus regarder les réseaux sociaux et ce qui se dit sur moi, car je dois me concentrer sur la préparation du show.
Avant que vous ne lâchiez complètement les réseaux sociaux, on voulait avoir vos impressions sur vos posts instragram. On choisit le premier et vous prenez les suivants, ça vous va?
Très bien. Je n'ai jamais fait ça, c'est une super idée.
Celle-ci est la plus ancienne de votre page Instagram, elle date de décembre 2017, vous aviez 17 ans, qu'est-ce qu'elle vous évoque?
Là, j'étais à la Gustav Academy, c'était la première fois que j'allais jouer une chanson en direct à la radio. Je me souviens très bien de ce moment.
J'ai réalisé grâce à lui que je pouvais devenir chanteuse et qu'il y avait un avenir dans cette profession.
Sept ans plus tard, vous n'avez plus de doutes?
Alors non (rires), j'assume complètement mon rôle de chanteuse. Par contre, quand je vois la photo, je me dis que je n'ai pas changé.
Vous pouvez choisir encore deux photos qui vous évoquent une étape importante de votre carrière ou qui vous plaisent tout simplement.
C'est super, je n'avais encore jamais fait ça (elle fait défiler son fil Instagram). Je vais prendre la vidéo du Montreux Jazz.
Chanter au Montreux Jazz, c'est un rêve. Le festival est connu internationalement, mais il se situe surtout en Suisse romande et en tant que chanteuse bilingue, ça me touche que le public romand vienne voir mes concerts.
Mais votre carrière, vous l'avez bâtie en Suisse alémanique?
Alors ça dépend. Je fais plus de concerts en Suisse alémanique, mais je vois l'intérêt du public en Romandie aussi. Ce qui a toujours été étonnant, c'est que mes chansons ont été, de manière générale, plus diffusées dans les radios romandes qu'alémaniques.
Vous pouvez encore choisir une troisième image.
Alors je vais choisir cette vidéo sur les behind the scenes du tournage du clip Voyage à Prague.
Le réalisateur du clip a aussi effectué celui de Nemo l'année passée. J'aime beaucoup revoir cette vidéo du tournage car elle me rappelle que: ‹ça y est, je tourne un clip pour l'Eurovision, c'est du sérieux›. Durant le tournage, il faisait très très froid et nous avons travaillé à l'extérieur pendant 16 heures. Vous voyez, ils ont même fabriqué un passage piéton.
Vous avez été impressionnée par les moyens mis en place pour ce tournage on dirait.
Oui. Je me suis dit "wahou, c'est ça les moyens de l'Eurovision". Cette vidéo nous l'avons imaginée en équipe. Elle correspond aussi à l'idée que je m'était faite de la chanson. Lorsque vous voyez que les idées peuvent être mises en scène, c'est toujours impressionnant.
Vous avez l'habitude de marier le français et l'allemand dans vos chansons, pourquoi avoir choisi uniquement le français pour votre chanson Voyage?
Le simple fait que vous me connaissiez en tant que chanteuse bilingue, c'est déjà une victoire pour moi. Cela me fait très plaisir de chanter dans les deux langues, mais ce qui m'importe c'est de rester spontanée lorsque je compose. Avec Voyage, je voulais parler de la métaphore des fleurs, apporter une image plus poétique et rester dans la douceur. Je considère que le français est plus doux que l'allemand dans sa sonorité.
Vous avez conscience que votre bilinguisme vous donne l'image de la Suissesse parfaite, vous naviguez des deux côtés de la Sarine si je peux me le permettre?
Complètement. Je suis née à Bâle, j'ai grandi en Allemagne, j'ai appris le français à Fribourg et je suis très reconnaissante d'avoir découvert le français en Suisse.
Je considère que chanter en français pour la Suisse, aujourd'hui, c'est un juste retour des choses.
Vous êtes une grande sentimentale, Zoë Më.
Oui, c'est vrai. Je peux dire que je suis quelqu'un de romantique. Je suis aussi très reconnaissante par rapport à ce qui m'arrive. Il y a quelques années, je ne savais pas qu'on pouvait vivre de la musique et aujourd'hui après beaucoup de travail, je vais chanter à l'Eurovision, je trouve ça un peu fou.